Une étude choc vient bousculer le paysage médiatique espagnol. Commandée par le Ministère de l’Inclusion, elle révèle qu’environ 46% des articles traitant des musulmans en Espagne et en Europe comportent des stéréotypes discriminatoires.
Le constat est sans appel après l’analyse minutieuse de plus de 6 200 articles sur quatre ans.
Plusieurs grands noms de la presse sont épinglés, notamment La Razón et La Vanguardia. L’agence EFE n’est pas épargnée. Le rapport pointe du doigt les amalgames récurrents entre islam et terrorisme, une tendance à présenter l’islam comme étranger à la culture locale, et une fixation excessive sur le port du voile.
La ministre Elma Saiz ne mâche pas ses mots : les rédactions doivent se remettre en question. Elle préconise notamment un meilleur équilibre dans le choix des intervenants, soulignant l’importance de donner la parole aux femmes musulmanes, trop souvent cantonnées aux clichés. Si la tendance s’améliore globalement depuis 2017, certains médias comme El Mundo nagent à contre-courant, avec une hausse des contenus problématiques.
Le plus frappant ? Quand les articles abordent des sujets positifs (25% des cas), ils sont majoritairement exempts de préjugés. À l’inverse, les sujets négatifs, qui représentent les trois quarts de la couverture médiatique, sont truffés de biais dans plus de la moitié des cas.
La rigueur méthodologique de l’étude mérite d’être soulignée. Les chercheurs ont développé une grille d’analyse détaillée qui examine six critères essentiels : la formulation des titres, l’utilisation des statistiques, le choix des images, le vocabulaire employé, et surtout la diversité des sources citées.
Un article obtient une meilleure évaluation lorsqu’il donne la parole à différents acteurs, notamment aux représentants de la communauté musulmane et aux institutions officielles. Cette approche permet une analyse objective et nuancée de chaque publication.
Cette enquête met en lumière un paradoxe : alors que d’autres formes de discrimination font l’objet d’une vigilance accrue sur les réseaux sociaux, l’islamophobie médiatique passe encore trop souvent sous les radars.
Cette initiative gouvernementale espagnole interroge sur la situation en France. Une étude similaire, commandée par les autorités françaises, serait d’autant plus pertinente que certains médias hexagonaux ont normalisé un discours hostile envers les musulmans.
Des chroniqueurs et éditorialistes multiplient les propos stigmatisants sur les plateaux télé, tandis que certaines chaînes d’information en continu font de l’islam un sujet de controverse permanent, souvent sans donner la parole aux premiers concernés ni aux experts qualifiés.
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