Pour la première fois en plus de 50 ans, le timbre de Noël allemand arbore l’œuvre d’une artiste musulmane. Mahbuba Maqsoodi, 67 ans, brise ainsi un double plafond de verre : elle est la première femme et première créatrice vivante à avoir l’honneur de décorer ce petit bout de papier depuis 1969.
Dans son atelier munichois, cette artiste afghane nous montre le vitrail de l’abbaye de Tholey qui a inspiré le timbre. « Je me définis comme musulmane et humaniste », confie-t-elle, soulignant : « Mon art s’adresse à tous, au-delà des croyances. Ce vitrail de Noël représente une lumière céleste dont chacun peut faire sa propre interprétation. C’est là toute la beauté de l’art.»
Son histoire personnelle est tout aussi lumineuse que ses créations. Professeure à Hérat, elle fuit l’Afghanistan en 1979, après l’assassinat de sa sœur par des islamistes. De Leningrad à Munich, où elle obtient l’asile en 1994, elle trace sa route à coups de pinceaux et de verre coloré.
Deutsche Post prévoit un tirage millionnaire pour ce timbre pas comme les autres. « C’est une belle reconnaissance », sourit cette artiste qui a signé des vitraux jusqu’aux États-Unis, « mais surtout un message d’espoir pour les artistes réfugiés.»
Ce choix audacieux de Deutsche Post reflète une Allemagne en mutation, où les frontières culturelles et religieuses s’estompent au profit de l’art. Le parcours de Maqsoodi, de l’Hindu Kush aux églises bavaroises, illustre parfaitement la manière dont l’art peut transcender les différences et créer des ponts entre les cultures.
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