Sous l’objectif des caméras, et alors qu’il était à la tribune en train de prononcer son allocution lors du congrès du Mouvement pour les droits et les libertés (MRF), Ahmed Dogan, le dirigeant historique du parti de la minorité turque en Bulgarie, a échappé, samedi, de justesse à un attentat spectaculaire, dont l’auteur, surgissant sur scène, a réussi à déjouer la vigilance des forces de l’ordre.
Devant un parterre médusé, Oktay Enimehmedov, 25 ans, d'origine turque, a fait soudainement irruption braquant un pistolet à gaz sur Ahmed Dogan, et tentant de tirer à deux reprises, mais en vain. Maîtrisé par des délégués du parti, l’homme, qui dit avoir voulu « effrayer » Ahmed Dogan et « acquérir quelques minutes de célébrité » selon The Guardian, a laissé une lettre à l’attention de sa mère, dans laquelle il explique son geste qui lui vaut d’être inculpé d' "hooliganisme" et de "menaces de mort".
Aujourd’hui, des voix bulgares contredisent la version officielle immortalisée en images, dénonçant un coup monté pour redorer le blason d’Ahmed Dogan et faire diversion. Ce son de cloche émane notamment d'Ivan Dikov, rédacteur en chef de l'agence Sofia News, principal organe de presse bulgare en langue anglaise, cité par The Guardian. "Le parti a beaucoup de choses à faire oublier", estime-t-il, ajoutant : "Il semble que cela soit une tentative assez désespérée de se faire passer pour une victime, de rallier quelques électeurs et de renforcer les rangs du parti".
Ahmed Dogan a, depuis, annoncé officiellement sa démission après avoir été ovationné par le public présent dans la salle, un retrait pressenti par la presse depuis un certain temps, mais sans avoir imaginé un seul instant qu’il puisse être la cible d’un attentat.
Pour rappel, en Bulgarie, pays qui fut longtemps sous domination ottomane (1396-1878), la minorité turque représente environ 10% de la population.
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