Allemagne : l’inquiétante montée du racisme anti-musulman alerte l’Institut allemand pour les droits humains

Plus de cinq agressions par jour. Le constat dressé lundi par l’Institut allemand pour les droits humains (DIMR) est sans appel. En un an, les actes anti-musulmans ont plus que doublé dans le pays, passant de 898 à 1 926 incidents recensés.

“Ces chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg”, s’inquiète Beate Rudolf. Dans les locaux berlinois du DIMR, la directrice de l’institut dévoile un rapport de 32 pages qui pointe du doigt les dérives médiatiques et politiques. “À force de généralisations hâtives, on nourrit les préjugés”, déplore-t-elle.

Le document met en lumière un autre phénomène : depuis octobre 2023 et la situation à Gaza, de nombreuses manifestations pacifiques ont été interdites sous prétexte d’être “pro-palestiniennes”. Une censure qui, selon le rapport, “étouffe des voix légitimes”, y compris celles de Juifs israéliens participant à ces rassemblements.

Cette montée des tensions n’est pas propre à l’Allemagne. À Vienne, l’Agence européenne des droits fondamentaux tire aussi la sonnette d’alarme : près d’un musulman sur deux dit avoir subi des discriminations en Europe ces cinq dernières années.

“Être musulman dans l’UE devient de plus en plus difficile”, confirme Nicole Romain, porte-parole de l’agence. Face à cette spirale, le DIMR appelle à renforcer les programmes éducatifs et la lutte contre la désinformation. Un défi de taille pour l’Allemagne, où la diversité religieuse se heurte à des préjugés tenaces.

Cette flambée d’actes anti-musulmans révèle les fragilités du modèle d’intégration allemand. Au-delà des chiffres, c’est tout un équilibre social qui vacille.

L’Allemagne, qui compte près de 5 millions de musulmans, se trouve confrontée à un paradoxe : alors que son économie dépend largement de l’immigration, les tensions identitaires s’exacerbent. La restriction des libertés d’expression, notamment autour du génocide  à Gaza, risque d’alimenter un sentiment d’exclusion déjà palpable.

Entre montée de l’extrême droite et crispations géopolitiques, le pays de Merkel, jadis chantre du multiculturalisme, peine à maintenir sa tradition d’ouverture.