Abida Sultaan, la princesse musulmane rebelle dans l’Inde britannique

La BBC a récemment dressé le portrait d’Abida Sultaan, mettant en lumière la vie hors du commun de cette princesse qui défia les normes de son époque.

Née en 1913 dans la famille royale de Bhopal, un État princier du nord de l’Inde, Abida s’est distinguée par sa volonté de briser les conventions. En plus de porter les cheveux courts, de chasser les tigres et de conduire sa propre Rolls-Royce dès son enfance, elle refusa de se conformer au purdah, une tradition qui impose aux femmes de se couvrir et de vivre à l’écart des hommes.

À seulement 15 ans, Abida a pris la tête du cabinet de son père, tout en participant aux mouvements pour l’indépendance de l’Inde. Dans ses mémoires, “Mémoires d’une princesse rebelle”, elle décrit son éducation stricte qui ne faisait aucune distinction entre les sexes, en insistant sur l’égalité et la liberté.

Mariée à un jeune âge, elle a rapidement vu son mariage échouer, une expérience qu’elle relate avec une candide lucidité, remettant ainsi en cause les stéréotypes entourant les femmes musulmanes.

Sa détermination s’est manifestée lorsqu’elle a courageusement revendiqué la garde de son fils, après une confrontation audacieuse avec son époux.

Témoin des violences après la partition de l’Inde en 1947, Abida émigra au Pakistan en 1950, où elle a continué à œuvrer pour les droits des femmes et la démocratie. Même si son influence a été quelque peu érodée par les changements politiques, elle demeure un symbole de résistance et de courage à Bhopal, où elle est encore affectueusement appelée “bia huzoor”.

Son parcours exceptionnel s’inscrit dans une lignée de femmes dirigeantes qui ont marqué l’histoire de Bhopal. Pendant plus d’un siècle, cette dynastie de “begums” (princesses musulmanes) a gouverné cet État avec une vision progressiste, encourageant l’éducation des femmes et leur émancipation.

L’héritage d’Abida, décédée en 2002 à Karachi, continue d’inspirer les nouvelles générations, bien que les tensions politiques et religieuses actuelles tendent parfois à occulter cette histoire unique de leadership féminin en terre musulmane.

.