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Une Américaine, doctorante en sciences politiques, décide de se dévoiler pour sa propre sécurité

Que peut bien dévoiler la décision de renoncer au voile prise, la mort dans l’âme et après mûre réflexion, par l’Américaine de confession musulmane, Hajer Al-Faham, doctorante en sciences politiques à l’Université Cornell dans l’Etat de New York ?

Cette tête bien faite, dont le hijab qui la couvrait depuis plus de 16 ans n’a jamais phagocyté les neurones, ni le libre arbitre, a dû constamment composer avec l’islamophobie ordinaire sévissant Outre-Atlantique, faite de petites et grandes humiliations quotidiennes, et culminant de plus en plus souvent dans la violence verbale et physique, mais sans jamais s’y habituer. Et comment l’aurait-elle pu d’ailleurs?

Aussi loin qu’elle se souvienne, même à Seattle, la ville très « progressiste » où elle a grandi, comme elle la décrit elle-même, arborer le hijab dans la vie de tous les jours n’a jamais été une sinécure, mais plutôt un véritable chemin de croix jalonné de quolibets acerbes, d’insultes ordurières, et de polémiques passionnelles attisées à dessein.

Pour cette jeune femme studieuse et brillante, promise à un beau parcours universitaire, revêtir le symbole le plus visible de l’islam dont elle savait combien il cristallise les craintes et amalgames les plus dévastateurs, traduisait son simple désir de vivre sa foi pleinement et intensément, et rien d’autre de plus insidieux ou subversif… Méritait-elle pour autant d’être injuriée dans un restaurant, de se sentir salie par des propos obscènes, d'être apostrophée méchamment dans la rue, le métro, ou encore dans un magasin, comme cela s’est produit à plusieurs reprises, et maintenant d’être livrée régulièrement à la vindicte, ainsi que tous ses coreligionnaires, par un Donald Trump qui instrumentalise l’islamophobie de manière fracassante ?  

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Non, bien sûr que non, mais telle est la sombre réalité de ce début d’année 2016. Une année charnière pour Hajer Al-Faram qui, après avoir tenté de toutes ses forces de chasser ses idées noires et de ne pas succomber à la peur, s’impliquant de plus belle dans des actions de sensibilisation pour éradiquer le fléau de l’islamophobie, s’est finalement résolue à l’impensable : ne plus porter son hijab pour sa propre sécurité.

Ce que dévoile le dévoilement révélé, avec une infinie tristesse, par Hajer Al-Faram dans le journal de Seattle, c’est un « degré d’hostilité anti-musulmans sans précédent aux Etats-Unis depuis le 11 septembre, qui se répand et monte crescendo au son de la rhétorique fielleuse et inflammable de Donald Trump », comme elle l’a expliqué en le condamnant fermement, avant de s’indigner devant la multiplication des agressions islamophobes qui ont fait notamment des victimes parmi des femmes de sa famille et de son cercle relationnel.

« Cette année ne ressemble à aucune autre, et face à un environnement de plus en plus hostile, entre ma sécurité et vivre ma religion comme la Constitution me le permet, j’ai choisi de préserver mon intégrité physique et morale contre tous les dangers qui nous guettent, en tant que musulmans américains », a-t-elle souligné, en espérant que son geste fort fera réfléchir sur le climat ambiant pollué par des démagogues de la pire espèce, et sur la violence à l’encontre des musulmans, des hispaniques, des immigrants et autres minorités ethniques légitimée par un discours politique sans fioritures et ouvertement raciste.

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