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La vague rose submerge l’Assemblée Nationale

Sièger sous la prestigieuse coupole de l’Assemblée Nationale est un parcours aux multiples méandres, et cette dernière ligne droite des législatives a été l'éclatante illustration de ses sinuosités, émaillées de psychodrames, de négociations de marchands de tapis, et de liaisons dangereuses.

Dénominateur commun des deux tours de ce scrutin, mais également de toutes les élections intermédiaires depuis plusieurs années, la désaffection des urnes a enregistré un nouveau record (environ 44%).

La vague rose s’est confirmée et submerge le temple législatif, conférant ainsi une majorité stable au tandem exécutif François Hollande et Jean-Marc Ayrault, qui a désormais les coudées franches pour appliquer sa politique et mener à bien ses réformes. En outre, tous les ministres ont réussi ce grand test électoral, donnant une raison supplémentaire de se réjouir à l'Elysée.

Selon les premières indications, le PS et ses alliés obtiennent la majorité absolue avec 343 sièges sur 577, soit nettement au-dessus du seuil des 289 sièges. Le parti EELV gagne 20 sièges, et le Front de gauche 10. L’UMP ne conquiert que 194 sièges, le MoDem  plafonne à 2 sièges, quant au FN, il ne décroche que 2 petits sièges, mais signe là son grand retour depuis 1988.

L’ombre socialiste au tableau émane de La Rochelle et de la défaite cuisante de Ségolène Royal, qui conclut une semaine houleuse, presque vaudevillesque, sous les feux médiatiques, et sur fond d’un tweet explosif de la première dame Valérie Treiweiller en faveur de la candidature de son grand rival Olivier Falorni, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n’a guère favorisé la paix des ménages…

Dénonçant une « trahison politique » en s’inclinant avec amertume devant  la victoire du socialiste dissident Olivier Falorni, ce dernier ayant résisté au diktat de son parti, Ségolène Royal a affirmé qu’elle continuerait  " à peser sur les choix de la politique nationale".

Parmi les grands battus du MoDem, François Bayrou, qui poursuivait un véritable chemin de croix,  a été désavoué dans son propre fief des Pyrénées-Atlantiques, dont il était député depuis 1986. Il connaît  là son deuxième revers fatal depuis son modeste score à la présidentielle : "Ce choix va m'entraîner à changer la forme de mon engagement" a-t-il déclaré.

Du côté de l’UMP, la tactique du « ni-ni » de second tour, en d’autres termes ni FN, ni Front de Gauche, a vu la déroute de celle qui a dit un oui massif au FN, jusqu’à parader dans le journal d’extrême droite Minute, tout en se faisant piéger en beauté par l’humoriste Gérald Dahan : Nadine Morano, pour ne pas la citer, s'est pris une claque magistrale dans son bastion de Meurthe-et-Moselle. Il ne lui reste plus qu’à se jeter dans les bras de Marine Le Pen qu'elle admire tant !

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Parmi les ténors de la droite, Jean-François Copé et François Fillon, qui se disputeront le fauteuil de la présidence de l’UMP à la rentrée, sont élus. Côté losers, on retiendra, non sans jubilation, la déconfiture de Claude Guéant, Michèle Alliot-Marie, et Eric Raoult en Seine-Saint-Denis. La radicalisation droitière de l'ère Sarkozy a du plomb dans l'aile…

 Marine Le Pen, quant à elle, rêvait d’un grand soir depuis son QG de Hénin-Beaumont, mais ce ne sera pas encore pour cette fois, d’autant plus qu’elle doit s’avouer vaincue face au socialiste Kemel. Ironie du sort, les deux candidats FN qui auront l’insigne privilège, et les avantages qui vont avec, de siéger à l’Assemblée Nationale sont Gilbert Collard, l’avocat que l’on ne présente plus, et qui n’est toujours pas encarté, ainsi que Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de Marine, la plus jeune des parachutés de la Vème République, de St Cloud à Carpentras… Du  haut de ses 22 ans, elle sera la benjamine de l'inexpérience au sein de l'Assemblée Nationale, voilà un magnifique exemple de la cooptation dynastique !

La leader frontiste prétendait incarner l'anti-système et l'anti-Sarkozysme, mais que n’a-t-elle fait là, si ce n’est singer l'ex-souverain de l'Elysée, et son fabuleux coup de pouce censé propulser son fils Jean à la tête de l’EPAD ?!

Alors que Jack Lang, un cacique inoxydable du PS, est éliminé, après avoir été catapulté en terroir inconnu Les Vosges, un nouveau visage du socialisme fait son entrée dans le saint des saints  du pouvoir législatif, faisant sauter les verrous de son conservatisme, en la personne de Razzy Hammadi.

A 33 ans, le candidat de la septième circonscription de Seine Saint Denis, Montreuil et Bagnolet, a été plébiscité par les suffrages, triomphant de ses adversaires  (dont Jean-Pierre Brard)  après une campagne particulièrement rude. Le député fraîchement élu, qui ne souhaite pas être réduit à une icône de la diversité, est toutefois l’incarnation d’un rajeunissement et d’un métissage de la représentation nationale, qui en plus du rose dominant, apporte cette nécessaire touche de pluralité dans laquelle la France d'aujourd'hui se reconnaîtra.  

"Changement de politique, ancrage à gauche, renouvellement des personnalités, mais aussi rupture avec certaines pratiques, ont été au cœur des raisons qui ont amené des milliers de montreuillois(e)s et de bagnoletais(e)s à me soutenir. Je veux vous dire ma fierté et tous mes remerciements, de me permettre d’incarner cette volonté", tels ont été les premiers mots de  Razzy Hammadi,  à l'annonce de sa victoire.

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