A qui était donc adressé l’étonnant bras d’honneur envoyé franchement et de bon cœur par Gérard Longuet, mardi dernier, à la fin de l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, alors que le générique de fin était lancé ? Ce geste grossier et incongru, digne d’un soudard, marquait-il la farouche opposition de l’ex-ministre de la Défense sous le règne de Sarkozy au mariage des homosexuels, thème du débat dont il était l’invité ?
Que nenni ! Gérard Longuet, qui n’a jamais fait mystère de son passé sulfureux au sein d'Occident – un groupe d'extrême droite, pro-Algérie française – et dont la nostalgie colonialiste ne cesse de se trahir à travers des controverses retentissantes, à l’image de celle qu’il avait déclenchée en 2010 en estimant préférable de nommer à la tête de feu la Halde une personnalité du «corps français traditionnel» et non Malek Boutih, a répondu par cette gestuelle déplacée à l’annonce par l’AFP de la demande de l’Algérie qui exige "la reconnaissance franche des crimes perpétrés par le colonialisme français".
Il fallait être dans le secret des coulisses télévisuelles pour décoder la signification de cette bravade d’une rare inélégance diplomatique, et que l’ancien ministre de l’oligarchie Sarkozyste, droit dans ses bottes, revendique fièrement : "La France n'a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation, en tout cas c'est ma conviction", a déclaré le sénateur Longuet. "Refaire l'histoire, cent quatre-vingt-deux ans plus tard, ne permet pas d'aller de l'avant. Je souhaite une relation apaisée entre la France et l'Algérie, mais cela paraît impossible si à chaque fois que l'on se rencontre, on refait le procès de la colonisation », a ajouté celui qui pactiserait volontiers avec le diable Marine Le Pen pour redessiner le paysage de la France en plus furieusement nationaliste, avec des contours anti-musulmans très escarpés…
Ce geste d’une extrême vulgarité et arrogance, qui dévalue un peu plus le niveau de notre classe politique tombé déjà très bas, surgit en plein débat sur la manière de commémorer la guerre d’Algérie, sur fond d’un déplacement présidentiel à Alger d’ici à la fin de l’année. Le Sénat s'est penché le 25 octobre sur une proposition de loi socialiste, à forte charge émotionnelle et polémique, qui ferait du 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu en Algérie en 1962, une "journée nationale du souvenir" en mémoire des victimes du conflit.
"Bras d'honneur" vers 0'35
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