L’évasion d’un prisonnier politique, comme celle d’un prisonnier de guerre, est un acte de résistance qui force le respect.
Les prisonniers palestiniens sont des prisonniers politiques, détenus par Israël en tant que puissance occupante, suivant les lois et les tribunaux militaires de l’occupation ; leur détention sur le territoire israélien est d’ailleurs contraire à la convention de Genève.
L’AFPS salue le courage des six prisonniers palestiniens qui se sont évadés de la sinistre prison de Gilboa ; l’enthousiasme unanime que leur évasion a soulevé dans toute la Palestine accompagne la réaffirmation de la dignité et de la combattivité du peuple palestinien.
Quatre d’entre eux ont été repris par les forces de répression israéliennes. Ils sont maintenus au secret et ne peuvent pas rencontrer leurs avocats. Nous craignons qu’ils ne soient soumis à des tortures de la part des forces militaires et policières israéliennes, qui en sont coutumières.
Les autres prisonniers subissent d’inadmissibles punitions collectives, notamment des déplacements massifs entre les prisons, la limitation drastique des contacts et la suspension des visites familiales et de celles de leurs avocats.
Des membres des familles des évadés ont été arrêtés et soumis à la pression des services de renseignement. Des check-points ont été dressés partout en Palestine, et la ville de Jénine a été bouclée par l’armée israélienne.
Les prisonniers politiques palestiniens doivent être protégés des risques de torture et de vengeance de la part des forces de répression israéliennes. Les punitions collectives et mesures de rétorsion, contre les prisonniers politiques et contre la population palestinienne, doivent être immédiatement levées. L’AFPS demande à la France, à l’Union européenne, aux organismes internationaux de protection des prisonniers dont le Comité International de la Croix Rouge (CICR), d’intervenir dans ce but, immédiatement et énergiquement, auprès des autorités israéliennes. Elle soutient l’appel que les ONG palestiniennes ont adressé dans ce sens aux rapporteurs de l’ONU et au CICR.
L’AFPS est pleinement engagée, aux côtés du peuple palestinien, dans la lutte essentielle pour la libération de tous les prisonniers palestiniens détenus par Israël, et pour la fin du régime d’occupation et d’apartheid qui permet leur détention. C’est une condition essentielle à toute démarche positive et sincère vers la paix.
Nous vous invitons à lire le beau poème ci-dessous : « En Palestine : quand on aime la vie, on aime la liberté !». Cette ode vibrante au courage et à l’esprit de résistance du peuple palestinien, incarnés en l’occurrence par les six évadés de la prison de haute sécurité de Gilboa (auteurs d’une échappée belle spectaculaire !), a été envoyé à Oumma par Ziad Medoukh, poète et écrivain d’expression française.
En mai dernier, nous avions recueilli son témoignage horrifié, en tant que citoyen de Gaza, alors qu’une pluie de bombes israéliennes s’abattait sans discontinuer sur la plus grande prison à ciel ouvert du monde.
En Palestine : quand on aime la vie, on aime la liberté !
Les héros de la liberté ont creusé un tunnel,
Avec une simple cuillère
Pour embrasser le soleil.
Après tant d’injustices, de crimes et fleuves de sang,
De haine envers tout un peuple.
Par des meurtriers bafouant toutes valeurs humaines
Des monstres…et dans une impunité totale.
Le chant des blessures
A mis fin à la souffrance
A soigné les plaies
A appelé à la délivrance
Du peuple d’hommes libres, malgré l’isolement.
Difficile d’être prisonnier en temps de barbarie,
Quand les arrêtés naissent, grandissent, vieillissent
dans les geôles.
Mais où est-il passé le sable de la prison de Gilboa ?
Il couvre la plage d’une légende,
Celle de la libération par évasion
De six héros de la résistance
Condamnés à perpétuité
Qui ont repoussé une montagne de décombres
Et les poussières de l’aube
Pour voir de nouveau la lune.
Un exploit qui suscite émotion et fierté
Dans toute la Palestine et au-delà.
Oui, tout est possible pour le courage Palestinien !
Ils ont supporté la douleur féroce
D’une armée qui se complaît dans les ténèbres.
Ils ont montré une patience sans relâche
Une volonté farouche.
Face au long temps d’oppression,
Ils ont surmonté la fatale meurtrissure,
les turpitudes des agresseurs,
Qui dansent comme diable sur les corps
De tous les prisonniers.
Le goût de la liberté n’a pas de prix.
Les combattants de la liberté ont quitté la mort et l’ombre
Pour la vie.
Pour l’aube prometteuse palestinienne,
Après tous ces temps de peine,
Ces interminables années cruellement imposées,
vécues dans des caveaux obscurs.
Dans des prisons éparpillées,
Même une prison à ciel ouvert
Jamais la liberté ne sera arrêtée ni emprisonnée.
Convaincu que résister est un devoir
Pour sauver sa patrie en danger de mort,
Sous le joug de l’occupant.
Convaincu que le juste combat triomphera,
Car il est invincible
Devant les geôles israéliennes, haut lieu de persécution,
La beauté de la vie engendre la soif de liberté.
Le Palestinien lutte jusqu’à son dernier souffle
Pour le premier de son enfant.
Ziad Medoukh

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