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« Islamosphère », « frérosphère »… ces notions floues et mal définies ne doivent pas servir à salir les musulmans de France

Le débat public sur l’islam et les musulmans regorge de termes abstraits, tels que « islamisme », « islamogauchisme », « frérisme », « frérosphère », « entrisme », etc.. Ces termes sont beaucoup trop flous et, de fait, sont susceptibles de créer un climat de suspicion pouvant peser sur l’ensemble des musulmans de France.

Le CFCM ne sous-estime pas les questions d’extrémismes se réclamant de l’islam, au contraire il les combat quotidiennement. Néanmoins, il estime qu’il est injuste, dangereux et contreproductif d’utiliser, dans le débat public, exactement le même terme  “d’islamiste” pour qualifier de la même manière une étudiante en médecine qui porterait un voile et un  terroriste de l’organisation DAESH.

En outre, l’absence de définitions claires de ces termes participe à leur utilisation extensive  et abusive rendant ainsi tout français de confession musulmane ou supposé comme tel victime potentielle d’un tel “étiquetage”.

Ainsi, nous avons vu récemment qu’un magistrat renommé et respecté, ancien porte parole du ministère de la Justice, a été publiquement accusé par une chercheuse du CNRS d’appartenir à la “frérosphère” tout simplement parce qu’il a incité, à travers son association, des jeunes issus des quartiers défavorisés à tenter le concours de la magistrature.

Plus généralement, des influenceurs racistes et hostiles aux musulmans profitent de toutes ces confusions sémantiques pour salir des français de confession musulmane pourtant exemplaires. Leurs déclarations et comportements prouvent qu’ils haïssent indéniablement toute situation de réussite, de visibilité, et d’engagement citoyen des musulmans de France.

De plus en plus de Français de confession musulmane ou supposés comme tels constatent, chaque jour, que le flou que contiennent certains termes participe d’une chasse aux sorcières indigne. Ils ont désormais l’impression que lorsqu’ils réussissent professionnellement et s’investissent pour le bien commun de la société française, à l’image du magistrat que nous avons cité, leur réussite dérange, et ils sont taxés de “frérisme” ou “d’entrisme”.

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D’autres ont l’impression que la pratique même de leur religion pose problème. Que pour être un “bon musulman” accepté, il faudrait cesser de pratiquer l’islam, ou du moins de s’invisibiliser complètement.

D’autres enfin ne comprennent pas pourquoi les Français de confession musulmane sont souvent vilipendés et soupçonnés de “complot”, simplement pour avoir eu une conscience citoyenne et exprimé leur soutien au peuple palestinien et à la paix ou pour leur combat contre le racisme antimusulman.

Le CFCM forme le vœu que la commission, confiée par le gouvernement au préfet Pascal Courtade et l’ambassadeur François Gouyette, puisse apporter de la pondération et de la clarté dans le débat public et prémunir notre pays d’une suspicion généralisée à l’égard des Français de confession musulmane.

Camus écrivait en 1944 dans un texte sur la Philosophie de l’expression : « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde ». Le CFCM appelle tous les acteurs du débat public à s’efforcer au langage clair sur ces questions.

Le Conseil Français du Culte Musulman
Paris, 13 mai 2024

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