Difficile de trouver les bons mots, et en l’occurrence de faire un bon mot, celui qui d’ordinaire déclenche l’hilarité générale quand il fuse de la bouche de Jon Stewart, le très populaire animateur du "Daily Show", au lendemain du carnage commis dans l’église Emanuel de Charleston par Dylan Roof, ce jeune criminel de 21 ans, suprémaciste blanc, nostalgique de l’âge d’or du Ku Klux Klan et de la ségrégation raciale de la case de l’oncle Tom!
Habituellement plein de ressources, Jon Stewart a fait tomber le masque de l’humoriste à l’ironie décapante qui, depuis plus de 15 ans, fait les heures désopilantes de la chaîne américaine Comedy Central, pour parler avec ses tripes, sans pirouette mais à cœur ouvert, au cours d’un monologue de cinq minutes qui a appuyé là où le bât blesse.
L’Amérique pétrie de contradictions, aux prises avec une violence extrême et la résurgence d’un racisme anti-Noirs en pleine cure de jouvence, n’est pas épargnée par le joyeux drille du petit écran qui appelle un chat un chat : « il s’agit bel et bien d’une attaque terroriste » et de « racisme », ce racisme qui est là comme une blessure « béante qui ne cicatrise pas et dont [les Américains] prétendent pourtant ignorer l’existence ».
Il est vrai que l’hypocrisie, traduisible dans toutes les langues, qui gouverne le monde occidental a une fâcheuse propension à qualifier de « forcené » un blanc qui commet l’innommable et de « terroriste » un musulman, même si, dans le cas présent, Dylan Roof échapperait à cette nuance sémantique puisqu’il aurait été inculpé de « terrorisme intérieur » par la justice de son pays.
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