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« Beur Academy »

« Vous êtes d’origine arabe ou africaine ? Vous avez un parcours, scolaire et/ou professionnel exemplaire (parcours politique facultatif) ? Vous prétendez être un modèle de réussite pour les gens de votre « communauté » ? Vous rêvez de prendre le petit-déjeuner chaque mercredi à Matignon ? C’est le moment de tenter votre chance ! »

Le Président est donc, paraît-il, à la recherche de ses nouveaux « divers ». Il doit faire son nouveau plan de table ; il est bien embêté pour arrêter son choix. Parce que tout le monde, bien sûr, pense d’abord à Yazid Sabeg : économiquement très bien intégré, pas trop vindicatif, et en plus il a déjà un orteil dans le château présidentiel. Oui, mais le problème de Yazid Sabeg, c’est peut-être qu’il est entré par la mauvaise porte, justement : comment se dévêtir maintenant du lourd manteau de « Mr Diversité Positive », autrement dit de la compétence d’abord ethnique, pour endosser une compétence technique… que du reste il a sûrement…. dans d’autres domaines ?

Il y a aussi Karim Zeribi, qui pourrait signer là un grand retour sur la scène politique. Son fait d’armes : avoir lancé le Parlement des Banlieues, avec Chevènement. On ne sait pas en quoi ça consiste exactement, ni ce qu’il en est advenu, mais la formule fait mouche. Le problème de Karim Zeribi, c’est qu’il a été trop longtemps absent de la scène nationale : et en politique, c’est comme dans le show-biz, les come-back sont rarement réussis.

Ah, il y a aussi Aziz Senni, le « parcours idéal » : originaire de Mantes-la-Jolie, il a su transformer à la manière d’un conte de faits républicain, des rencontres opportunes en véritables tremplins vers une « réussite » qui n’est ni politique ni économique mais au moins médiatique. En plus, il « vient » de chez Bayrou, qui lui aussi a son « stock d’arabes ».

J’ai aussi pensé au socialiste Malek Boutih, au candidat à la présidentielle Rachid Nekkaz, à l’ultra-chiraquien Mourad Gazli, au consul Zaïr Keddadouche et tant d’autres qui m’excuseront de ne pas les avoir cités.

Mais j’oubliais : ils n’ont aucune chance, de toute façon, surtout s’ils y pensent tous les matins en se rasant. J’avais oublié qu’il fallait cumuler parité et identité ! C’est donc du côté des femmes qu’il faut chercher. Des noms ? Jeanette Bougrab, par exemple. En plus d’être un pur produit de l’école et de l’élite républicaine (elle est docteur en droit de la Sorbonne, membre du Haut Conseil à l’Intégration et du Conseil d’Etat), elle jouit d’un solide réseau politique. Elle s’est déjà confrontée à la bataille de terrain en défendant les couleurs (sans jeu de mots) de l’UMP : c’était aux législatives de 2007, dans le 18ème arrondissement de Paris, qu’elle a d’ailleurs nettement perdu. Comme quoi même dans un arrondissement « d’arabes », la beuritude ne suffit pas.

Mieux encore : nos politiques aimant bien les histoires qui font rêver, et ils ont de quoi faire avec Jeanette Bougrab. Elle est issue d’un milieu populaire, elle ne cache pas la fragilité économique de sa famille, ni l’histoire douloureuse de son père harki. Bref, Jeanette Bougrab est une beurette comme on les aime.

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Le problème, on a déjà donné pour la « Cosette-Beurette » qui s’en est sortie seule et qui porte sa famille à bout de bras. Il faudrait peut-être renouveler les modèles.

Et c’est là qu’apparaît Fatine Layt, dont le nom circule déjà depuis plusieurs mois sous les alcôves du Palais ! Cette redoutable banquière d’affaires compte elle aussi un réseau solide, et symbolise à merveille l’intégration « républicaine ».

Issue d’un couple mixte franco-marocain, relativement aisé, diplômée de Sciences-Po Paris, lauréate d’un prix du Conservatoire de Paris en musique de chambre, elle ressemble à s’y méprendre…à une Française ! Cette fois, fini les récits sur le couscous de maman le dimanche ou les galères du frère RMIste ou dealer.

Fini, les fabuleux destins de maghrébines émancipées de leurs fratries et racontés par des paternalistes empressés de recueillir avec elles les lauriers de la gloire. Fini aussi cette mise en avant jouissive du parcours misérabiliste « beur » érigé en norme.

Cette fois, parce que Fatine Layt ressemble « naturellement » à une certaine élite, parce qu’elle a un parcours brillant classique, parce qu’elle connaît ses appartenances sans avoir besoin de les dire ou d’en tirer profit. Oui parce que nous le voulons bien et qu’elle le vaut bien, elle est peut-être et surement le modèle de sortie de crise de représentativité des « divers » dans notre pays. Fatine Layt est peut-être une des seules à s’être imposée dans le sérail par ce qu’elle faisait, et non pour ce qu’elle était ou ce qu’on voulait qu’elle soit. Ce n’est pas ça, le critère de compétence ?

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