Raisons purement budgétaires ou plutôt raisons bassement électoralistes, à l’approche des municipales de 2014, dans un territoire girondin conquis, lors des dernières cantonales et législatives, par la préférence nationale du FN ?
La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le maire sans étiquette d’Arveyres, Benoît Gheysens, a décidé de manière autoritaire, et sans la moindre concertation préalable, de supprimer, à compter du 1er mars, les plats de substitution proposés au menu de la cantine scolaire d’une école maternelle et primaire.
Cette mesure, tombée comme un couperet, vise nos chères têtes blondes qui ne mangent pas de porc, et a été annoncée par simple lettre aux parents d’élèves, le premier magistrat de la Cité s’évitant ainsi de devoir rendre des comptes face aux regards interrogateurs et désapprobateurs de ses administrés…
Quelque 28 élèves sont touchés par cette restriction alimentaire, et n’auront d’autre alternative que de se contenter de légumes, les jours – une ou deux fois par semaine – où le porc sera prévu.
Manquant à tous ses devoirs et rattrapé par l’ampleur d’une affaire qui défraie la chronique au-delà de son fief, le sous-préfet de Libourne l’ayant même sévèrement tancé, Benoît Gheysens campe néanmoins sur ses positions. Ce dernier martèle que les menus de substitution grèvent le budget de la commune, mais sans fournir aucun chiffre pour étayer ses dires, alors que la fronde des parents gronde à l’extérieur.
Le maire d’Arveyres agiterait-il le chiffon rouge de "l'halalisation" des cantines scolaires, une thématique instrumentalisée par tous les partis, et très chère à l’extrême droite ? On peut le supposer fortement, à l'entendre ironiser de la sorte : "il y a quelque temps, un enfant s’est régalé d’une crêpe au jambon sans se soucier de sa religion. Figurez-vous qu’il a quasiment fallu ensuite lui faire un lavage d’estomac", a-t-il lancé, sûr de son effet, pour toute réponse aux critiques.
L’incompréhension règne en tout cas dans la bourgade d’Arveyres, la décision de l’édile alimentant toutes les conversations à chaque coin de rue, dans les chaumières, et jusque dans la cour d’école. Du côté des familles musulmanes, la consternation est grande, les parents, inquiets à la perspective de voir resurgir la polémique passionnelle liée au halal, précisent que leur seule exigence était que leurs enfants puissent manger autre chose que du porc.
L’union fait la force, et à cet égard, reconnaissons au moins à Monsieur le maire d’avoir réussi un sacré tour de force : fédérer les parents d’élèves contre lui dans une pétition de protestation, signée d’une seule main par les consommateurs de porc et ceux qui n’en mangent pas…
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