Alors que l’été bat son plein, les cas d’animateurs de colonie de vacances, montrés du doigt et relevés de leurs fonctions pour cause de Ramadan, se suivent et se ressemblent étrangement, et auraient pu même franchir le palier de la descente de gendarmerie, si celle-ci n'avait pas refusé d'intervenir dans ce qui relevait à ses yeux d'un "conflit social" entre employeur et employés.
Sur la sellette, sommés de ne pas jeûner, puis suspendus sans autre forme de procès, et pour couronner le tout, criminalisés comme de vulgaires délinquants, telle est l’infernale escalade discriminatoire qui a frappé trois nouveaux animateurs recrutés par la ligue de l’enseignement de Grenoble pour encadrer le centre de vacances d’Autrans, dans le Vercors, dans la foulée des quatre jeunes gens sanctionnés par la mairie de Gennevilliers.
A la consternation générale, la radicalisation de la laïcité à la française fait la triste illustration de son enracinement dans les esprits, et de son intransigeance inouïe, flirtant avec l’arbitraire, envers l’un des cinq piliers essentiels de l’islam, et des jeunes gens entreprenants, dynamiques et pleins de bonne volonté, mis brutalement au ban de la société.
Selon une chronologie des faits désormais immuable, les trois amis ont pris leurs fonctions le 5 août dernier, leur période d'essai s'achevant le 7 août à 14 heures, et dès le lendemain, soit le 6 août, leur direction exigeait leur démission sur-le-champ après avoir appris qu'ils observaient le jeûne.
Refusant de se plier à cette injonction, ils ont été alors placés devant un impossible choix : faire le ramadan ou travailler, en d’autres termes devenir des parias ou se conformer à un diktat qui n’est certainement pas prescrit par la loi de 1905…
Ni une ni deux, le 7 août, des animateurs ont été nommés pour les remplacer, quelle belle rupture de contrat de travail, rondement menée !
Sans temps mort, un huissier leur a remis le 8 août une lettre de convocation, dans laquelle est stipulée leur mise à pied, ainsi qu'un entretien disciplinaire prévu le 20 août, pouvant déboucher sur un licenciement. Pour contourner la discrimination fondée sur un critère religieux, dont la ligue de l’enseignement de Grenoble fait l’éclatante démonstration, rien de tel que d’accuser ces trois jeunes gens de « faute grave » en vue de clore cette affaire à leur détriment. De quel côté est donc l’illégalité ?
Dans l’attente fébrile de cet entretien, les ex-animateurs, qui après l'humiliation de la sanction subissent celle de l'oisiveté forcée, envisagent de saisir la justice à l’issue de l’arbitrage rendu par leur direction.
Nous rappelons que cette année, rapports accablants à l’appui, l’Europe et notamment la France ont été épinglées par Amnesty International pour leur affligeant record en matière de discriminations anti-musulmans et exhortées à savoir raison garder par la voix du Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Nils Muiznieks, qui a récemment appelé les gouvernements européens à "renoncer aux lois et mesures visant spécialement les musulmans et interdire la discrimination fondée sur la religion ou les convictions dans tous les domaines".
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