Laissé pour mort sur le bitume du Queens, à New York, à proximité de la mosquée où il venait se recueillir tous les soirs, Mohamed Rasheed Khan, 59 ans, un musulman américain d’origine guyanaise, avait vacillé sous la pluie de coups qui lui fut assénée au visage et sur le corps avec une brutalité inouïe, gisant à côté de sa bicyclette en cette nuit funeste du 1er juin 2016.
Cet odieux passage à tabac, mû par une islamophobie furieuse, que nous avions relayé dans un précédent article, était de bien mauvais augure à l’approche de la célébration du Ramadan. Il s’ensuivit, malheureusement, un cycle de violences anti-musulmans sans précédent qui a terni considérablement le mois béni de l’autre côté de l’Atlantique.
Alors que, plusieurs jours durant, il a été dans l’incapacité de parler, d’ouvrir les yeux et de s’alimenter en raison de ses multiples fractures au visage et à la mâchoire, sans oublier des côtes fracturées et des lésions internes, source d’une grande souffrance, Mohamed Rasheed Khan, qui se remet lentement de cette terrible agression, tant sur le plan physique que psychologique, a pu enfin s’exprimer et livrer sa version des faits.
On savait déjà grâce à des témoins oculaires que ses agresseurs, au nombre de trois, étaient déchaînés, surtout l’un d’entre eux, et riaient aux éclats en le lynchant, mais on ignorait leur jeune âge qui laisse sans voix : 14 ans !
Cette islamophobie violente, en pleine cure de jouvence, fait d’autant plus froid dans le dos qu’elle a failli coûter la vie à un homme tranquille et estimé de tous, à un fidèle d’une grande dévotion qui était devenu, à son insu, une cible de prédilection pour ces adolescents mués en une meute sauvage, à cause de sa tenue traditionnelle.
Après s’être rués sur lui et l’avoir fait tomber de son vélo, au sortir de la prière du soir, ses assaillants, et surtout le plus brutal des trois, l’ont battu à mort ou presque : « Je ne respirais plus sous les coups, j’ai chuté lourdement au sol, assommé et inconscient, et si quelqu’un n’était pas venu à ma rescousse et n’avait pas appelé d’urgence une ambulance, je ne serais plus là aujourd’hui pour vous raconter ce qui m’est arrivé », a relaté avec peine Mohamed Rasheed Khan, en ne cachant pas son effarement devant la jeunesse de ses bourreaux.
Le meneur du trio infernal qui, du haut de ses 14 ans, s’acharna contre lui avec une rage décuplée croupit actuellement derrière les barreaux, accusé de « crime de haine » caractérisé.
« Chaque jour, je me rends à la mosquée en vélo et je reviens dans la nuit, jamais je n’avais été attaqué de ma vie. C’est tombé sur moi, mais cela aurait pu arriver à un autre musulman, car ce soir-là, ces jeunes étaient déterminés à nuire », a-t-il expliqué en proie à une vive émotion, alors que sa vie a été entièrement chamboulée par ce drame. Passant désormais le plus clair de son temps entre sa maison et l’hôpital, où il s’astreint à de longues séances de rééducation, Mohamed Rasheed Khan ignore quand il sera en mesure de retravailler, si tant est qu’il en soit à nouveau capable un jour.
Très éprouvés également, ses proches, et notamment son demi-frère, Komal Ramkarram, espèrent que le coupable, aussi jeune soit-il, paiera pour son crime inqualifiable, déclarant avec gravité : “Les musulmans en général sont de bonnes personnes, et même de très bonnes personnes, ce sont des gens pacifiques, ils n’attaqueront jamais quelqu’un qui ne leur a rien fait.”
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