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Mohamed Ali, un symbole vivant du lien entre l’islam et la justice

Au-delà de la légende mondiale de la boxe qu’il aura été de son vivant, Mohamed Ali restera pour des générations entières un symbole d’une cause universelle plus profonde et c’est plus à ce titre que son souvenir restera à jamais gravé dans la mémoire de la multitude. De son parcours grandiose, nous nous garderons de minimiser les qualités sportives qui l’ont hissé au sommet de la gloire. Mais son mérite n’était pas moindre quand il a préféré la condamnation à cinq ans de prison plutôt que de se rabaisser à aller faire une guerre injuste contre ses frères du Vietnam qu’il appelait les « Asiatiques noirs », une guerre qu’il avait jugé incompatible avec les préceptes de la religion musulmane qu’il venait d’embrasser.
A un moment où les sociétés et les communautés musulmanes sont travaillées par des courants intégristes et obscurantistes qui font le jeu aussi bien des pouvoirs autoritaires et corrompus qui sévissent dans le monde musulman que des courants islamophobes les plus virulents qui se cachent en Europe derrière le slogan de la laïcité pour justifier une politique d’exclusion des plus scélérates, le souvenir vivant de Mohamed Ali continuera d’illuminer telle une étoile scintillante dans la nuit le quotidien des centaines de millions de noirs et de musulmans qui doivent se battre à travers le monde pour défendre leur dignité bafouée.
La conversion de Mohamed Ali à l’islam est à elle seule riche en enseignements toujours actuels. En abandonnant son ancien nom d’esclave donné à ses ancêtres par les esclavagistes blancs pour son nouveau musulman Mohamed Ali, le grand boxeur n’a pas seulement troqué une religion pour une autre. Dans le contexte sociohistorique qui était le sien, le choix de la religion musulmane fut avant tout un choix politique dans la mesure où au contact de Malcom X, il s’était convaincu que la lutte pour la dignité des noirs fait partie intégrante de la lutte pour la justice que l’islam fait sienne au point d’en faire un des noms divins par excellence : EL HAQ.
Même dans ses expressions historiques les plus discutables marquées par le contexte tribal et patriarcal de ses conditions de naissance, force est de reconnaître que la religion musulmane a su échapper aux relents xénophobes et racistes qui ont marqué les cultures païennes grecque et romaine et les religions qui l’ont précédée. Et c’est sans doute cet aspect qui attira l’attention d’hommes comme Mohamed Ali qui étaient sensibles à la lutte contre le racisme jusqu’à en faire le point nodal de leur combat pour la justice. Mohamed Ali restera un témoin vivant du lien indissoluble entre l’islam et la justice dans la mesure où il ne s’est pas contenté de dénoncer les discriminations raciales dont étaient victimes ses frères de condition.
Il a su trouver dans l’islam de quoi dépasser les jérémiades de l’esclave impuissant. Dans le parcours du grand boxeur, la rage de vaincre alliée à la beauté du geste et à une intelligence très fine sur les rings sont autant de sujets de méditation actuels. L’islam ne cultive pas seulement la justice. Il cultive également la force et la beauté. Pleurnicher devant l’injustice n’est pas digne du musulman que sa religion invite à résister au mal par les actes et à défaut par la parole et l’intention.
La force est indispensable parce que le bien ne peut vaincre à lui seul le mal. Mais l’usage de la force a ses règles. La beauté du geste de Mohamed Ali sur les rings revêt toute une symbolique inspirée de l’islam et que les musulmans seraient bien avisés de se réapproprier. A cet égard, tout usage de la force qui viole le cadre théologique et moral formulé par les savants musulmans à partir des enseignements du Coran et de la Sunna, comme ces actes de terrorisme aveugle qui frappent les innocents de par le monde, ne peut qu’être réprouvé et condamné sans appel.
En effet, s’il est un enseignement à tirer du parcours grandiose de Mohamed Ali sur les rings c’est celui où la force physique s’allie merveilleusement à la beauté du geste et à l’intelligence calculatrice de l’effort, du temps et de l’espace. Souvenons-nous de ce jour mémorable du 30 octobre 1974 où Mohamed Ali a affronté à Kinshasa le champion du monde de l’époque George Foreman et où il dû attendre sept rounds entiers durant lesquels il a complètement épuisé son adversaire avant de l’envoyer, au huitième round, au tapis devant 100 000 spectateurs.
Contre l’injustice d’un système doté d’une force incommensurable à laquelle s’ajoutent la corruption financière et la dépravation médiatique, la colère et la vengeance, surtout quand elles sont inspirées par l’ignorance et l’obscurantisme, sont mauvaises conseillères. Le pari sur la beauté et l’intelligence n’est pas seulement susceptible de créer de meilleures conditions de résilience pour les communautés et les individus qui subissent quotidiennement des atteintes à leur intégrité et à leur dignité. Il garantira plus que tout autre pari passéiste et chimérique sur un prétendu califat à restaurer de meilleures conditions pour l’accumulation nécessaire de la force dont le bien a besoin pour affronter le mal.
 

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