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La position des Restos du Coeur au sujet de la discrimination de Nora Ait Bella

Quand le voile de Nora Ait Bella, cette mère de famille qui a été récemment exclue de la grande chaîne de la solidarité des Restos du Cœur de Toulouse en tant que bénévole, lève un coin du voile sur une laïcité dénaturée à force de s’être radicalisée, banalisant un dogmatisme guère éclairé, mais qui prétend l’être au nom de la loi de 1905.

Suite à la publication de son témoignage édifiant, qui en dit long sur le dévoiement d’une loi dont la précieuse liberté de conscience s’est réduite comme peau de chagrin, cantonnant la religion à la sphère intime pour mieux gommer une certaine visibilité musulmane, nous avons tenté à plusieurs reprises de joindre le président des Restos du Cœur, Monsieur Olivier Berthe, afin de connaître la position officielle de l’association au sujet de cette discrimination caractérisée. Le service communication des Restos du Cœur vers qui nous nous sommes tournés, visiblement embarrassé, invoque un emploi du temps surchargé.

Pourtant, l’affront subi par Nora Ait Bella, dont la bonne volonté et la grandeur d’âme ont été refroidies par un rejet exclusivement lié à son couvre-chef, sans aucun égard pour sa propre personne et sans même lui avoir proposé une alternative acceptable, aurait mérité une explication de la part d’un organisme qui oeuvre contre l’exclusion et la misère sociale grandissantes dans notre douce France, patrie des Droits de l’Homme.

En l’absence d’une parole venue d'en haut, nous ne pouvons que relayer la teneur de l’entretien téléphonique que nous avons eu avec l’une des responsables de la communication, Madame Revol, dont le premier réflexe a été de se retrancher derrière la charte éthique des Restos du Cœur.

Effectivement, à la lecture de cette charte, l’obligation de neutralité est une condition sine qua non pour entrer dans la grande famille des bénévoles des Restos du Coeur, même si aucune loi, hormis celle du 15 mars 2004 circonscrite à l’enceinte scolaire, n’interdit aujourd'hui à une femme voilée de travailler, sauf à vouloir être fonctionnaire, et a fortiori d’apporter sa contribution gracieuse pour venir en aide aux plus démunis.

Au cours de cet échange, Madame Revol a cautionné la décision du responsable de l’antenne de Toulouse à l’encontre de Nora Ait Bella, en nous indiquant que la seule solution aurait été que cette dernière retire son voile pour être admise comme bénévole, allant jusqu’à faire l’amalgame avec un « curé, ou une bonne sœur » sans faire la distinction entre une citoyenne, épouse et mère, et des religieux qui ont voué leur vie à Dieu. Preuve s’il en était besoin que le conditionnement des esprits et la stigmatisation incessante de la présence musulmane ont entraîné des confusions dommageables et irréversibles dans l'opinion, sans parler de la méconnaissance totale de l'islam.

Lorsque nous l’avons interrogée sur ce qu'il en était des signes religieux tels que la croix, notamment, la responsable de la communication nous a assuré que tous les bénévoles étaient logés à la même enseigne, et qu’aucune croix, kippa, étoile de David, ou encore main de fatma n’étaient autorisées au sein des Restos du Cœur.

Notre conversation se terminera ainsi, puisqu’à l’évocation de la législation en vigueur et de la générosité discriminée de Nora Ait Bella, Madame Revol s’est une fois encore abritée derrière la charte éthique qui a force de loi interne.

A la lumière de cet ostracisme, les mots de Jean Baubérot, historien et sociologue français, expert de la laïcité, prennent une résonance particulière et nous font mesurer combien la sacro-sainte loi de 1905 a été évidée de sa substantifique moelle par les artisans de la laïcité sectaire et foncièrement anti-musulmans, à l'image de la dernière trouvaille de Marine Le Pen qui appelait à proscrire le voile et la kippa dans l'espace public pour mieux éradiquer le… voile, comme de bien entendu !

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Par la rédaction d'Oumma.com

Extrait de l'article écrit par Jean Baubérot : "Elisabeth Badinter et la laïcité lepénisée"

"Le ver est dans le fruit dès que l’on veut réduire, au nom de la laïcité, la religion à la sphère privée, entendue comme étant la sphère « intime ». Cette position est absolument contraire à la loi de 1905 qui affirme dans son Article 1 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées [dans la loi elle-même] dans l’intérêt de l’ordre public ».

Lors des débats parlementaires sur cette loi de séparation des Eglises et de l’Etat, les députés refusèrent massivement un amendement voulant interdire le port du vêtement ecclésiastique dans l’espace public. La soutane était visée car certains la considérait comme une tenue « provocante », contraire à la « liberté et à la dignité humaine », un costume prosélyte qui rendait le prêtre « prisonnier, esclave » et le séparait des autres hommes. On avait parfaitement le droit de considérer ainsi la soutane, mais pas celui d’embarquer la laïcité dans sa vision des choses. Et Aristide Briand récusa toute législation sur ce point en déclarant : «La soutane devient, dès le lendemain de la séparation, un vêtement comme les autres ». On est dans la démarche exactement inverse à celle de Madame Badinter. Celle-ci croit que les choses ont changé à la fin du XXe siècle, elle veut oublier les députés, comme l’abbé Pierre ou le chanoine Kir, qui se rendaient à l’Assemblée en soutane.

La charte des Restos du Coeur

"Lorsque des bénévoles désirent s’investir aux Restaurants du Cœur, ils doivent s’engager autour de la charte des bénévoles et par là même respecter une totale neutralité vis à vis du religieux, du politique, du syndical, quand ils agissent au sein des Res
tos et au nom des Restos.

Les bénévoles viennent de façon volontaire et adhèrent donc tout aussi volontairement à nos règles.

Par conséquent, pour les bénévoles, aucun signe ostensible d'appartenance à un mouvement religieux ou à une formation politique, ne peut être affiché pendant l'activité de l’association et dans les locaux où se trouvent d'autres bénévoles ou des personnes accueillies.

De même, quand un bénévole représente l'association à l'extérieur (collectivité, élus, autres associations, entreprises partenaires, …), il doit respecter cette même règle. Par contre, les Restos accueillent bien évidemment toutes les personnes en difficulté, de façon inconditionnelle, sur le seul fait que la personne qui vient nous voir a besoin d’aide, peu importe son appartenance politique ou religieuse."

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