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Suisse : un tribunal administratif lève l’interdiction du voile dans un collège

Chronique de la discrimination ordinaire, au printemps 2011, dans le canton suisse de Thurgovie, situé au nord-est du pays, deux collégiennes voilées de 14 ans, originaires d’Albanie, se sont attirées les foudres de leur établissement scolaire qui, après les avoir sommées de se dévoiler, les a menacées d’exclusion au motif que le foulard islamique enfreignait le code vestimentaire en vigueur dans l’école.

En proscrivant le port du voile, l’école de Bürglen allait à l’encontre d’une recommandation générale émise, deux ans plus tôt, par le ministère de l’Education concernant les écoles du canton, et inspirée par un bel esprit d’ouverture : «Un foulard porté par une élève ne dérange nullement la classe. Il n'y a donc aucune raison de l'interdire », conseillait alors le ministère dans une circulaire pleine d'équité.

Les deux jeunes filles, soutenues par leur famille respective, ont fait appel de leur exclusion, mais elles se sont heurtées au veto du ministère de l’Education qui a rejeté leur requête en alléguant que le foulard était susceptible de semer le trouble dans un groupe. Un verdict sans appel, qui tranchait avec la tolérance dont fit preuve ce même ministère deux ans auparavant.

Loin de s'avouer vaincu, l’avocat des collégiennes a battu en brèche l’argument avancé par le ministère de l’Education, affirmant que rien ne permettait d’étayer cette théorie dans le cas précis de ces deux clientes qui, en outre, étaient assurées du soutien sans faille de nombre de leurs camarades de classe, faisant bloc derrière elles pour qu’elles aient le droit de porter le foulard.

L’arbitrage très attendu du Tribunal administratif du canton de Thurgovie a finalement donné raison aux deux jeunes filles, en levant l’interdiction du foulard islamique décrétée par l’école de Bürglen. Les juges ont en effet considéré qu’il n’existait pas de base légale suffisante pour une interdiction générale, comme le stipule l'arrêt publié cette semaine par le quotidien local NZZ am Sonntag.

Le tribunal a également estimé que cette mesure ne respectait pas le principe de proportionnalité, désavouant ainsi le Département thurgovien de l'instruction publique qui avait pleinement approuvé la détermination de l’école.  Il faut dire qu’à sa tête officie une conseillère issue des rangs de l’UDC, l’extrême droite suisse, auteur de la campagne d’affichage apocalyptique « Non à l’islamisme ! », entre autres coups d'éclat islamophobes…

Mais les deux collégiennes voilées ont eu à peine le temps de savourer leur belle victoire juridique que déjà la direction de l’école a contre-attaqué, faisant savoir qu’elle n’était pas prête à rendre les armes, et joignant le geste à la parole, a aussitôt porté l’affaire devant le tribunal fédéral. 

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