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La part de vérité de la reine noire, Leïla Trabelsi

Depuis la nuit des temps, et aujourd’hui plus qu’hier, les salauds meurent dans leur lit, quand ils ne fuient pas lâchement devant leurs juges et la noirceur de leur âme reflétée par le miroir de leurs vilénies.

Cloîtrée dans son exil saoudien doré, la sinistre régente de Carthage, Leïla Trabelsi, a, elle, choisi de s’illustrer dans le registre du marketing livresque pour sa première grande réapparition publique.  Réécrire l’histoire du printemps arabe, en plus conspirationniste et moins révolutionnaire, pour être le best-seller « putschiste » de l’été, mais aussi en plus scandaleusement victimaire pour se blanchir du sang qu’elle a sur les mains, voilà la sacrée gageure qu’elle a l’indécence de relever… Mais la reine noire ne doute de rien, et son éditeur français (éditions du Moment ) non plus !

Ce coup médiatique a trouvé son accroche qui prêterait à sourire si elle n’était aussi obscène : "Ma Vérité".  Depuis quand la vérité de la femme la plus honnie de Tunisie, dont la tyrannie mêlée d’une insatiable cupidité a mis à sac et à genoux ses concitoyens, est-elle parole d’évangile ? Depuis que l’argent sale est roi, certainement.

Pendant sept mois, Leïla Trabelsi se confiera au journaliste Yves Derai, via l'application Skype, pour donner sa version des faits qui s’éclaire à la lumière crue de la théorie du complot. Tout en jouant les épouses éplorées, qui assure n’avoir "jamais cessé d’aimer" son despote de mari, Zine El-Abidine Ben Ali, les deux faisant la paire, cette dernière insinue que des "mains secrètes" auraient tiré les ficelles de l'intrigue, et fomenté les troubles.

Et Leïla Trabelsi de pointer du doigt certains signes annonciateurs du désastre : "Parmi les signes qui auraient dû inquiéter le président : le nombre inhabituel de stages proposés par certains pays étrangers à de jeunes tunisiens dans des laboratoires où ils ont appris l'usage des blogs", écrit-elle.

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Laissant entendre que l’armée tunisienne serait responsable de la chute du régime, l’ex-coiffeuse hissée sur le trône de l’autocratie évoque également les rumeurs alarmantes de putsch propagées depuis Paris par  un "conseiller de l'Elysée" et par le directeur central du renseignement intérieur,  Bernard Squarcini,  lequel a nié tout en bloc dans un entretien paru dans Le Monde en 2011.

De révélations fracassantes en confidences sidérantes, l’ouvrage choc a beau nous inonder de ses scoops, il dissimule mal la stratégie d’image qui est à l'oeuvre pour  redorer le blason à jamais terni de Leïla Trabelsi, et qui se fait criante lorsqu'elle se décrit comme simple et charitable, évoquant des égarements pour justifier la spoliation du pays.

On ne prête qu’aux riches, mais on n’accordera plus rien à Leïla Trabelsi, déchue et démystifiée, et encore moins le bénéfice du doute, pour cette part de vérité qui exhale non pas le doux parfum du jasmin, mais des effluves pestilentielles.

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