« L’ignorance mène à la peur, la peur à la haine et la haine conduit à la violence ». A l’heure où la communauté musulmane canadienne s’apprête à commémorer le triste anniversaire de l’attentat sanglant qui endeuilla la Grande Mosquée de Québec, le 29 janvier 2017, la célèbre équation d’Ibn Rushd, alias Averroès, qui n’a malheureusement rien perdu de sa justesse, résonne tragiquement.
Deux ans après qu’Alexandre Bissonnette, un terroriste canadien chrétien et néo-fascisant, emporté par sa fureur islamophobe, a fait irruption dans l’enceinte sacrée musulmane, ne laissant aucune chance à six fidèles en plein recueillement qui ont péri sous ses balles, une Semaine de sensibilisation à l’islam se prépare au pays de l’érable, afin de dire à l’unisson : Plus jamais ça !
Sous l’impulsion de différents responsables du culte musulman et d’associations islamiques, encore hantés par ce drame épouvantable, cette grande action fédératrice, marquée du sceau du souvenir, créera des ponts entre les communautés dans les églises, les synagogues, les mosquées, les centres culturels et universitaires.
« C’est un souvenir douloureux », a confié Lina Bensaïdane, l’une des chevilles ouvrières de l’opération, la voix étranglée par l’émotion. « Cette douleur que nous éprouvons en pensant aux êtes chers qui ont été abattus froidement nous rappelle que si nous n’agissons pas concrètement pour éradiquer la haine, le risque qu’un tel drame se reproduise reste très élevé », a-t-elle renchéri.
« Les gens craignent ce qu’ils ne connaissent pas, ce qui leur est étranger », a déclaré pour sa part Ehab Lotayef, ingénieur informatique de son état et grand organisateur de l’opération, tandis que l’imam Hassan Guillet, dont le discours poignant prononcé lors des funérailles de trois des victimes musulmanes est resté dans les mémoires, a appelé à profiter de cette semaine rassembleuse pour « travailler ensemble, main dans la main ». « Les malheureuses victimes de la Grande Mosquée de Québec doivent être les dernières victimes du terrorisme aveugle », a-t-il lancé, visiblement bouleversé.
« Nous ne pouvons pas réécrire le passé, mais nous pouvons aujourd’hui, tous ensemble, écrire l’avenir », clame-t-il avec ferveur, avant de faire un amer constat que ne renierait pas Averroès : « Notre ennemi est l’ignorance, nous vivons côte à côte, mais nous ne nous connaissons pas ».
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