Lapsus de l’enfance qui n’est en rien révélateur de quoi que ce soit, ou alors seulement de l’islamo-paranoïa aiguë qui fait perdre tout sens commun et de la mesure d’une rive à l’autre de la Manche, l’expression « terrorist house » (maison terroriste) mise par erreur pour « terraced house » (maison mitoyenne) par un petit britannique de confession musulmane aura suffi à affoler une école du Lancashire et à entraîner une descente de police à son domicile, quelques jours plus tard.
Loin de relativiser cette maladresse linguistique et de la corriger avec intelligence, sans arrière-pensée, l’enseignant l’a au contraire montée en épingle, réussissant à terroriser l’enfant, resté interdit devant l’hystérie provoquée par sa faute de langage, ainsi que la direction de l’établissement scolaire qui s’est empressée de signaler « ce comportement suspect » à la police locale. Un empressement irrationnel, lourd de conséquences, qui a été encouragé par un décret gouvernemental entré en vigueur depuis juillet 2015, dans le cadre de la prévention de la radicalisation en milieu scolaire, voire dans les bacs à sable…
Très choqués par l’irruption fracassante de la police, le 7 décembre dernier, dans l’intimité de leur foyer, les parents de l’écolier restent profondément indignés par l’interrogatoire infligé à leur enfant, sans oublier le passage au crible de l’ordinateur familial. Plusieurs semaines après les faits, ils ont décidé de rompre le silence pour exiger des excuses publiques des deux institutions, scolaire et policière.
« Imaginez ce que peut bien ressentir un adulte, qui n’a rien à se reprocher, en voyant un jour débouler chez lui la police pour l’interroger sans ménagement, comme s’il était coupable, et là, il s’agissait d’un petit garçon ! », s’est exclamé, furieux, un proche cousin sous couvert d’anonymat pour protéger l’identité de son jeune parent.
« La seule et unique préoccupation de son instituteur aurait dû être de rectifier son erreur en la lui expliquant, et non d’en faire un terroriste en puissance devant ses camarades de classe. C’est honteux ! Bilan : mon petit cousin est terrifié à l’idée de retourner à l’école et d’écrire ! », a poursuivi ce dernier au micro de la BBC, en pointant du doigt les dérives désastreuses d’une lutte anti-terroriste qui, pour être préventive, commence un peu trop prématurément et de manière très contre-productive…
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