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L’enquête inédite d’Inchallah.com sur le mariage et les modes de rencontre chez les français musulmans

Bien malin celui qui parvient à échapper à la dictature intellectuelle ambiante, et à son florilège de lieux communs sur l’islam, assénés pour mieux frapper les esprits. Bien avisé celui dont le libre arbitre ne se satisfait pas du traitement passionnel de certaines thématiques, martelées avec la régularité d’un métronome pour mieux rythmer le débat démocratique.

Au hit-parade tendancieux des sujets dits sensibles, le mariage islamique figure en bonne position, exaltant la peur du communautarisme, des mariages arrangés, de la polygamie, qui elle-même entraîne dans son sillage fantasmagorique la condition féminine, dont au final Monsieur Tout-le-Monde ne retiendra que le bruit et la fureur…

Quelle meilleure parade que le baromètre d’opinion pour remettre du rationnel là où la démesure l’emporte, pour rétablir la vérité là où les clichés ont la vie dure, et pour humaniser ceux que l’on montre du doigt ? A l’heure où les sites de rencontres communautaires sont en vogue, n’en déplaise à certains élus Umpistes et Frontistes, qui mieux que le site marital musulman de renom, Inchallah.com, qui œuvre avec succès au rapprochement et à l’union de femmes et d’hommes de tous âges, partageant les mêmes valeurs morales et religieuses, pouvait initier une étude sur le mariage et les modes de rencontre chez les citoyens français de confession musulmane ?

Confiée à l’IFOP, cette enquête inédite a été réalisée par téléphone du 23 au 24 novembre 2010 auprès d’un échantillon national représentatif de 503 personnes se déclarant d’origine ou de confession musulmane, âgées de 15 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas.

Alors que la France, terre de tradition chrétienne, a assisté à la lente érosion de l’institution sacralisée du mariage, alors que l’évolution radicale du mode de vie a contribué à l’atomisation de la cellule familiale, alors qu’il est de bon ton de discréditer la spiritualité pour se prosterner dans le sanctuaire de l’ultra-laïcité, l’union officielle de deux destins est-elle toujours aussi essentielle pour les français musulmans, et représente-elle ce précieux ciment du couple qui s’est par ailleurs craquelé dans la société qui les entoure ? Quand deux cœurs vibrent à l’unisson, doivent-ils être auréolés du même halo spirituel et de pensée pour ne former qu’un ? Dans une époque en pleine mutation, le mariage musulman fait-il de la résistance à travers la survivance de ses rites ou subit-il les influences de l’air du temps ?

Autant de questions fondamentales qui arrivent à point nommé pour illustrer une réalité musulmane aspirant tout naturellement au juste milieu, entre tradition et modernité, dont une constante fait toute la singularité : l’attachement à ses valeurs intrinsèques. L’aspiration à une union intra-confessionnelle, tout comme le refus de la cohabitation hors mariage, constituent des caractéristiques majeures qui confèrent à la galaxie musulmane de France sa spécificité, l’attirant irrésistiblement vers les plateformes électroniques de rencontres communautaires pour trouver l’âme sœur.

L’enquête Ifop pour Inchallah.com : un éclairage particulièrement instructif, qui bat en brèche nombre de préjugés

– Les musulmans accordent une très grande importance au mariage et tout particulièrement à l’union avec une personne de leur confession ;

  •  Les musulmans se distinguent du reste des Français par un très fort attachement au mariage.

    Les deux tiers des jeunes Musulmans (66%) y attachent une très grande importance, soit une proportion trois fois supérieure à celle observée chez l’ensemble des Français (23%). Et dans le détail des résultats, on remarque que les musulmans y accordent à peu près autant d’importance (62%) que les musulmanes (69%).

    Cet attachement au mariage se traduit aussi par une intention de se marier plus prononcée qu’au sein de l’ensemble des Français. En effet, lorsque l’on interroge les personnes non mariées –célibataires ou personnes en couple mais non mariées –, la proportion de Musulmans (53%) certains de se marier un jour est deux fois plus élevée qu’au sein de l’ensemble des Français (23%).

    Enfin, les musulmans se distinguent du reste de la population par une vision plus précoce du mariage. En moyenne, ils situent le moment idéal pour se marier à 26 ans, soit à un âge beaucoup plus bas que l’âge idéal de l’ensemble des Français (31 ans). Les musulmans ne situent pas pour autant ce moment à un âge prématuré : à peine 5% d’entre eux le situent avant 20 ans.

  •   Les musulmans rejettent massivement la tradition du mariage arrangé mais n’admettent pas pour autant des formes de libéralisme culturel comme les relations sexuelles avant le mariage.

    Le mariage arrangé est largement rejeté par les musulmans vivant en France (83%) et ceci aussi bien par la gent masculine (75%) que féminine (92%). De même, la légalisation de la polygamie en France suscite une opposition massive des musulmans (84%), qu’ils soient pratiquants (82%) ou non pratiquants (90%).

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    Le déclin de ces traditions héritées des pays d’origine n’implique pas pour autant l’adoption des mœurs dominant en Occident. En effet, la part de personnes vivant en couple mais non mariées est plus faible chez les musulmans (8%) que chez l’ensemble des Français (14%). Et près des deux tiers des musulmans interrogés s’opposent au fait de vivre avec quelqu’un sans être marié (62%).

    De même, près des trois quarts des musulmans rejettent l’idée d’avoir des rapports sexuels avant le mariage (73%), à peine un quart d’entre eux y étant favorables. A noter que les femmes – auxquelles la norme de la virginité prénuptiale est davantage imposée qu’aux garçons – se montrent beaucoup moins ouvertes aux relations sexuelles hors mariage (16%) que les hommes (39%).

    – La majorité des musulmanes aspire à une union avec une personne de leur confession.

    Si la plupart des musulmans se disent ouverts au mariage avec une personne d’une autre culture (69%) ou d’une autre origine (80%), ils s’avèrent plus réticents à une union avec quelqu’un d’une autre religion. En effet, l’idée d’un mariage interreligieux est rejetée par plus d’un musulman sur deux (53%), soit une proportion deux fois plus élevée que chez l’ensemble des Français (29%).

    Cependant, ce respect du principe d’endogamie religieuse est beaucoup plus fort chez les femmes (74%) que chez les hommes (32%) de confession musulmane, et ceci en raison d’une norme religieuse qui impose à la musulmane d’épouser un musulman alors qu’elle autorise l’union d’un musulman avec une femme d’une des autres religions du Livre. Or, Le fait que les hommes ne soient pas soumis à cette contrainte d’endogamie n’est pas sans effet sur l’équilibre du marché matrimonial musulman.

    – Les musulmans se montrent assez intéressés à l’égard de nouveaux modes de rencontre tels que les sites internet communautaires.

    – Les sites de rencontre apparaissent plus appropriés aux musulmans que les modes de rencontre classiques comme les soirées dans les bars ou les boîtes de nuit.

    Les musulmans expriment un grand scepticisme quant à l’efficacité des modes de rencontre classiques comme les soirées dans les bars ou les boîtes de nuit. Seuls 20% d’entre eux – dont à peine 12% de femmes – les jugent appropriés pour nouer une véritable relation avec des personnes ayant la même religion que la leur.

    Les sites de rencontre sur Internet leurs apparaissent beaucoup plus appropriés pour trouver une personne de la même religion. En effet, la crédibilité de ce nouveau mode de rencontre est deux fois plus élevée (39%) dans leurs rangs que les lieux traditionnels de sociabilité nocturne (20%) comme les bars ou les boîtes de nuit.

    – La disposition à faire appel à un site de rencontre est plus élevée chez les Musulmans que chez l’ensemble des Français.

    La disposition à faire appel à un site est légèrement plus forte chez les Musulmans (19%) que chez l’ensemble des Français (14%). A noter que leur disposition est d’autant plus forte qu’ils sont âgés (13% des moins de 25 ans, 19% des 25-34 ans, 24% des personnes âgées de 35 ans et plus).

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