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La vie de Malek Bennabi (28)

A la veille de l’indépendance de l’Algérie, Bennabi rédige un texte extrêmement téméraire dans lequel il s’en prend à la fois au GPRA et à l’état-major de l’armée des frontières qui se disputent le pouvoir. Il est daté du 11 février 1962. En raison de son contenu explosif il ne sera publié qu’en 2000, lorsque le commandant Lakhdar Bouragaâ en fera paraître le contenu intégral dans une annexe de ses Mémoires édités à compte d’auteur (1).

Il était destiné au Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA) qui devait se réunir en mai 1962 à Tripoli (Libye), mais le « zaïm » à qui Bennabi l’a confié (Ben Bella) a préféré le garder par devers lui. Ce que constatant, Bennabi en remet une copie à Ammar Talbi, alors étudiant au Caire,  en le chargeant de le remettre au Dr. Khaldi à Alger pour publication. 

Il était attendu de la réunion du CNRA dans la capitale libyenne qu’elle prépare la relève de l’Etat français par l’Etat algérien, et qu’elle débatte de deux points principaux inscrits à l’ordre du jour : un projet de  programme et la désignation d’un Bureau politique. La « Charte de Tripoli », qui prévoit la mise en place d’un parti unique et l’option socialiste est votée à l’unanimité. Quant au second point, relatif à la structure du pouvoir à mettre en place, Ben Bella et Khider proposent le remplacement du GPRA par un Bureau politique composé d’eux-mêmes, Aït Ahmed, Boudiaf, Bitat, Ben Alla et Mohammedi Saïd. 

Un témoin des débats, Saâd Dahlab, écrit dans ses Mémoires : « Ce fut l’étincelle qui mit le feu aux poudres. Les passions se déchaînèrent autour de cette seule question parce qu’elle signifiait le pouvoir. Ben Bella et Khider jetaient le masque. Ils ne voulaient personne de l’ancienne équipe…» (2).

Après dix jours de discussions, les membres du CNRA n’arrivent pas à s’entendre. Boudiaf et Aït Ahmed refusent de s’allier à Ben Bella et à Khider, lesquels sont soutenus par l’état-major militaire. Benkhedda, président du GPRA, quitte Tripoli et rentre à Tunis. 

Le 30 juin, le GPRA décide de destituer et de dégrader les membres de l’état-major. Le 1er juillet, le référendum a lieu à travers le territoire national. Le 3, les troupes de l’armée des frontières rentrent en Algérie. Le 6, Ferhat Abbas se prononce contre la destitution de l’EMG. Le 11, Ben Bella rentre en Algérie par Maghnia. Le 22, il proclame à Tlemcen la formation du Bureau politique (la liste proposée au CNRA moins Aït Ahmed et Boudiaf). Ferhat Abbas le soutient et le rejoint à Tlemcen. Le GPRA est éclaté : cinq de ses membres font partie du BP (Ben Bella, Bitat, Boudiaf, Khider et Mohammedi), deux ont démissionné et se sont retirés à Genève (Aït Ahmed et Dahlab), deux autres sont restés à Tunis (Boussouf et Bentobbal), alors que Krim Belkacem s’est retiré en Kabylie. 

Le 02 août, un compromis est enfin trouvé sur la tenue d’élections pour désigner une Assemblée constituante. Boudiaf réintègre le BP. Le 03, le BP rentre à Alger. Le 21, les Oulamas proclament leur soutien à Ben Bella, suivis du Parti communiste algérien. Les wilayas sont divisées entre le soutien au GPRA et au BP. Des affrontements éclatent. On dénombre des centaines de morts. Le 20 septembre se tient l’élection de l’Assemblée nationale constituante. Le 27, Ben Bella forme son gouvernement.        

Dans son « témoignage », Bennabi proclame sa volonté de dire au peuple algérien ce qu’il sait de la Révolution et de ses dirigeants. Il commence par s’étonner de ce que des personnages (dont il cite les noms) qui avaient été proches de l’administration coloniale se soient retrouvés à la « Voix de l’Algérie », ou en charge des finances de la Révolution. Il y affirme que le peuple doit être éclairé sur les comportements et les responsabilités de chacun avant la tenue du référendum d’autodétermination. Il propose au CNRA de convoquer à Alger un « Congrès extraordinaire du peuple algérien » qui formerait des commissions chargées d’enquêter sur un ensemble de questions avant la tenue de toute élection dans le pays. Il énumère ces questions : 

 

  1. Conditions de création en avril 1955 d’une direction autonome sous le nom de Zone Autonome d’Alger (ZAA).
  2. Circonstances de la mort de Ben Boulaïd, Abbas Laghrour, Zighoud Youcef, Abdelhaï, Mostefa Lakehal, Ben M’Hidi, Amirouche… Il y voit la main de la trahison et incrimine la direction qui s’était autoproclamée en 1955, lorsque le gouvernement français cherchait des « interlocuteurs valables » hors des rangs de l’ALN pour négocier avec eux. Pour lui, même le détournement d’avion qui a permis l’arrestation des « cinq » en 1956 résultait d’une trahison.
  3. Comportement des dirigeants issus du Congrès de la Soummam face à l’édification de la « ligne Morrice » qui n’a été ni entravée ni retardée, mais au contraire accompagnée d’une accalmie sur le front intérieur. Selon lui, le Congrès de la Soummam avait été suivi d’une baisse d’intensité des combats et d’un transfert délibéré des unités combattantes vers les frontières Est et Ouest, pour « laisser souffler » les forces françaises et en prélude à l’ouverture de négociations (3). Il estime que ces unités ont été transformées en unités de parade entre les mains des « zaïms ».

 

  1. Circonstances dans lesquelles les déserteurs de l’armée française ont rejoint l’ALN et les raisons de leur nomination à des fonctions sensibles au sein de l’ALN. 
  2. Assassinat de Allaoua Amira au siège du GPRA au Caire après qu’il eut mis en cause le GPRA dans certains contacts secrets avec la France (4).
  3. Attitude des membres du GPRA envers les étudiants algériens à l’étranger.
  4. Gestion des finances par le GPRA et leur utilisation en dressant un état comparatif des dépenses effectuées au profit de l’ALN et de celles consacrées au fonctionnement du GPRA, dont les rémunérations allouées à ses membres (5).
  5. Modalités de constitution du CNRA et sa représentativité.
  6. Initiative d’engager l’Algérie dans des pourparlers au sujet du Grand Maghreb sans consulter le peuple.

Dans la lettre d’accompagnement de « Témoignage pour un million de martyrs » qu’il adresse à Ben Bella le 18 juin 1962, Bennabi demande la réunion d’un Congrès « comme celui de 1936 », c’est-à-dire regroupant le FLN-ALN, les Oulamas, l’UDMA, le PCA et même le MNA de Messali Hadj. Idée irrecevable pour ceux qui ont en main le pouvoir et qui ont déjà arrêté le principe du parti unique. 

Il ressort de cette demande que Bennabi envisageait pour l’Algérie un système démocratique fondé sur le pluralisme politique. En conclusion de son témoignage, il affirme qu’on ne peut pas s’engager dans des élections sans que le peuple connaisse la vérité sur la Révolution : « Les jours de deuil et de misère vécus par le peuple algérien pendant la Révolution ont été, pour les « zaïms », les plus beaux de leurs jours qu’ils ont passés comme les émirs arabes du pétrole dans leurs palais des mille et une nuits » écrit-il rageusement. 

Il déplore enfin qu’aucun « alem » ni intellectuel n’ait proféré le moindre mot pour condamner ces agissements ou en informer le peuple. Une telle liberté de ton pouvait faire craindre pour sa vie étant donné les mœurs politiques de l’époque. Si la lettre n’a été connue, par un public forcément restreint, qu’en 2000, son contenu est passé pour l’essentiel dans « Perspectives algériennes » et « Le problème des idées dans la société musulmane ». 

Ainsi est Bennabi : jamais il ne se tait, jamais il ne renonce à sa liberté de jugement et d’expression. Les questions qu’il a soulevées sont, on s’en doute, gravissimes et laissent clairement entendre que la Révolution algérienne a été « détournée » quelques mois à peine après son lancement. Il n’a jamais fait mystère de cette conviction. 

Le Congrès de la Soummam 

Un peu moins de deux ans après le déclenchement de la Révolution, Krim Belkacem, Larbi Ben M’hidi et Abane Ramdane s’entendent pour réunir un Congrès qui donnerait à la Révolution une organisation, une direction et un programme. Celui-ci se tient effectivement le 20 août 1956 dans un village de basse Kabylie et dure vingt jours. 

Le Congrès dresse le bilan de la Révolution, décide d’une réorganisation de l’ALN sur le modèle des armées classiques, découpe le territoire national en six wilayas, érige Alger en Zone autonome, adopte une plate-forme politique (rédigée pour l’essentiel par Amar Ouzegane, un ancien responsable du Parti communiste algérien) et désigne une direction constituée d’un exécutif de 05 membres (le Comité de Coordination et d’Exécution- CCE), et une instance politico-législative de 34 membres (le Conseil National de la Révolution Algérienne -CNRA). 

Lorsque les membres de la Délégation extérieure du FLN au Caire reçoivent les procès-verbaux et les résolutions du Congrès, ils s’aperçoivent qu’ils ont été exclus de la direction de la Révolution. Ils contre-attaquent en reprochant au Congrès de ne pas être représentatif et d’avoir « remis en cause le caractère islamique des futures institutions politiques », et en rejetant ses décisions. Quant à la composition du CCE, ils récusent la nomination de Benkhedda et de Dahlab, anciens « centralistes ». L’organisateur du Congrès, Abane Ramdane, est sévèrement critiqué. On pense qu’il veut prendre le pouvoir et écarter les « historiques » et les chefs de l’extérieur. 

La réunion au Caire du CNRA en août 1957 annule les décisions de la Soummam ; un nouveau CCE de 9 membres est désigné ; Abane est marginalisé ; on lui confie la direction du journal « El-Moudjahid ».

La proclamation du 1er Novembre 1954 avait assigné pour premier but à la Révolution « la restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ». Dans la « Plateforme de la Soumam », il est question d’ « un Etat algérien sous la forme d’une République démocratique et sociale et non la restauration d’une monarchie ou d’une théocratie révolues ». 

Deux mois après le Congrès, les quatre principaux membres de la Délégation extérieure sont arrêtés après le détournement de leur avion. Venues à l’oreille de Bennabi, de telles « nuances » et de telles « coïncidences » ne peuvent passer pour innocentes. Il y voit un plan méticuleusement préparé pour vider la Révolution de ses valeurs. Il s’insurge contre le changement introduit dans l’organisation de la Révolution qui n’est plus le « Nidham », contre la hiérarchisation des rangs des « moudjahidine », et contre l’introduction du « stimulant matériel » (les soldes). 

Quoi qu’il en soit des œuvres publiques de Bennabi, il faut dire que c’est dans ses Mémoires inédits et dans ses Carnets que nous trouvons ses véritables sentiments et pensées. Pour lui, cette Révolution était « le rugissement du lion, le mot de ralliement des compagnons de Ben Boulaïd, ces héros du 1er novembre 1954. C’était le cri qui faisait trembler le colonialisme parce qu’il se rendait compte, tant que ce cri était poussé (Allah Akbar), que la Révolution avait encore une âme. » 

Aussi allait-il s’inquiéter de voir Ben Bella d’abord, puis Abane Ramdane ensuite au Congrès de la Soummam, proposer la transformation de la Révolution en organisation classique et conventionnelle. Il allait encore davantage s’alarmer en voyant les intellectomanes (qu’il nomme) se glisser à la tête de la Révolution  Il écrit dans ses Carnets en date du 7 janvier 1959 : « La Révolution n’a plus son âme, elle est morte ; les « zaïms » ont fait des « moudjahidines » des tirailleurs ». 

Des six « historiques » qui ont déclenché la Révolution, Didouche Mourad, Mostefa Ben Boulaïd et Larbi Ben M’hidi sont morts ; Boudiaf et Bitat sont en prison ; il ne reste plus que Krim Belkacem vivant et en liberté. 

Nous le savons, toute la vie de Bennabi est un témoignage  de l’existence de forces occultes qui pèsent sur l’orientation des évènements, des idées et des choses. Comment ne verrait-il pas dans ces morts subites et ces arrestations opportunes les séquences d’un plan prémédité pour mener la Révolution algérienne dans une autre direction que celle de l’authenticité ? C’est donc presque naturellement qu’il va être de ceux qui penseront que Abane Ramdane n’était pas « net ». 

Dans « Le problème des idées », il parle de lui comme de quelqu’un dont le rôle a été néfaste à la Révolution. A l’époque où Bennabi écrivait son livre, les acteurs directs de ces évènements (Abbas, Lebjaoui, Dahlab, Benkhedda, Yacef Saâdi, Ali Kafi…) et les témoins les plus proches ne s’étaient pas encore exprimés et n’avaient pas écrit les ouvrages qu’on connaît. Les historiens comme Harbi n’avaient pas encore étalé les archives de la Révolution, ni l’administration militaire française les siennes. 

Mais Bennabi peut-il croire en d’autres grilles de lecture que la sienne, forgée dans un contexte hallucinant et basée sur des critères essentiellement idéologiques et moraux?  Abane avait des idées marxistes et laïques et ne s’en cachait pas. Mais était-il pour autant un « traître » ? Il était de caractère difficile, cassant, autoritaire, méprisant. Cela, tous ceux qui ont écrit sur lui le confirment (6). 

Khalfa Mameri raconte par le menu détail les très difficiles relations que Abane avait avec la plupart des dirigeants, à commencer par celui qui l’a recruté au PPA, Omar Oussedik, celui qui l’a nommé à la tête d’Alger, Krim Belkacem (qu’il a un jour publiquement traité d’ « aghioul » (âne)), les membres de la Délégation extérieure (surtout Ben Bella qu’il a accusé d’être un « traître ») et les colonels de la Révolution (Boussouf, Boumediene, Bentobbal, Amirouche, qu’il lui est arrivé de qualifier de « voyous »).

Il pensait qu’il était le plus qualifié pour diriger la Révolution, ce qui a suscité chez les autres prétendants une terrible méfiance à son égard. Mameri a consacré à Abane un livre extrêmement documenté et d’une grande impartialité puisqu’il n’hésite pas à s’attarder sur les zones d’ombre de sa vie qui ont justement servi à alimenter la terrible accusation qui a pesé sur lui (7). 

Saâd Dahlab qui était très proche de Abane et à qui il devait son ascension politique écrit : « Il nous mettait souvent devant le fait accompli… Rien n’irritait davantage Krim et Ben M’hidi que de le voir « jouer au chef ». 

Né en Kabylie en 1920, Abane Ramdane a fait ses études primaires dans son village natal, puis à Blida où il a obtenu en 1942 son baccalauréat, série mathématiques. Lamine Debaghine, Benyoucef Benkhedda et Saâd Dahlab qu’il désignera plus tard, le premier à la tête de la Délégation extérieure du FLN et les seconds au CCE, ont étudié dans le même établissement. Avec eux, il découvre le militantisme PPA. 

La guerre mondiale  et la situation économique de sa famille ne lui permettent pas de s’inscrire à l’université. Il est mobilisé par l’armée française et accomplit son service militaire à Fort-National (Larbaâ-Nath-Irathen), non loin de chez lui, puis dans les « Tirailleurs algériens» à Blida. Il n’ira pas sur le front et ne sera démobilisé qu’en mai 1946. 

Omar Oussedik, membre de la direction du PPA, le recrute en juin à Fort-National. Il est employé à la commune mixte de Châteaudun comme secrétaire d’octobre 1946 à octobre 1947, poste dont il démissionne (comme Bennabi vingt ans avant lui, dans la même commune).

Il devient permanent du PPA à Sétif et entre en clandestinité. Il fait partie de l’OS à sa création en 1947, mais un doute subsiste sur cette appartenance. Il est désigné responsable de wilaya en 1949. Khalfa Mameri n’a pas pu trancher entre la wilaya de Sétif, celle de Annaba et celle de l’Oranie, écrivant : « La désignation de Abane comme chef de wilaya nous pose un problème comme pour son appartenance à l’OS ». Il est arrêté en mai 1950, mais là aussi un doute existe sur le lieu de l’arrestation, « soit à Aïn Témouchent, soit à Mostaganem, sans qu’on ait pu trancher entre ces deux villes » note Mameri. 

L’auteur continue : « Un autre élément mérite d’être signalé. Ses parents nous ont indiqué que son père recevait de son fils une contribution financière évaluée à 15.000 francs de l’époque… Cela est-il vraisemblable ? Il n’est pas facile de trancher. Surtout en matière de périodicité. Car il est tout à fait possible que Abane Ramdane, qui n’a pas dû toucher, au début, plus de 5 à 6000 francs, comme simple permanent du PPA-MTLD, ait pu gagner autour de 15 à 20.000 francs comme chef de wilaya. » 

L’OS est découverte en mars 1950. Il est arrêté en mai et incarcéré à Bejaïa où il se lie à un gardien de prison juif, Atlan (8) « particulièrement bien disposé à l’égard de son prisonnier » selon Mameri. Abane est « interrogé par les trois commissaires principaux d’Algérie : celui d’Oran, celui de Constantine et celui d’Alger, un certain Costes qui aurait dit à la suite de l’interrogatoire que son détenu « a l’étoffe d’un chef et peut devenir une grande personnalité ». Son avocat est Abderrahmane Kiouane, membre du comité central du MTLD et ami de Benkhedda. 

Abane est jugé en février 1951 et condamné à cinq ans de prison, dix ans d’interdiction de séjour, dix ans de privation des droits civiques et 500.000 francs d’amende. Il est transféré à Alger (Barberousse-Serkadji). Après une mutinerie, il est renvoyé à la prison de Bejaïa. Début 1952, il est transféré en France où il va se retrouver seul dans une prison d’Alsace. Là, il entame une grève de la faim qui durera 33 jours et arrive à faire sortir de prison une lettre destinée à ses compagnons de militantisme où il dénonce ses conditions de détention et où il dit : « Vous n’avez pas à rougir de nous. Nous n’avons jamais failli à notre devoir. Notre seul but, c’est de sortir et de reprendre la lutte, plus implacable que jamais. » 

A la suite de la médiatisation de cette lettre, le directeur de la prison est démis de ses fonctions et Abane transféré dans le Sud de la France avec le statut de détenu politique. Il reçoit du courrier qui l’informe sur tout ce qui se passe au sein du PPA-MTLD alors en pleine crise. A l’automne 1954, et alors que la Révolution vient de commencer, il est ramené à Alger (al-Harrach). 

En janvier 1955, il est libéré cinq mois avant l’expiration de sa peine. Mameri écrit : « Comment ne pas être surpris par une libération qui intervient juste au moment où l’Algérie commence à s’embraser… ? Ce n’est pas l’assignation à résidence de Abane, obligé de pointer une fois par semaine auprès de la gendarmerie de Fort-National, qui va l’empêcher d’entrer à son tour dans le combat libérateur auquel, au fond, il avait toujours voulu prendre part sans en rencontrer l’occasion. » 

Il rentre chez lui à Azouza. Une semaine après, il est contacté par Slimane Dehilès et Amar Ouamrane, futurs colonels de la Révolution, mandatés par Krim Belkacem qui lui offre de devenir l’adjoint de Bitat pour l’information et la propagande dans l’Algérois. 

Début mars 1955, Abane rejoint Alger où il est logé chez des militants. Bitat est arrêté au cours du même mois. Krim et lui ont failli être arrêtés en même temps que Bitat, tous trois ayant été manipulés par un traître qui les a attirés dans un traquenard tendu par la police. A la dernière minute, Krim et Abane ne se sont pas présentés au rendez-vous fixé dans la Casbah. 

Khalfa Mameri écrit : « Le voici donc par le double effet du hasard et de la nécessité, destiné à assumer la plus grande responsabilité. On glosera à l’infini sur les circonstances de cette ascension. L’a-t-il voulue, s’est-il imposé, l’a-t-on imposé, que se serait-il passé si Bitat n’avait pas été capturé ? Y avait-il quelqu’un d’autre pour succéder à ce dernier, tel par exemple Souidani Boudjemâa qui était son adjoint? Autant de questions qui peuvent venir à l’esprit mais qui n’ont plus guère d’intérêt aujourd’hui car dès le jour de l’arrestation de Bitat, Alger s’est vue littéralement prise en main par un homme d’une rare envergure». 

Abane n’est pas favorable à l’action militaire à Alger, et se méfie des groupes formés par Yacef Saadi et Mokhtar Bouchafa. Il prend le titre de « Délégué national du FLN » et s’attelle à rallier toutes les forces politiques (« Centralistes » du MTLD, Oulamas, partisans de Ferhat Abbas, communistes…). Il suscite la création des grandes organisations nationales (commerçants, travailleurs, étudiants…), passe commande à Moufdi Zakaria de l’hymne national… 

C’est ce qui lui sera reproché, notamment par le colonel de la Révolution Ali Kafi, futur membre du Haut Comité d’Etat (1992-1994) qui l’accusera dans ses Mémoires d’avoir favorisé l’avènement des partisans de Ferhat Abbas et des « Centralistes » à la tête de la Révolution, et d’avoir dénaturé son esprit pour mieux négocier avec la France.  D’après lui, Amirouche a établi la preuve que Abane entretenait des relations secrètes avec les Français (9). Ces éléments et ces arguments ont dû entrer en ligne de compte dans le jugement de Bennabi.

Khalfa Mameri leur oppose une réponse : « Le rassemblement des forces nationales dans le combat libérateur ne s’est pas fait sans mal. Il s’est inscrit sur un fond de crise sans précédent qui n’a pu être résorbé, et dans une longue tradition de déchirements et d’ostracisme entre les diverses formations politiques. La querelle est loin d’être close. Aujourd’hui encore, bon nombre d’Algériens, témoins de l’époque, admettent difficilement l’intégration individuelle des cadres et militants des formations traditionnelles au sein du FLN du temps de guerre. A les entendre, la Révolution a été contrariée dans sa course par les éléments modérés qui n’y croyaient pas. Plus encore, ils l’auraient indirectement combattue, retardée ou affaiblie en laissant croire aux autorités coloniales qu’une solution de type « troisième force » était possible… La reconversion tardive de ces éléments modérés à la Révolution a toujours été suspecte aux yeux de ceux qui professent leur hostilité au rassemblement opéré… Qu’on leur ouvre les portes de la Révolution, c’était déjà énorme. Qu’ils deviennent des chefs, c’était déjà trahir en quelque sorte cette même révolution… C’est ce qui sera reproché à Abane Ramdane. » 

Notamment par Bennabi. 

Lors de sa rencontre avec Ferhat Abbas en février 1956, rapporte ce dernier, Abane lui dit : « Le FLN n’appartient à personne, mais au peuple qui se bat. L’équipe qui a déclenché la Révolution n’a acquis sur celle-ci aucun droit de propriété. Si la Révolution n’est pas l’œuvre de tous, elle avortera inévitablement… Personne n’a le droit de vous juger. Il y a place pour tous dans cette guerre de libération… Votre adhésion au FLN donnera un élan aux forces populaires ». 

Le rencontrant une deuxième fois deux mois plus tard et alors que Ferhat Abbas, âgé de 57 ans, s’apprête à quitter l’Algérie pour le Caire, Abane, qui n’en a que 36, lui tient ce langage dans lequel se serait reconnu Bennabi : « Il ne faut permettre à personne de s’identifier avec la Révolution ou de la personnifier. Celle-ci doit rester l’œuvre exclusive du peuple souverain. Sinon, ce peuple passerait d’une colonisation à une autre colonisation, d’une servitude à une autre servitude. » 

Quelle signification accorder à ces propos ? Conscience du mal que pouvait constituer le « zaïmisme », tactique pour décrédibiliser « ceux de l’extérieur»? Trancher serait verser dans le procès d’intention.  

De son côté, Abane reprochait à la Délégation extérieure, avant qu’il ne la remanie, de ne pas alimenter les maquis en armes, et à ses membres de s’être arrangés pour se mettre en lieu sûr après avoir « allumé la mèche ». Mais lui-même, ainsi que les autres membres du CCE, ne vont pas tarder à quitter le front intérieur pour se réfugier à l’extérieur après l’arrestation de Larbi Ben M’hidi et ce, en violation des décisions du Congrès de la Soummam qui avait consacré la primauté de l’intérieur sur l’extérieur. 

Yacef Saâdi, qui dénie au CCE tout rôle dans la « Bataille d’Alger », est ulcéré quand il apprend leur décision de quitter le territoire national : « Ils ont choisi, à la faveur ou à cause de la grève, de prendre leurs jambes à leur cou et déserter le champ de bataille… Moins brillant qu’à son arrivée de la Soummam, le CCE était reparti en baissant la tête… Le précédent créé par le CCE se traduira par deux conséquences majeures : primo, à partir de cette date, des milliers d’Algériens fuyant la guerre, n’essaieront même pas de justifier leur acte auprès du FLN de l’intérieur… A l’abri de la frontière tunisienne et marocaine, on tentera de former avec les meilleurs d’entre eux ce qu’on appelle « l’armée des frontières » ; secundo, s’il est un homme dans l’histoire récente de notre guerre de libération qui perdra tout son poids à cause de ce départ irréfléchi à l’étranger, c’est bien Abane Ramdane qui, de chef de gouvernement révolutionnaire bénéficiant de la quasi-totalité des prérogatives pour conduire la guerre à bon port, est relégué au niveau de directeur de journal » (10).

Un des membres du CCE, Benkhedda, reconnaîtra quarante ans plus tard que la plus grande erreur de la Révolution a été de transférer à l’étranger sa direction : « Il s’est formé une bureaucratie politique et militaire coupée de l’intérieur et de ses réalités quotidiennes, qui a ouvert la voie à l’arrivisme, à l’opportunisme, au népotisme, et dont l’origine remonte à la sortie du CCE en 1957, une décision lourde de conséquences… C’est cet appareil forgé à l’extérieur qui prendra le pouvoir en 1962 et confisquera la Révolution à son profit. Beaucoup plus que pour le GPRA, l’état-major général siégeant à l’extérieur a été une aberration. L’ALN a été divisée en deux : celle des deux frontières, et celle de l’intérieur, séparées l’une de l’autre par la ligne Morrice » (11).

Le 27 décembre 1957, quelque part à Tétouan, au Maroc, Abane Ramdane, attiré dans un guet-apens, est assassiné par ses pairs du CCE. Plus tard, Ferhat Abbas mettra cet assassinat sur le compte de « la haine que les analphabètes vouaient à ceux qui savaient lire et écrire. La jalousie et l’envie ont été les deux maladies de l’insurrection algérienne… Au cours de son histoire, le Maghreb a toujours décapité la société en supprimant ses élites pour recommencer du début. C’est pourquoi il a stagné sans jamais progresser » (12). 

Avant d’être tué, Abane aurait été jugé en son absence, selon le témoignage de Krim Belkacem. L’accusation retenue contre lui aurait été de s’être livré à un travail fractionnel et d’avoir comploté avec un commandant de l’ALN pour renverser le nouveau CCE (13). 

Les négociations 

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On a reproché à Abane Ramdane d’avoir voulu très tôt négocier avec les Français. Comme dans tout conflit, la négociation était souhaitée et recherchée des deux côtés ; seuls les préalables et les conditions différaient. Le principe de la négociation et son objet ont été clairement posés, avant même le déclenchement de la lutte armée, dans la « Proclamation du 1er novembre 1954». 

C’est ainsi que dès janvier 1955 Vincent Monteil, chef de cabinet militaire du gouverneur général Jacques Soustelle, rencontre dans sa cellule Mostefa Ben Boulaïd arrêté depuis quelques jours, et Kiouane et Benkhedda détenus à la prison Barberousse. En juin, Ferhat Abbas propose à Abane Ramdane, en présence du colonel Amar Ouamrane, de prendre des contacts à Paris où il devait se rendre pour « essayer d’arrêter cette guerre qui va être catastrophique pour tout le monde. M’autorisez-vous à contacter les responsables français pour une éventuelle négociation ? » Abane lui répond : « Vous avez notre accord, à la condition que la négociation passe par le FLN ». 

A Paris, Abbas rencontre tout le spectre de la politique française (Borgeaud, Mendes-France, Michelet, Hamon, Pineau, le maréchal Juin, le président Reynaud, Pleven, Viollette, Schumann, Debré, Soustelle, Faure, Bourgès-Maunoury, Mitterrand, etc), mais ne perçoit aucune volonté pacifique du côté français où, au contraire, on se prépare à la guerre totale. 

Deux mois plus tard éclatent les évènements du 20 août à Skikda qui se soldent par la mort de 72 Européens et le massacre de 12.000 Algériens. Bendjelloul, dont le frère a été exécuté par les colons à Oued Zenati (Est algérien), déclenche la « Motion des 61 » (élus algériens) par laquelle ceux-ci condamnent la répression française et refusent de servir plus longtemps de faire-valoir à la politique d’intégration. La France n’a plus sur qui compter. Elle a désormais contre elle tous les Algériens. A Alger, Mohamed Lebjaoui rencontre secrètement Jacques Chevalier, maire d’Alger (14). Soustelle confie à Massignon fin novembre 1955 : « Messali est ma dernière carte » (15).

En février 1956, le socialiste Guy Mollet forme un nouveau gouvernement. Il se rend en Algérie où l’atmosphère le convainc vite que la recherche de la paix est hors de question pour les Français d’Algérie. Les « pouvoirs spéciaux » sont votés en mars pour « mater la rébellion ». Une nouvelle rencontre a lieu à Alger entre Abane Ramdane et Ferhat Abbas, accompagné de Boumendjel. Il leur demande de dissoudre l’UDMA et de rejoindre au Caire la Délégation extérieure du FLN.

Au mois d’avril, le parti socialiste français (SFIO) au pouvoir délègue George Gorce au Caire pour prendre contact avec Mohamed Khider, puis Pierre Commin en Suisse pour rencontrer Abdelhafid Boussouf. A Alger, Abane et Benkhedda reçoivent l’avocat Charles Verny, un proche de Mendès-France, en présence d’André Mandouze. En juillet, août et septembre, de nouvelles rencontres ont lieu à Belgrade et à Rome entre des envoyés algériens et français, mais sans aboutir à quoi que ce soit. Les contacts cessent avec le détournement de l’avion transportant les leaders algériens en octobre 1956 (16). 

Ils ne reprendront qu’une année plus tard par le biais de Jacques Chevallier, Jean Amrouche, Olivier Guichard, Abderrahmane Farès et Ferhat Abbas, mais sans influer sur le cours des évènements (17). Plus tard, Ben Bella confiera à son biographe Robert Merle : « Nous étions entrés en contact depuis un an avec le gouvernement du président Guy Mollet pour tenter de mettre fin à la guerre d’Algérie par un accord négocié. Il y eut cinq rencontres : une au Caire, deux à Belgrade et deux à Rome. Le dernier rendez-vous a occupé une partie importante de septembre 1956 » (18).    

Rappelé aux affaires en juin 1958, le général de Gaulle entrouvre discrètement la porte des négociations tout en mettant l’accent sur l’effort militaire. Georges Pompidou, Edmond Michelet, Robert Buron, René Brouillet, Abderrahmane Farès et Jean Amrouche seront ses envoyés et ses intermédiaires de confiance. Mais les conditions qu’il met à l’aboutissement des négociations sont inacceptables pour les Algériens. 

Il lance l’idée de « paix des braves ». Le GPRA, présidé par Ferhat Abbas, repousse l’offre et appelle à la « lutte à outrance ». Entre-temps, le gouvernement français n’a pas renoncé à chercher une « troisième force » pour contourner le FLN et l’ALN. Ce n’est qu’après une autre année de durs combats que de Gaulle proclame le 16 septembre 1959 son intention de recourir à un référendum sur l’autodétermination de l’Algérie, mais sans le Sahara.

Des troubles, provoqués par les partisans de l’Algérie française, éclatent en Algérie et en France. L’armée exprime son mécontentement. Le GPRA répond le 29 septembre à Tunis que le référendum doit se tenir après le départ de l’armée française et que le Sahara fait partie intégrante de l’Algérie qui n’envisage que l’indépendance. Le 14 juin 1960, de Gaulle vise pour la première fois les « dirigeants de l’insurrection » et déclare : « Nous les attendons ici pour trouver avec eux une fin honorable aux combats ». 

Le GPRA accepte l’offre et délègue à Melun Ahmed Boumendjel et Mohammed Benyahia. Ils ont en face d’eux le général Robert de Gastines, le colonel Mahon et Roger Moris. Après quelques jours de discussions, la France décide d’arrêter les pourparlers, n’ayant pu faire accepter ses préalables (dépôt des armes) à la partie algérienne. 

A la fin de l’année éclatent les manifestations des 10 et 11 décembre où la population algérienne déferle dans les rues pour adresser un message clair à de Gaulle en tournée en Algérie. Des centaines d’Algériens sont abattus par l’armée dans plusieurs villes. De Gaulle comprend enfin qu’il ne peut plus rien pour le maintien de la France en Algérie. 

L’ONU vote une résolution en faveur de l’autodétermination du peuple algérien. Le 08 janvier 1961 se tient le référendum espéré d’un côté et redouté de l’autre. Une majorité de Français de France répondent « Oui » à l’autodétermination, tandis que 72% des Français d’Algérie se prononcent par « Non ». 

En février 1961, une nouvelle rencontre a lieu à Lucerne entre Boumendjel et Boulahrouf d’un côté, et Georges Pompidou de l’autre. Les négociations progressent pour la première fois. De Gaulle décide d’une trêve unilatérale. Une organisation terroriste, l’OAS, fait son apparition et se lance dans une vague insensée d’actions terroristes en France et en Algérie. Des généraux français sont impliqués dans sa mise en place et sa direction. En mai, un nouveau round de négociations est lancé à Evian dont le maire, Camille Blanc, est aussitôt abattu par l’OAS. 

La délégation algérienne est conduite par Krim Belkacem et comprend Ahmed Francis, Ahmed Boumendjel et deux officiers de l’ALN. Après trois semaines de tractations, les négociations continuent de buter sur l’intégrité du territoire algérien ; elles reprennent fin juillet à Lugrin. 

En août, le GPRA est remanié ; Ferhat Abbas est remplacé par Benkhedda. En octobre, de Gaulle déclare qu’il accepte les conditions algériennes : autodétermination, indépendance, intégrité du territoire. En février 1962, les rencontres reprennent aux « Rousses ». Elles aboutissent le 18 mars 1962 aux fameux « Accords d’Evian ». 

Le cessez-le-feu entre en vigueur le 19 mars. Le 07 avril, un « Exécutif provisoire », dirigé par Abderrahmane Fares est créé à Boumerdès. Le 08, un référendum approuve les Accords. Le 03 juillet, l’indépendance de l’Algérie est proclamée, le drapeau algérien hissé et celui de la France ramené.                                                                                                         

(A SUIVRE)

NOTES :

 « Chahid âla ightial ath-thawra » (« Témoignage sur l’assassinat de la Révolution »), Ed. El-Oumma, Alger 2000. 

2 Saâd Dahlab : « Mission accomplie », Ed. Dahlab, Alger 1990.

3) B.Stora et Z.Daoud ont fait état dans leur livre collectif d’un rapport des Renseignement généraux français du 18 décembre 1956 où il est écrit: « Un groupe prend, petit à petit, une influence importante dans le FLN métropolitain. Il comprend un groupe d’intellectuels, anciennement membres de l’UDMA, qui ont suivi Ferhat Abbas lorsque celui-ci, au Caire, a rallié le FLN. Il a à sa tête Boumendjel, avocat à Paris et conseiller de l’Union française, Yalaoui, employé d’assurances, et quelques Français musulmans, médecins, pharmaciens, membres du corps enseignant, récemment venus d’Algérie. Ce groupe est en contact avec un autre groupe par l’intermédiaire des étudiants avec lesquels il possède des affinités de pensée fort compréhensibles, mais les véritables chefs de la Fédération de France du FLN lui gardent une suspicion marquée du fait que ses membres appartenaient hier encore à un parti dont les connivences avec l’administration étaient trop connues. » Ibid.

4) Membre de la représentation du FLN au Liban, Allaoua Amira est reçu au siège du GPRA au Caire. Accusé d’avoir tenu des propos désobligeants à l’égard des membres du GPRA, il a une altercation avec Ferhat Abbas qui le gifle. 48 heures plus tard, il est retrouvé mort près du siège du GPRA. La police égyptienne qui ouvre une enquête découvre dans sa serviette (« entre les pages de mon livre « L’Afro-Asiatisme » écrit Bennabi dans ses Carnets), des documents qu’elle confisque. 

5) Benkhedda a publié ces comptes pour la période où il était à la fois président du GPRA et ministre des finances : « Du 24 septembre 1961 au 30 juin 1962, le GPRA a versé aux différents départements du FLN et de l’ALN la somme de 12 milliards environ. La répartition de cette somme s’est faite dans les proportions suivantes : 

Etat-major général : 45,81%

Ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG) : 25%

Ministère de l’intérieur : 16%

Les wilayas : 7,30%

Ministère des affaires étrangères : 1,95%

Ministère de l’information : 0,80%

Présidence du GPRA : 0,20%

S’agissant du fameux « Trésor du FLN », Benkhedda écrit : « Lorsque le Bureau politique prit la succession du GPRA en août 1962, la responsabilité des finances fut détenue par le secrétaire général et trésorier du FLN, Mohamed Khider, à la suite d’un ordre donné par moi-même aux différents établissements bancaires chargés des opérations financières du GPRA. Khider a disposé alors des avoirs déposés dans les banques suisses et autres, évalués à près de six milliards de francs dont 4,7 en devises fortes » (cf. Benyoucef Benkhedda : « L’Algérie à l’indépendance : la crise de 1962». Ed. Dahlab, Alger 1997). Khider a été assassiné le 3 janvier 1967 à Madrid.

 

6) Notamment : 

Saad Dahlab :op.cité.

Benyoucef Benkhedda : op.cités.

Ferhat Abbas : op.cités. 

B.Stora et Z.Daoud : op.cité.

Amar Hamdani : « Krim Belkacem, le lion des djebels », Ed. Balland, Paris 1973. 

Yacef Saâdi : « La bataille d’Alger » (trois volumes), Ed. Casbah, Alger 1997. 

7) Cf. « Abane Ramdane, une vie pour l’Algérie », Ed. K.Mameri, Alger 1996. 

8) Existe-t-il un lien entre cet homme et le peintre de Constantine du même nom que Bennabi et Ben Saï ont fréquenté à Paris dans les années 1930 ? Celui-ci, Jean-Michel Atlan (1913-1960) était connu pour son intérêt pour l’ésotérisme qui s’est reflété dans sa peinture.

9) Cf. « Mémoires du président Ali Kafi » (en arabe), Ed. Casbah, Alger 1999. 

10) Cf. Yacef Saâdi : « La bataille d’Alger », T.3, Ed. Casbah, Alger 1997. 

11) « La crise de 1962 », op.cité.

12) F.Abbas : « L’indépendance confisquée ».

13) Cf. Amar Hamdani : « Krim Belkacem, le lion des djebels », op.cité. 

14) Cf. Mohamed Lebjaoui « Vérités sur la Révolution algérienne », Ed. Gallimard, Paris 1970. 

15) Cité in C.et F. Jeanson, « L’Algérie hors-la-loi », Ed. du Seuil, Paris 1955.

16) L’organe de l’Association des Oulamas publie le 20 janvier 1956 un communiqué où on peut lire : « L’Association des oulama algériens félicite les peuples marocain et tunisien pour leur noble combat contre le colonialisme et l’impérialisme ; proclame que l’ordre colonialiste est le seul responsable des malheurs dévorant ce pays depuis 1830 : réclame l’indépendance de l’Algérie dans le respect des intérêts de tous et la conservation des droits de chacun, et engage le gouvernement français à négocier dans cette intention avec les représentants authentiques du peuple algérien. »

Un peu plus tard, l’Association précisera encore davantage sa position : « Les combats ne cesseront que si l’Algérie devient une nation libre, le gouvernement français s’engageant à respecter les aspirations du peuple algérien à la dignité et à l’indépendance. Le dialogue devra s’engager avec les combattants qui supportent tous les fardeaux, ou avec leurs représentants légitimes. Aujourd’hui, la parole est à ceux qui combattent, et non à ceux qui fréquentent les salons. » En avril, le journal « Al Basaïr » est suspendu par les autorités coloniales. 

17) En juin 1957, Germaine Tillon est à Alger pour une mission de bons offices et est reçue par Yacef Saâdi, Ali la Pointe et Zohra Drif.Yacef Saadi en informe le CCE à Tunis. L’émissaire qu’il a chargé de cette mission sera « retourné » par les services français et sera à l’origine, avec un autre traître, du démantèlement des réseaux d’Alger, de l’arrestation de Yacef Saâdi et de la mort de Ali la Pointe, Hassiba Ben Bouali, « Petit Omar », Ramel et beaucoup d’autres glorieux combattants de la « Bataille d’Alger ».  

18) Cf. « Ahmed Ben Bella », Ed. Gallimard, Paris 1965.

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