Entre conseil feutré et recommandation pressante, la requête diplomatique émise par Alain Juppé, ministre des Affaire étrangères, à l’adresse de l’Algérie, revêt un caractère impérieux qui semble obéir aux vieux réflexes autoritaires entre anciens dominants et dominés.
A quoi évalue-t-on l’indépendance réelle, et non fictive, d’un pays ? A sa nature conciliante et docile quand la France lui demande vivement de célébrer « dans la modération » son cinquantième anniversaire d’indépendance… Lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale, Alain Juppé a évoqué le pacte scellé avec le président Bouteflika : « Nous sommes convenus d’envisager la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie dans un esprit de modération, en essayant d’éviter les extrémismes de tous bords », avant de renchérir : « Surtout nous nous étions mis d’accord pour dire : “Regardons l’avenir.” Essayons de fonder la relation franco-algérienne sur l’avenir et pas sur le passé ».
Qui ne dit mot consent, et le silence éloquent de la classe politique algérienne à l'écoute du ministre français est à l'image de son extrême discrétion sur les préparatifs de l’événement majeur de l’année.
Selon le quotidien en ligne "Tout sur l’Algérie" (TSA), cette opacité s’explique par une année 2012 charnière des deux côtés de la méditerranée : d’une part, la présidentielle et les législatives pour la France, d’autre part "cette année du demi‑siècle de l’indépendance est aussi une “année bilan” pour le pouvoir en place depuis 1962", marqué par l’échec, avec en toile de fond des protestations sociales qui agitent le pays.
Par ailleurs, comme l’indique le quotidien, la personnalité du président chargé de mettre en œuvre le programme du cinquantenaire ne permettra pas de couper le cordon ombilical avec la France… En effet, l’homme de la situation n’est autre que le Premier ministre en personne, Ahmed Ouyahia, hostile à la repentance de la France, elle-même pourtant si prompte à l'exiger des autres, autant dire qu’avec lui les intérêts français seront bien gardés, le doigt sur la couture du pantalon…
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