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Critiques des nouvelles lectures critiques du Coran (2/2)

Des théories qui « biblisent » le Coran et lui inventent une contre-histoire

Mais il nous faut continuer notre description de ces théories « critiques » du Coran, afin de mieux les confronter avec les critères ci-dessus de scientificité. Que leurs spécialistes nous apportent donc leurs témoignages. Parlons du deuxième élément évoqué plus haut.

L’extrait, plus haut, tiré de l’article du Professeur Hanne nous l’a indiqué: à l’obscurité et contradiction que ces approches prêtent au Coran, s’ajoute sa « biblisation ». C’est-à-dire que le modèle sous-jacent à partir duquel ces théories et approches « critiques » du Coran s’élaborent, est celui de la Bible. La nature et l’histoire du second étant imposées au premier que l’on refaçonne à son image. Ce, à travers leur emprunt, de fait, des approches critiques qui lui sont dédiées pour les appliquer à la révélation coranique, et la comparaison voire l’identité, implicite et explicite, qu’elles établissent entre les deux livres, tant au niveau du contenu que de celui de la rédaction et transmission. Il s’agit en effet, comme l’a indiqué plus haut le Professeur, de « l’adoption des méthodes de critique du texte biblique » pour étudier le discours coranique, suite à la « révélation des contradictions propres au Coran ». Arrêtons-nous un instant sur ce que sont ces études historico-critiques, ainsi que la conception de la Bible qui les sous-tend. Elles éclaireront et renseigneront ainsi le lecteur sur l’origine, la nature et le sens des propos tenus par les chantres musulmans de l’approche historico-critique et anthropologique du Coran et certains islamologues.

Il s’agit avant tout d’une exégèse, ou pour être plus exacte d’une branche de l’exégèse biblique, qui s’est imposée au XIXème siècle, et dont le « but principal (…) à cette époque était de découvrir ce que l’on appelle traditionnellement le sens « littéral » ou « historique » du texte, c’est-à-dire le sens objectif que l’auteur (ou les auteurs) voulait communiquer, de même que les circonstances évoquées dans les écrits, les identités de l’auteur et de ses destinataires, et enfin, la portée de ces écrits au sein des communautés auxquelles ils étaient adressés ». 1

En effet, dans le christianisme, notamment après les découvertes archéologiques survenues à l’époque de la renaissance et après, ces méthodes cherchaient à « libérer la Bible de ses interprétations allégoriques ou spirituelles pour en éclairer le sens littéral ».2 Pour ce faire, la dite méthode exégétique utilisera l’histoire, la linguistique, la philologie, l’épigraphie, la sociologie et l’archéologie. Elle étudie les origines de l’ancien testament et du nouveau ; ainsi que les sources des documents pour en connaitre l’auteur, le lieu et la date où il fut composé ; et enfin la version originale d’un texte ou ses divers intermédiaires. «  Il s’agissait surtout de découvrir leur sens « littéral » en resituant ces textes, autant qu’il était possible, dans leur contexte historique ». 3

Comprenons bien ce qui est entendu dans cet univers de sens par « source » et qui diffère très sensiblement de ce qui en est compris dans l’univers de sens musulman : « On appelle source une unité littéraire ayant une existence antérieure à celle qu’on lui connaît dans le texte définitif où elle se retrouve. Dès lors, la critique des sources a pour but d’établir si le texte étudié provient d’un auteur unique ou s’il a une histoire ou une préhistoire antérieure, dont il convient alors de reconstituer les étapes. Ici, on doit encore distinguer entre les textes possédant des parallèles au sein même de la Bible ».4

Certains éléments sont à mettre ici en exergue. Ces études historico-critiques appliquées à l’ancien testament et au nouveau ne sont dues qu’à la réalité :

1) de l’existence de plusieurs auteurs dans la Bible.

2) de son évolution et rédaction dans le temps, sur plusieurs siècles. Ce qui demande la recherche d’une ou des sources primordiales ou d’influence.

3) de l’impact du contexte dans lequel ces auteurs s’exprimaient et les sources d’inspiration, issues des cultures et civilisations alentours, du contenu biblique.

Ces points s’expliquent par le fait que, contrairement au Coran, le nouveau et l’ancien testaments qui forment la Bible, sont composés de plusieurs livres écrits par plusieurs auteurs, sur plusieurs siècles, et dont la forme et la lettre sont le fruits des choix et interprétations de ceux-ci ou des scribes, et non de la révélation divine elle même. Des auteurs d’ailleurs, dont certains sont connus ou supposés tels, et d’autres parfaitement inconnus : « On connaît bien une partie des écrivains de la Bible, qui comprend 66 livres. D’autres sont des écrits collectifs de scribes, ou anonymes ».5 

Dans une telle configuration, nous comprenons le sens, la logique et la légitimité de ses approches critiques pour ce qui concerne la Bible : aider les fidèles ou les lecteurs à arriver à la parole divine initiale, au-delà des interprétations inhérentes à la forme de « transmission », ici l’inspiration, que les juifs et chrétiens prêtent à ces livres de la Bible. Car pour eux, dans cette tradition, notamment chrétienne, « l’inspiration par l’Esprit Saint n’est pas limitée à la composition du texte biblique mais s’étend à la lecture et à l’interprétation du texte dans la vie de la communauté des croyants, l’Église ».6C’est ainsi que sont sacralisés, dans cet univers de sens, les auteurs et scribes, mêmes inconnus, de la Bible. Et c’est par là que sont attestés l’existence d’évolutions du texte biblique, de versions différentes et d’auteurs divers. Ici le livre, en sa forme, est humain et seul son fond serait inspiré. Ce qui le rend de fait tributaire dans sa forme au moins, non pas seulement des circonstances de sa délivrance, mais aussi de celles de sa rédaction, du/des publics d’alors et de leurs cultures et de celles des auteurs et scribes, et surtout des choix opérés par l’église quant aux versions interprétées et canonisées, et qu’il s’agissait de dépasser (dans le protestantisme notamment) pour arriver, par ces méthodes, au vrai sens et à la version originale : « l’étude des nouveaux manuscrits notamment découverts dans la région de Qumrân nous a apporté des indices et même prouvé que la plupart des livres constituant la Bible n’ont pas été écrit par leur prétendu auteur respectif mais le plus souvent par plusieurs rédacteurs anonymes et généralement sur une longues période de temps s’échelonnant parfois sur plusieurs siècles. Enfin lors de la constitution du canon biblique chrétien et lors des traductions, à son tour l’Eglise a sélectionné les textes qui s’accordaient le mieux avec son dogme et son crédo, ajoutant autant de subjectivité à des textes déjà interprétés, rendant finalement la Bible très peu fiable »7.

Comprenons bien. Ici, ces approches n’ont pas pour but, au départ du-moins, de déconstruire et de désacraliser (comme cela sera le cas vis-à-vis du Coran avec nos « nouveaux penseurs » sans pensée innovante) mais de tenter de retrouver les débuts et les buts des écritures saintes au-delà de leurs états actuels et de l’interprétation (notamment celle de l’église) qui leur a donné leur état final. Interprétation qui eut de fait des impacts sur leurs formes, lettres et fonds étant donné les modalités d’inspiration, de délivrance et de transmission de l’ancien et du nouveau testament, et la centralité, jusqu’à leur sanctification, des auteurs, scribes et interprétateurs, selon les adeptes eux-mêmes de la tradition judéo-chrétienne : « On connaît bien une partie des écrivains de la Bible, qui comprend 66 livres. D’autres sont des écrits collectifs de scribes, ou anonymes. Mais en fait, tous ces écrivains n’ont écrit que sous l’inspiration divine. Dieu s’est servi de leurs capacités, de leurs caractères, mais le message qu’ils nous ont transmis est intégralement inspiré par Dieu. Dans les originaux, la Bible est infaillible et inérrante ».8

Ce genre de considération, au vue de la nature et de l’histoire spécifique du Coran et les modalités de sa révélation, rédaction et transmission, est impensable et ne peut avoir sa place dans la tradition musulmane et pour les musulmans. Ce, non pas par dogmatisme aveugle mais par la prise en considération des études menées par leurs spécialistes et savants sur ce sujet depuis l’époque médiévale, de la permanence populaire du Livre dans la communauté depuis ses débuts et de sa spécificité stylistique. Ce, dans la volonté première et fondatrice de ne pas suivre l’exemple des « gens du Livre » dans leur négligence vis-à-vis de la Thora et de l’Evangile, telle que le Coran la relate et la dénonce à plusieurs reprises. Nous aurons à y revenir plus en détail ultérieurement. Mais continuons notre description.

A l’analyse historico-critique de la Bible par les exégètes, s’ajoute l’étude du style littéraire en vue d’analyser et de saisir « l’évolution des institutions et de leurs règles, les traditions, les idées et les enracinements sociologiques, religieux et culturels ».9Encore une fois, tout ceci est dû à la nature du texte biblique tel qu’il est présentement, très tôt touché en sa lettre même par le jeu des interprétations, ne serait-ce que par les traductions et la perte des originaux, ainsi qu’à l’histoire et aux modalités de sa transmission et rédaction elles aussi touchées par les mêmes jeux et enjeux. L’approche historico-critique et l’herméneutique, en milieu protestant notamment, sont ainsi une tentative (certes avec ces limites et défauts) de retour à la source, de reconstitution de celle-ci et de compréhension du christianisme et de la Bible en ce qu’ils sont, au-delà, en lettre et en fond, de ce que le clergé (notamment catholique) en avait fait. En d’autres termes, contrairement à qui va se passer et se passe chez les musulmans, l’herméneutique et l’approche historico-critiques est un acte de reconsidération de la religion, notamment en face des excès du rationalisme des Lumières aux XVIIIème et XIXème siècles.10

Telle est l’arrière fond qui fonde, explique, justifie l’existence de ces approches historico-critiques et leur herméneutique, dans l’univers judéo-chrétien et occidental dont elles proviennent. Le problème va se poser quand il s’agira de les élargir et de les « copier-coller » au Coran. Car sa nature, son histoire, sa transmission et sa forme diffèrent radicalement de celles de la Bible, ne serait-ce que parce que le Livre est clair et organisé pour cela. C’est parce que ces méthodes furent prises par les islamologues et certains idéologues musulmans comme des absolus indépassables, que cela va nécessiter ou provoquer certaines libertés avec le Coran, méthodologiquement douteuses selon nous, pour le faire correspondre à ces approches « critiques » et pour d’autres buts de nature idéologique et psychologique que nous préciserons en temps venu. C’est cela que nous avons appelé la « biblisation » du Coran. Ici c’est l’approche qui a créé son objet et non le contraire comme cela devrait être le cas. C’est ce qui à nos yeux les invalide, dès lors qu’elles ne partent pas du Coran tel qu’il est, mais de la réalité biblique et littéraire qu’elles imposent à sa nature spécifique, en récoltant ça et là des informations partielles et partiales dans l’héritage musulman complexe, pour construire leur fragile édifice.

Ainsi nous saisissons mieux ce que veulent dire ces propos cité plus haut : « Il n’existe pas en arabe stricto sensu de termes désignant la discipline qui commenterait chacune des sourates du Coran en la soumettant à un examen critique, en étudiant la question de l’auteur, des sources anciennes, en recherchant les données historiques, géographiques et archéologiques qui permettraient d’éclairer le texte et d’en préciser le message ».11

Nous le voyons, cette « biblisation » du Coran, qui motive le fond de ces démarches, mais pour ici le déconstruire de fait, est issue des approches et théories sur la Bible que l’on « copie-colle» sur la révélation coranique. Ce, sans aucune innovation marquante dans ce domaine, ni effort notable pour inventer une approche nouvelle et spécifique au Coran, susceptible par la suite, en la généralisant, de révolutionner les approches cognitives, méthodologiques et philosophiques de la réalité, au-delà de l’analytique et de l’herméneutique par ce qui les fonde et les relie, dans une tentative de reliance des sciences exactes et des sciences humaines. Mais telle n’est point l’ambition de nos chantres musulmans de l’approche historico-critique et herméneutique du Coran. Ils veulent imiter et déconstruire, sans comprendre ni construire, car la plupart d’entre eux n’ont de relation avec les disciplines scientifiques et la philosophie, dont ils parlent sans arrêt, que la surface de leur lecture partielle et partiale et des citations d’auteurs qu’ils font sans cesse sans avoir lu réellement, pour intimider leurs auditeurs et masquer leur inanité. Ils font avec le modernisme ce que les théologiens font avec le traditionalisme : des arguments d’autorité et de l’idéologie ; il n’y a ici ni science, ni philosophie, ni religion.

De fait, par ces méthodes qu’ils adoptent aveuglément, par imitation et sans trop de critique :

1- ils prétendent dans les faits la possibilité que le Coran soit le fruit de plusieurs auteurs.

2- qu’il a été falsifié, en parti du-moins, en son contenu pour des raisons politiques.

3- qu’il a évolué sur plusieurs siècles avant d’arriver à sa forme « canonique » actuelle.

4- qu’il est le fruit de l’univers culturel (bédouin-arabe) et religieux (judéo-chrétien-syriaque-mazdéen, etc) de l’époque de son apparition, auquel ils le restreignent de fait.

5- que ce que sa lettre délivre aujourd’hui et ce que nous en comprenons, n’est pas la réalité de ce qu’il était et/ou de ce qu’il veut dire. D’où le besoin de soit le restreindre dans l’explication, le vécu ou la tradition d’une personne, d’une génération ou d’une société ; ou soit de démembrer, désosser et falsifier la lettre et/ou son sens, pour y déverser la signification idéologique que l’on veut. Ce, pour disqualifier une autre signification idéologique, pour des raisons politiques et géopolitiques, comme le « fondamentalisme », le « terrorisme » ou « l’Islamisme ». Ce qui ne les différencie en rien des « fondamentalistes » qui instrumentalisent la religion à des fins politiques et idéologiques.

Ces cinq points, nous le voyons, peuvent à s’y méprendre s’appliquer à la Bible, puisque c’est à elle qu’ils s’appliquaient à la base.

Nous comprenons donc cet acharnement, et sa source, à vouloir douter des origines du Coran ; à prétendre ou proposer son inspiration et non sa révélation ; à parler de l’existence d’un proto-Coran en une autre langue, le syriaque, qui serait perdu ou (version shiite ismaélien) d’un « Coran silencieux » et obscur (bâtin), en raison de sa « falsification » pour des raisons de rivalité politiques, tributaire de l’herméneutique d’une élite, de saints, d’un imâm infaillible qui serait le « Coran parlant » ou y aurait accès, et qui différerait de celui que nous avons ; ou bien à affirmer l’évolution du Coran dans son contenu, sur plusieurs siècles et sa falsification littérale ou son contrôle pour des raisons politiques, en s’appuyant d’ailleurs sur les dires de certains courants extrémistes ésotériques ismaéliens, duodécimains, soufis et néoplatoniciens, ainsi que les colportes invérifiés sur cette question qui existent dans certains corpus sunnites et shiites. Tout ceci n’est qu’un plagiat éhonté, sans innovation, de ce qui se fait dans l’univers judéo-chrétien et occidental, avec la prétention idéologique et/ou le sentiment colonial, que cela constitue la limite de l’expérience humaine à laquelle il faut soumettre le Coran, sans prendre la peine de sérieusement l’étudier en mettant de coté ses préjugés traditionalistes et/ou modernistes.

Des questions que les islamologues ne se posent pas sérieusement

Posons-nous ces questions que par ailleurs nous nous permettons d’adresser à ces islamologues à et nos « nouveaux penseurs de l’Islam » férus de suivisme aveugle historico-non-critique :

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– Avons-nous la preuve ou les indices dans le texte coranique, comme c’est le cas avéré pour la Bible, de l’existence de plusieurs auteurs ?

– Avons-nous dans l’organisation interne du Coran, les traces stylistiques ou philosophiques, d’une quelconque évolution de son contenu ? Le Coran se dit inimitable. Un propos étranger qui y serait introduit, ne se verrait-il pas ? Il y aurait à coup sûr, comme pour la Bible, des changements de style et de contenu évidents ainsi que des ressemblances toutes aussi évidentes avec le style littéraire d’un moment ou d’un lieu. Où sont ces changements et ressemblances évidents et incontestables ?

– L’existence de versions différentes du Coran, notamment celle prétendument d’Ibn Mas’ud, jusqu’au IXème siècle, telle que certains le rapporteront ultérieurement, est-elle appuyée par l’existence physique ou sociale (c’est-à-dire enseigné et récité par un groupe de musulman), même fragmentaire, de ces versions ? Sommes-nous sûrs que ces propos invérifiés ne sont pas motivés par la propagande contre-coranique d’alors, pour des raisons politiques, issue des milieux nostalgiques de l’ancien régime d’avant l’Islam et qui furent vaincus par sa venue ? Les différences, que l’on dit existantes dans le Coran d’Ibn Mas’ûd, de positions de certaines sourates par rapport à l’ordre du Coran que nous avons, ou l’absence des deux dernières, sont-elles de nature à changer la teneur du discours coranique ?

Il est dit que le troisième Calife Othmân est à l’origine du Mushaf originel qui servit de model à toutes les versions éditées du Coran jusqu’à nos jours. Ce, après avoir ordonné sa diffusion dans toutes les provinces de l’empire, ainsi que la destruction des corpus personnels qu’auraient détenu les autres compagnons. La question que nous posons est donc la suivante :

– L’acte du Calife s’est-il fait sans l’approbation des autres compagnons encore nombreux à l’époque, ainsi que les épouses et la famille du Prophète, et du reste des musulmans alors présents ?

– S’agissait-il d’un acte de diffusion du Coran, par une nouvelle rédaction et édition, au sein des nouvelles populations musulmanes issues des nouveaux territoires conquis, en provenance d’une source officielle et reconnue, selon des critères objectifs établis par une commission de spécialistes eux aussi reconnues par tous, parmi les compagnons ? Où bien il ne s’est agit que de l’imposition autoritaire, par le calife, de sa version personnelle au détriment de celles des autres, pour des raisons politiciennes?

– Quelles sont les spécificités du contenu de ce mushaf, qui serait propres aux intérêts d’un Othmân autoritaire ou d’un autre dirigeant assoiffé de pouvoir (abd al-malik ibn Marwân et les Ommeyades par exemple), qui se trouvent dans le Coran que nous avons entre nos mains, et dont l’évidence du parti pris frapperait les esprits objectifs ?

– S’il s’agit d’une imposition autoritaire, pourquoi cette commission de rédacteurs parmi les Compagnons désignée par le Calife et présidée par l’un des secrétaires attitrés du Prophète, Zaid ibn Thâbit ? Pourquoi les autres compagnons du Prophète (hommes et femmes) et sa famille n’ont-ils pas contesté avec véhémence et violence cette décision ? Pourquoi celui que beaucoup considèrent comme l’un des plus illustres, sinon le plus illustre d’entre eux, Ali, gendre du Prophète et quatrième calife n’a pas remédié à cette « trahison » si celle-ci avait eu lieu, alors qu’il en avait les moyens, l’autorité et la légitimité lorsqu’il devint Calife ?

– Si falsification et mise sous contrôle politique du Coran il y a eu lieu, pour quelle raison celles-ci n’ont pas éliminé de son contenu les passages qui vont à l’encontre de leurs intérêts et soif de pouvoir ? A quoi cela sert-il en effet, de falsifier un livre si c’est pour maintenir intact le cœur de son message et projet, et de préserver des éléments qui donnent de fait la légitimité aux membres de la communauté de choisir et corriger leurs dirigeants et obligent ces derniers à agir selon la volonté des premiers?

– Le pouvoir politique (califal des bien-guidés, al-Râshidûn, et des omeyyades), fondé par le Coran et après, ainsi que par la communauté qui se créa autour de sa récitation et mise en application, avait-il la possibilité et l’intérêt de falsifier le Coran, sans se mettre en danger et légitimer son renversement ?

– En avait-il les moyens, à moins d’interrompre pendant un temps indéfini la lecture quotidienne (qui a devancée, rappelons le, l’existence de l’Etat et la fonde), privée et public, individuel et collective, du Livre par les musulmans de tout bord idéologique et politique, de toute ethnie, catégorie et génération, de la péninsule ibérique au frontière de la chine, sans effectuer un lavage impossible des cerveaux de centaines de milliers de personnes voire de millions ?

Nous n’avons pas besoin de répondre à ces questions adressées à ces approches et à la théorie du Coran qu’elles tentent d’inventer, en s’inspirant de la Bible, pour légitimer leur « dé-lire » du Livre. Non, nous n’en avons pas besoin car ces théories sur le Livre, farfelues à nos yeux, ne sont possibles qu’à partir de ce que ces approches disent trouver dans le Coran d’incohérences et de contradictions. Contradictions et incohérences qui prouveraient dès-lors l’existence de plusieurs auteurs, d’une source « Q » du Coran, comme pour la Bible, d’une inspiration directe de la culture religieuse et culturelle de l’antiquité tardive et de la péninsule arabique, et/ou d’un remaniement ultérieur du texte et de son évolution. Allons à la racine et regardons de plus près ces observations et opinions. Leur inanité et incohérence se chargeront de décrédibiliser ces lectures dites « critiques » du Coran et leurs approches.

Le Coran est-il contradictoire ? Le Livre a-t-il été remanié et falsifié ? La révélation n’est-elle qu’un plagiat de la Bible, le réceptacle inconscient de la culture religieuse et sociale de l’époque ? C’est ce que nous allons voir, à partir des arguments les plus solides, ou supposés comme tels, de la part des plus grands spécialistes de cette approches. Au-delà de ses méandres et complications sous lesquelles ils se refugient « la plus fragile des demeures reste celle de l’araignée, si seulement ils savaient ».12

1 Jean Breck. Conférence donnée le 7 février 2008, lors du colloque « Les Orthodoxes et la traduction de la Bible » à l’Institut Saint-Serge (Paris). SBEV. Bulletin Information Biblique n° 71 (décembre 2008), pages 2.

2 https://www.la-croix.com/Ethique/Sciences-Ethique/Sciences/La-Bible-face-a-la-critique-historique-_NG_-2004-10-22-503962

3 Wikipédia

4 https://www.universalis.fr/encyclopedie/bible-l-etude-de-la-bible/4-le-champ-diversifie-des-methodes-d-approche/

5 http://saintsymphorien.net/Les-auteurs-de-la-Bible.

6 Jean Breck. Conférence donnée le 7 février 2008, lors du colloque « Les Orthodoxes et la traduction de la Bible » à l’Institut Saint-Serge (Paris). SBEV. Bulletin Information Biblique n° 71 (décembre 2008), pages 2.

7 http://www.astrosurf.com/luxorion/bible-critique-authenticite-bible.htm

8 https://www.bible-ouverte.ch/faq/faq-theme/qr-la-bible-origine-transmission/2121-reponse-29.html

– http://saintsymphorien.net/Les-auteurs-de-la-Bible.

9 http://www.astrosurf.com/luxorion/bible-critique-authenticite-bible.htm

10 Lire à ce sujet l’œuvre du théologien protestant et philosophe allemand, Friedrich Schleiermacher, particulièrement son livre, « Discours sur la religion », édition Vrin. Et de façon plus générale, étudier les ouvrages consacrés à la philosophie de la religion, notamment le formidable livre de synthèse qu’est « le buisson ardent et les lumières de la raison » de Jean Greish, édition cerf.

11 Emmanuel Pisani, « Les lectures nouvelles du Coran et leurs implications théologiques. À propos de quelques livres récents », Revue d’éthique et de théologie morale 2009/1 (n°253), p. 29-50. DOI 10.3917/retm.253.0029

12 S 29, s 41

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