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Attentats de Paris : Le sermon exceptionnel des imams de France pour la grande prière du Vendredi

Les attentats terroristes qui ont endeuillé Paris le vendredi 13 dernier exigent de notre part de donner la position de l’islam vis-à-vis de tels actes, à travers les points suivants:

1) Le Musulman ne doit jamais réagir sauvagement et sur la base de ses seules pulsions, mais au contraire, toujours à partir de la prise en compte de tous les éléments d’une situation donnée et d’une compréhension globale des fondements du droit, car il se sait responsable de ses actes et de ses propos aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes. Il veille, par conséquent, à ce que rien de ce qu’il dit ou fait ne soit injustement imputé à la religion. Pourtant, combien de propos tenus par certains musulmans sur l’islam, sans les connaissances requises, et combien d’actes commis dénués de toute compréhension de l’islam lui sont imputés? Dieu nous met en garde contre le fait de Lui attribuer des propos injustement:

"N’inventez pas par vos langues des mensonges, en disant disant "ceci est permis", et "cela interdit" dans le dessein de mentir sur Dieu, car ceux qui mentent sur Dieu ne réussissent jamais » (Chapitre L’abeille, Verset 116).
L’islam exhorte le musulman à être le meilleur ambassadeur de cette religion, envoyée sur terre comme une miséricorde pour l’humanité toute entière. Ainsi Dieu lie-t-il la modération qui doit être celle de la communauté musulmane et sa retenue à son devoir de témoignage de la justice devant les hommes en disant: « C’est ainsi que Nous avons fait de vous une communauté du juste milieu afin que vous soyez les témoins des gens et que le Messager soit votre témoin » (La Vache 143).

2) L’islam interdit l’assassinat et l’attentat à la vie humaine. Les textes à ce sujet sont très nombreux. Parmi eux, il y a ce verset : "Et pour cela Nous avons révélé aux enfants que quiconque tue une âme sans que ce soit pour une âme ou pour une corruption aura tué toute l’humanité et quiconque en garde une en vie aura gardé toute l’humanité en vie » (Chapitre La Table Servie 32). Il y a aussi ce hadith qui dit: « Le serviteur peut espérer demeurer dans les largesses de la religion, tant qu’il ne verse pas une goutte de sang, interdite » (recueilli par Albukhari).

 Il n’est pas juste d’opposer à ces textes et à ceux allant dans le même sens ceux qui autorisent celui qui est investi par les musulmans d’une autorité de repousser une agression ou faire cesser une injustice, entre autres, car ces derniers n’établissent pas une règle quant aux relations que les musulmans doivent avoir entre eux et/ou avec les non-musulmans. La règle, en la matière, est ce qu’ édicte le verset du chapitre Les Chambres : « Ô vous les hommes, Nous vous avons, assurément, créés en hommes et femmes et avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous fassiez mutuellement connaissance.

Le meilleur parmi vous aux yeux de Dieu est le plus pieux ». L’islam considère que ce qui doit caractériser les relations humaines c’est la connaissance mutuelle et la paix. On ne peut, donc, pas opposer les versets les uns aux autres pour abroger des versets coraniques coercitifs et des hadiths authentiques qui incitent à la bienséance, au vivre-ensemble et au dialogue, sur la seule base de quelques autres versets et hadiths, incomparablement moins nombreux que les premiers, qui plus est révélés dans un contexte précis, avec des conditions précises, comme c’est expliqué par les théologiens.

3) La vie, de quelque personne que ce soi,t doit être protégée, à partir de l’anoblissement que Dieu a réservé aux hommes, qui les recouvre tous (Chapitre Le voyage nocturne Verset 13). Les enseignements islamiques ne font de ce point de vue là aucun distinguo entre un musulman et un non-musulman. Et ce, tant et si bien que le Prophète a dit : "Quiconque tue une personne avec qui les Musulmans ont un pacte ne sentira point l’odeur du paradis, – qui peut être sentie à partir d’une distance pouvant être parcourue en 40 ans » (recueilli par Alboukhari).

 4) Le Musulman doit condamner toutes les injustices, quels qu’en soient les auteurs et quelles qu’en soient les victimes. Pour cette raison, il lui est demandé de les dénoncer et de défendre les sanctuaires de toutes les religions. Dans ce sens Dieu dit: « Si Dieu ne protégeait pas certains humains d’autres , il serait détruit des synagogues, des oratoires, des églises et des mosquées dans lesquelles on cite le nom de Dieu à maintes reprises. Et Dieu secourra effectivement quiconque Le secourt.

Il est assurément très puissant et très fort » (Chapitre Le pèlerinage, Verset 40). Il est recueilli du prophète ceci: « Secours ton frère auteur d’injustice ou injuste ». Un homme lui dit: « Je le secours quand il est victime d’injuste. Mais s’il en est auteur, comment puis-je le secourir? Il répondit : Que lui mette des entraves à l’injustice ou que tu l’en empêches. Ainsi le secours-tu » (Alboukhari). Comme il lui est prescrit de dénoncer ce qui arrive à ses frères, en religion, comme injustices, il est exigé de lui qu’il condamne toute injustice qui frappe tout humain. Le Prophète dit: « Craignez l’invocation d’une victime d’injustice, même non-croyante, car il n’y a aucune entrave entre elle et Dieu » (recueilli par les imam Ahmad et Abu ya’lâ).

5) S’il est entendu que l’on doit condamner l’injustice en faveur de toute victime, il l’est davantage si ce sont tes concitoyens qui en font les frais, car tu es des leurs et les accompagnes dans les moments de joie, comme ceux de malheur. Et de fait, les prophètes, nonobstant tout ce qu’ils ont subi de la part de leurs peuples, jamais ils n’ont chacun cessé de rappeler les liens qui les liaient aux leurs.

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Le Coran l’illustre à plus d’une reprise lorsqu’un prophète s’adresse aux siens (qui le combattent) par cette expression : « Ô ma communauté …….. ». Et combien, par exemple, le Prophète était attaché à la Mecque, en dépit du rejet par ses habitants de son message? Pourtant, une fois chassé d’elle, par amour pour elle il lui parle, comme on parle à un humain, et comme pour s’excuser de devoir la quitter, en ces termes: « Par Dieu tu es la meilleure terre de Dieu qui soit et celle que j’aime le plus. Et si tes habitants ne m’avaient pas expulsés de toi, jamais je ne t’aurais quittée » (recueilli par Ahmad, Al-Tirmidhi, Al-Nassa’i, Alhâkim, Ibn Mâjah et Al-dârimi).

6) Notre attachement à la sécurité de notre pays et à la défense de tous ses citoyens et notre rejet de l’injustice et toute agression ne doivent nullement nous empêcher d’exprimer notre idée en tant que citoyens, épris de justice, avec objectivité et impartialité, sur ce qui se passe dans le monde et au
sujet des différentes politiques conduites dans notre pays, soucieux que ces dernières soient les plus proches possibles de la justice et de l’impartialité. Chose dans laquelle nous nous trouvons au même titre que le restant de nos concitoyens, animés des mêmes idéaux, en dépit des différences de croyances.

7) Nous devons comprendre que la sécurité est un des plus grands bienfaits qui soient. Dieu dans le Coran rappelle aux Mecquois ce cadeau indéfiniment énorme lorsqu’Il dit: « Alors qu’il adore le seigneur de cette demeure qui les nourrit, après faim, et les protégea de l’insécurité ». Comme le Prophète dit : « Celui qui se réveille en bonne santé, en sécurité, et en possession de sa subsistance quotidienne est comme celui qui a en sa possession tous les bienfaits du monde » (Ibn Hibbâne). Or, la protection de la sécurité est l’affaire de tous, pas d’une personne. C’est ensemble que nous devons ou pouvons prendre la main à quiconque veut ou voudra couler notre bateau commun, comme le mentionne un autre propos du Prophète.

8) Le devoir du Musulman face à cette tragédie qui a endeuillé notre pays est de veiller à ce qui suit:
a) Chercher la science auprès des personnes qui la détiennent et aux bons endroits. Dieu dit: « Demandez alors aux gens du rappel (le savoir) si vous ne savez pas » (Les prophètes, V. 7). Faisant la glose de ce verset, al-Sa’ndiyyu dit : « Il y a dans ce verset l’ordre d’apprendre auprès des gens du savoir et de les interroger. Et par là, il y a l’interdiction d’interroger celui qui est connu comme ignorant, pas formé, et celle qui est formulée à l’endroit de celui-ci de se mettre devant pour parler de ce qu’il ne sait pas, ou dont il n’est pas doté » (……).

b) Eduquer nos enfants dans les principes de tolérance de l’islam, qui appellent au bien, à l’entre-aide, à la miséricorde, à la paix, et proscrivent l’injustice et l’agression, ainsi que prendre en charge l’orientation de nos jeunes, le dialogue avec eux, afin de les protéger de toute idéologie extrémiste.

c) Enseigner les valeurs fondamentales de cette religion et corriger les écueils dans lesquels beaucoup finissent aujourd’hui, afin que notre pratique de la religion redonne à la communauté musulmane sa place du juste milieu, en répondant à l’injonction divine, qui veut que nous agissions ainsi (La vache V. 143).

d) Oeuvrer sans relâche à protéger le vivre-ensemble dans notre société, à la lumière de ce propos divin: « Aidez-vous dans le bien et la piété. Ne vous aidez point dans le pêché et l’agression ». Et le Prophète qui a établi la constitution de Médine qui consacra le vivre-ensemble, l’égalité et la concitoyenneté dans cette cité est le meilleur exemple qui soit.

Puisse Dieu faire de nous des gens qui honorent leurs principes de leur religion, oeuvrent pour la justice et font le bien à toutes les créatures.

                 Paris le 18/11/2015.
                Le Conseil Théologique Musulman de France (CTMF).
 

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