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Une critique de l’islamologie moderne : pour une alternative salutaire et identitaire (partie 4)

Dans cette quatrième partie, nous allons identifier les principales différences entre le Coran et le Nouveau Testament. Un tel travail va nous permettre de saisir la portée universelle et réformatrice du Coran.   

1. Les différences thématiques entre le Nouveau Testament et le Coran

Il y a de grandes différences entre le Nouveau Testament et le Coran. Dans la Bible, il est clairement fait mention de la doctrine du péché originel qui remonte à Adam, lequel mangea le fruit d’un arbre interdit. Il semble que dans la Bible, il n’a aucune rédemption à ce péché.

Adam et Eve ont habité le Paradis et ont été autorisés à manger tout ce qu’il y avait de bon. Nous recourons, une fois encore, à notre méthode de la réforme intérieure des écritures pour analyser ce que le Coran nous enseigne sur cette question qui, dans le christianisme, est devenue dogmatique. Il apparaît clairement que, dans cette religion, un sentiment permanent de culpabilité des hommes prévaut, les rendant responsables du pêché d’Adam et d’Eve. Il s’agit là d’une croyance en une humanité éternellement pécheresse, qui n’est sauvée que par le salut de Jésus.

À rebours de ces interprétations culpabilisantes et radicales, le Coran nous montre combien Dieu est miséricordieux, qu’il a pardonné à Adam et Eve après que ces derniers ont mangé le fruit défendu. Admirons de près ce que le Coran nous dit à ce sujet :

« Et Nous dîmes :O Adam ! Habite le Paradis toi et ton épouse, et nourrissez-vous-en de partout à votre guise ; Mais n’approchez pas de l’arbre que voici, sinon vous seriez du nombre des injustes”. Peu de temps après, Satan les fit glisser de là et les fit sortir du lieu où ils étaient. Et Nous dîmes : “Descendez (du Paradis) ; ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps. Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir, car c’est Lui certes, l’Accueillant au repentir, le Miséricordieux[1]».

Contrairement au dogme du péché originel, Dieu a pardonné à Adam et à Eve. Dans ces versets, on remarque également que c’est le diable qui a tenté ces deux premiers hommes au Paradis. C’est donc lui qui est le plus grand ennemi des hommes. Au lieu de se culpabiliser, les hommes doivent se prémunir des tentations du diable. Par ailleurs, rien n’a été interdit à Adam et à Eve dans le Paradis, hormis cet arbre défendu. Par projection dans le monde ici-bas, rien n’est interdit aux hommes, exception faite de quelques interdits qui ont été instaurés pour leur bien.

La vie au Paradis a pour miroir la vie sur Terre. L’homme n’a pas hérité d’un péché originel, dont il ne peut se libérer. Bien au contraire, il est libre de jouir de tout ce qui est bon sur Terre.

Au lieu d’un dogme inébranlable du péché, Dieu a instauré une liberté de jouir de ses bienfaits sur Terre. Il a juste imposé aux hommes, à titre d’exception, quelques interdits dont la transgression nuirait à l’humanité. On peut admirer cette logique universelle dans ce verset : « …Mangez et buvez de ce que Dieu vous accorde ; et ne semez pas de troubles sur la terre comme des fauteurs de désordre[2] ».

Le dogme du péché originel est susceptible de décourager l’humanité en l’entravant avec des chaînes lourdes. Au contraire, le Coran libère l’homme est lui montre la voie salutaire pour connaître la béatitude dans l’Au-delà par la raison et par le Livre révélé. Voici ce que nous dit le Coran  : «Nous dîmes : “Descendez d’ici, vous tous ! Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui le suivront n’auront rien à craindre et ne seront point affligés[3] ».

Il est même possible que le fruit défendu soit le symbole de ce qui est interdit sur Terre. Il y a toujours une limite à l’action humaine, au-delà de laquelle la vie ne serait plus possible. Les interdits cités dans le Coran visent à sauver l’homme de la déchéance et de l’égarement qui lui ferait perdre les bienfaits de Dieu sur terre. Adam et Eve devaient ainsi être familiarisés avec l’idée de l’interdit. D’ailleurs, Dieu a enseigné à Adam tout ce qu’il devait savoir pour vivre en paix.

C’est encore le Coran qui nous l’apprend : « Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges : “Je vais établir sur la terre un vicaire “Khalifat”. Ils dirent : “Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ?” – II dit : “En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas !” Et II apprit à Adam tous les noms (de toutes choses), puis II les présenta aux Anges et dit : “Informez-Moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques[4] ».

Au lieu d’être rendue responsable du péché d’Adam, l’humanité tout entière devra faire face à son propre destin, en suivant le Livre révélé et en prenant conscience que le péché d’Adam est un avertissement pour tous ceux qui sont confrontés au choix difficile entre le bien et le mal.

En outre, Dieu a fait de l’homme son vicaire ou son lieutenant sur Terre. Celui-ci est ainsi libre de choisir le bien comme le mal. Dieu reconnaîtra ceux qui ont accompli leur chemin sur terre, en choisissant le bien et les enseignements du Livre révélé.

En tant que lieutenant sur Terre, l’homme ne pouvait être culpabilisé comme le suggèrent les théoriciens du péché originel. Il est paré de la dignité d’un successeur d’Adam sur Terre et d’un représentant de Dieu. Il serait intenable et inconcevable que ces missions honorables soient affectées par l’accusation éternelle du péché qu’Adam et Eve, ses ancêtres les plus lointains, ont commis. La vie et l’exécution des bonnes œuvres et des meilleures actions sur terre ne peuvent être possibles avec une telle accusation. L’homme est un être prophétisé et non une créature damnée éternellement.

La théorie du péché originel est une création purement humaine. Ce sont les théologiens chrétiens qui l’on inventée, à l’instar du récit biblique sur les massacres des habitants des cités conquises par Moïse et Josué qui sont des inventions d’auteurs bibliques anonymes.

D’ailleurs, ces récits guerriers de l’Ancien Testament ont été édulcorés et amplifiés par des rédacteurs bibliques durant toutes les époques marquées par les souffrances du peuple juif (déportation à Babylone, invasion assyrienne, protectorat romain, etc.). Ces évènements n’ont rien à voir avec la véritable révélation divine qui est hautement pacifique et humaniste. On ne cesse de le répéter. L’Islam est le meilleur exemple d’une religion marquée par ces valeurs.

Il y a une grande différence entre le Coran et la Bible concernant la naissance et le statut de Jésus comme prophète. Il y a des révélations bibliques sur l’annonciation qui fait dire à l’archange Gabriel : « Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ».

Il y a aussi le témoignage de Jean-Baptiste durant le baptême du Christ. Il est écrit dans la Bible :  « … Le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis toute mon affection[5] ».  En fait, tout ce que Jean-Baptiste a dit, ce sont ces mots : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui[6] ». Or, ces mots ne veulent pas dire que Jésus soit le Fils de Dieu.

Dans le Coran, Dieu dit : « 16. Mentionne, dans le Livre (le Coran), Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient. 17. Elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait. 18. Elle dit : « Je me réfugie contre toi auprès du Tout miséricordieux. Si tu es pieux [ne m’approche point]. ».19. Il dit : « Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur ». 20. Elle dit : « Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m’a touchée, et que je ne suis pas prostituée ?».21. Il dit : « Ainsi sera-t-il ! Cela M’est facile, a dit ton Seigneur ! Et Nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C’est une affaire déjà décidée[7] ».

Dans ces versets coraniques, il n’est pas fait allusion à la notion de fils de Dieu, mais seulement à la naissance miraculeuse de Jésus (il n’a pas de père), en le considérant comme un signe pour les gens et une miséricorde. Jésus occupe une grande place parmi les prophètes et les messagers de Dieu, mais il ne fut pas le Fils de Dieu et il nous le dit lui-même, ainsi que nous l’avons montré dans les versets cités précédemment.

Au-delà de l’influence « triangulaire » sur le christianisme, il y a aussi l’attrait exercé par les miracles de Jésus. Or, dans le Coran, il est expliqué que ces miracles ont été en réalité provoqués par la puissance divine, qui a brisé les lois physiques et le principe de causalité afin de renforcer la confiance des gens envers les propos du message divin. Dans le Coran, le mot « permission » a été utilisé à plusieurs reprises concernant les miracles.

Examinons de près ce verset : « 110. Et quand Allah dira : “Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t’enseignais le Livre, la Sagesse, la Thora et l’évangile ! Tu fabriquais de l’argile comme une forme d’oiseau par Ma permission ; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l’aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d’Israël pendant que tu leur apportais les preuves. Mais ceux d’entre eux qui ne croyaient pas dirent : “Ceci n’est que de la magie évidente[8]“.

C’est donc Dieu qui a provoqué le processus non causal sous-jacent à ces miracles.

Ainsi, le Christianisme et l’Islam diffèrent substantiellement sur la vérité de ce qui s’est passé réellement dans la vie de Jésus. D’abord, les deux religions ne sont pas tombées d’accord sur la divinisation de Jésus, sur l’existence ou pas de la Trinité et sur les miracles de ce messager. C’est une différence à la fois ontologique (la vérité historique des évènements) et épistémologique (sur notre compréhension de ces évènements).

L’autre question importante, qui représente une véritable ligne de démarcation entre la Bible et le Coran, est la crucifixion de Jésus.  En fait, Jésus n’a pas été tué. Il a été simplement élevé aux cieux. Comment peut-on tuer un prophète protégé par le Saint-Esprit ? Celui-ci n’est pas, comme l’ont imaginé ces théologiens chrétiens, tels que Saint-Augustin, une déité intégrée dans la Trinité, mais une entité protectrice ou un ange doté des plus grands pouvoirs. Les messagers ne peuvent pas être tués, parce que leur rôle est de transmettre et de diffuser un Livre révélé. Ils sont donc protégés par Dieu jusqu’à la transmission de leur message reçu de Dieu.

Dans leurs récits bibliques et théologiques, notamment sur la crucifixion, les auteurs de la Bible ainsi que les théologiens n’ont fait que mélanger leurs idées, empruntées à la philosophie grecque et aux croyances les plus fortes et institutionnelles de la culture romaine, avec les enseignements du Nouveau Testament qui, dans sa version actuelle, est une synthèse de l’ensemble de ces éléments.

À ceux-ci, il faudrait bien sûr ajouter les dogmes tardifs du judaïsme, parsemés d’interdits de toutes sortes et de croyances sacrificielles à l’extrême, qui s’expliquent par les souffrances endurées par le peuple juif à travers les différents épisodes historiques (déportation à Babylone, invasion assyrienne, colonisation séleucide, etc.). Leurs révoltes ont également tourmenté l’esprit de ces auteurs bibliques. La crucifixion représente le paroxysme de l’agitation éprouvée par ces esprits tourmentés.

C’est dans le Coran, encore une fois, qu’on trouve une réponse précise à l’épineuse question de la crucifixion : « Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué, Mais Allah l’a élevé vers lui, et Allah est puissant et sage[9] ».

Sur ce sujet délicat, certains islamologues[10] cultivent une incertitude qui nuit à notre bonne compréhension de ce verset coranique. Ce dernier est bien clair : Jésus n’a pas été tué et mis sur la croix. On peut bien entendu débattre de la partie du verset qui parle de l’incertitude et de faux-semblant. Or, ces islamologues affirment que le Coran ne nie pas la mort de Jésus et que c’est dans l’interprétation ou l’exégèse du Coran (Tafsir) que la crucifixion de Jésus est relatée.

Disons tout de suite que ces affirmations sont absurdes. Le Coran dit explicitement que Jésus n’a pas été crucifié, ce qui semble pour nous tout à fait logique en raison de la protection du Saint-Esprit. Les notions de faux-semblant « walakin choubbih alahoum » (mais ceci leur a semblé ainsi) et d’incertitude méritent une explication, mais elles ne sont pas ambiguës. Un faux-semblant veut dire simulacre ou apparence trompeuse.

Ce verset coranique ne signifie pas que c’est Dieu qui a décidé que Jésus soit mis sur la croix, comme le laisse penser certaines citations d’islamologues qui se basent sur le fait que c’est Dieu qui intervient dans l’histoire et non les Juifs ou les Romains[11].

Jésus n’a pas été crucifié en raison d’un simulacre provoqué sur la croix ou d’un sosie qui a été placé sur la croix à sa place. On trouve dans la tradition que c’est l’Iscariote qui a été crucifié, alors qu’il est apparu aux Juifs sous la forme et les apparences de Jésus.

Il se peut aussi que les témoins de la scène aient été conduits à voir la crucifixion comme une réalité, alors qu’elle ne fut qu’une illusion ou une apparence, un faux-semblant. Ce qui s’apparente à « une ruse de Dieu », qui a ainsi trompé les Juifs sur la crucifixion de Jésus, peut s’expliquer plus généralement par la rupture du pacte entre Dieu et les Juifs.

En effet, la tentative de tuer Jésus a marqué l’abandon définitif par Dieu du pacte historique avec les Juifs. Historiquement parlant, après Jésus, il n’y aurait plus de prophètes juifs. Le pacte a été transféré aux Arabes avec le prophète Muhammad. Ce n’est pas la mort de Jésus qui explique cette rupture, mais la tentative de le tuer. Ce grave péché s’ajoute à l’assassinat d’autres prophètes, à l’histoire du veau d’or et à d’autres actes d’infidélité perpétrés depuis les premiers prophètes.

Par ailleurs, l’élévation de Jésus par Dieu ne nécessite pas vraiment sa mort préalablement. Bien au contraire, il a simplement disparu avant même qu’il puisse être arrêté pour être crucifié. Sa disparition de la communauté des Juifs a été assimilée à une mort.

Jésus a été rappelé à Dieu, comme le laisse entendre ce verset coranique :« Je ne leur ai dit que ce Tu m’avais commandé, (à savoir) : “Adorez Dieu, mon Seigneur et votre Seigneur”. Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand Tu m’as rappelé, c’est Toi qui fus leur observateur attentif. Et Tu es témoin de toute chose[12] ».

Certains islamologues[13] traduisent à tort « rappelé » par « mort ». Une telle interprétation est abusive. Le rappel auprès de Dieu de Jésus n’est pas une mort physique. Il a simplement disparu sur cette terre et rappelé vivant à Dieu, ce qui est démontré dans ce verset :

« (Rappelle-toi) quand Dieu dit : « Ô Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre, t’élever vers Moi, te débarrasser de ceux qui n’ont pas cru et mettre jusqu’au Jour de la Résurrection, ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui ne croient pas. Puis, c’est vers Moi que sera votre retour, et Je jugerai, entre vous, ce sur quoi vous vous opposiez[14]». Mettre fin à la vie terrestre, c’est la disparition sur terre et non la mort. Il est illusoire de traduire mettre fin à la vie terrestre par « faire subir la mort[15] ».

De toutes les manières, hormis quelques islamologues, la plupart des commentateurs musulmans affirment que Jésus n’a pas été crucifié. Ils préfèrent la notion de Sosie et durant toute l’histoire de la pensée islamique, des noms divers ont été proposés comme sosies de Jésus ayant été placés sur la croix.

Tabari, un éminent historien musulman mort en 923, raconte une histoire intéressante : « Jésus a été bien emmené jusqu’à la croix, mais au moment où il allait être crucifié, il disparut et, à la place, c’est le chef des juifs, un dénommé Josué, qui a été crucifié, car Dieu lui a donné son apparence à ce moment-là ».

De toutes les manières, les théologiens musulmans comme Ibn Kathir sont unanimes au sujet de l’élévation au ciel de Jésus. Certains auteurs utilisent cette histoire de la non-crucifixion et de la non-mort de Jésus pour affirmer qu’il y a une propagande islamique contre les Juifs, inspirée par des hérésies chrétiennes comme le docétisme et le gnosticisme[16] qui n’admettaient pas qu’un grand messager comme Jésus puisse subir une mort aussi atroce et dégradante[17]. Les divergences entre les spécialistes quant à l’authenticité d’une telle influence d’hérésies chrétiennes sur les récits islamiques ne s’expliquent que par l’invalidité d’une telle thèse.

En réalité, celle-ci démontre seulement que certaines écoles chrétiennes n’admettent pas la mort de Jésus et sa crucifixion, exactement comme l’affirme le Coran, et ce, avant que le christianisme prenne sa forme actuelle. Les premiers chrétiens et certains théologiens avaient le sentiment que le Nouveau Testament avait été déformé, et qu’il fallait revenir aux sources et à la vérité de la révélation divine. Mes ces efforts s’avérèrent vains, en raison d’un rapport de forces défavorable entre ces courants de pensée chrétiens et l’Église catholique qui inventa une arme efficace : l’excommunication.

En fait, il n’y a pas eu de propagande anti-juive chez les théologiens musulmans, lesquels n’ont pas été inspirés par les doctrines considérées injustement comme hérétiques par l’Église.

Les théologiens musulmans, guidés par leur bonne intuition, ont bien compris ce que les versets coraniques laissaient entendre sur la crucifixion de Jésus. Celle-ci est un mythe. Peut-être le plus grand mythe de l’histoire et c’est le Coran qui nous l’apprend, nous le révèle, ce qui rend justice encore une fois à notre approche sur la comparaison entre les écritures et la réforme coranique de la Bible.

La non-mort de Jésus et son élévation, comme il l’est clairement affirmé dans le Coran, rendent superflue la théorie du bouc émissaire ayant trait à Judas Iscariote, l’idée même d’une machination, mais surtout toute référence à la rédemption et au châtiment punitif.

2. Le dépassement de la Bible par le Coran sur la question de la Trinité

Abordons maintenant la question de la Trinité, à laquelle le Coran apporte une réponse claire, qui oppose un démenti à ce qui se trouve dans la Bible. La Trinité et la divinisation de Jésus ont été abordées et réfutées.

Voici les versets qui contestent clairement la Trinité :

« Ce sont, certes, des mécréants ceux qui disent : “En vérité, Allah c’est le Messie, fils de Marie.” Alors que le Messie a dit : “Ô enfants d’Israël, adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur”. Quiconque associe à Allah (d’autres divinités) Allah lui interdit le Paradis ; et son refuge sera le Feu. Et pour les injustes, pas de secoureurs !73. Ce sont certes des mécréants, ceux qui disent : “En vérité, Allah est le troisième de trois.” Alors qu’il n’y a de divinité qu’Une Divinité Unique ! Et s’ils ne cessent de le dire, certes, un châtiment douloureux touchera les mécréants d’entre eux. 74. Ne vont-ils donc pas se repentir à Allah et implorer Son pardon ? Car Allah est Pardonneur et Miséricordieux[18] ».

Dans des versets coraniques, on découvre que la Trinité a été rejetée par Jésus lui-même :

« 116. (Rappelle-leur) le moment où Allah dira : “Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : “Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d’Allah ? ” Il dira : “Gloire et pureté à Toi ! Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire ! Si je l’avais dit, Tu l’aurais su, certes. Tu sais ce qu’il y a en moi, et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. Tu es, en vérité, le grand connaisseur de tout ce qui est inconnu. 117. Je ne leur ai dit que ce Tu m’avais commandé, (à savoir) : “Adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur”. Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand Tu m’as rappelé, c’est Toi qui fus leur observateur attentif. Et Tu es témoin de toute chose. 118. Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs. Et si Tu leur pardonnes, c’est Toi le Puissant, le Sage”. 119. Allah dira : “Voilà le jour où leur véracité va profiter aux véridiques : ils auront des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux pour y demeurer éternellement.”Allah les a agréés et eux L’ont agréé. Voilà l’énorme succès. 120. À Allah seul appartient le royaume des cieux, de la terre et de ce qu’ils renferment et Il est Omnipotent[19] ».

Ces versets montrent que ce problème de la Trinité a été l’un des plus difficiles et problématiques de la religion chrétienne. En fait, Jésus est le messager de Dieu, tandis que le Saint-Esprit est un ange protecteur et sage qui a été envoyé par Dieu pour le protéger. Dans l’absolu, il n’y a donc aucune Trinité.

Pourtant, lors du 1er concile œcuménique de la chrétienté qui s’est réuni à Nicée en 325, le « Fils » a été considéré comme consubstantiel au Père, c’est-à-dire de même nature que lui. Lors du Concile de Chalcédoine en 451, il a été déclaré qu’il fallait assimiler les notions latines de substance et de personne à celles d’essence (Ousia) et d’hypostase (hupostasis), et que Jésus-Christ, Dieu fait homme, réunit en une seule personne les deux natures, « sans confusion », « sans changement », « sans division » et « sans séparation ».

N’oublions pas que le problème de la Trinité est le résultat de deux éléments importants : le premier a trait à la forte tentation des croyants de diviniser un messager à sa mort. Dans le cas de Jésus, cette tentation a tenu le haut du pavé de son vivant en raison de ses miracles et de sa spirituelle parole.

Même les musulmans auraient été tentés de diviniser le Prophète Muhammad, s’il n’y avait pas eu la sagesse et la grandeur d’âme de son plus fidèle compagnon, Abu Bakr et les enseignements salvateurs du Coran. En plus, l’Islam n’a pas été influencé par d’autres cultures qui incitent à la divinisation, telles les cultures grecque, romaine et chaldéenne, s’agissant de Dieu et de son prophète dans la théodicée et la tradition prophétique.

En revanche, nous pouvons observer que la religion chrétienne, telle que nous l’observons aujourd’hui, n’est que le résultat de trois éléments : la religion juive, la civilisation romaine et la philosophie grecque, ainsi que le disait l’éminent historien du christianisme, Rudolf Bultmann[20]. Cette influence triangulaire s’est exercée même sur l’histoire de Jésus. Ce qui ne fut pas le cas dans l’Islam.

La vie du prophète Muhammad a été racontée par ses compagnons et par les historiens, telle qu’elle fut, alors que celle de Jésus recèle des mythes et des légendes comme le reflètent les difficultés qu’éprouvent les historiens de la chrétienté pour découvrir ce qu’ils appellent le « christianisme primitif », c’est-à-dire la véritable vie de Jésus.

Une telle influence triangulaire sur le christianisme se dévoile dans le dépassement de la révélation au peuple juif de l’existence et de l’unicité de Dieu (Ancien Testament), en lui ajoutant dans le Nouveau Testament les notions de Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Ensuite, le cadre de la pensée grecque intervient pour considérer le Fils (Jésus-Christ) comme l’incarnation du Verbe de Dieu. Le Saint-Esprit qui dans la réalité historique n’était qu’un ange envoyé par Dieu est devenu « l’Esprit de Dieu » ou le « Souffle de Dieu ». Durant les conciles de la Chrétienté, les notions d’essence et d’hypostase (inspirées du philosophe grec Plotin) ont été introduites dans le dogme de la Trinité.

Un dernier exemple qui peut achever de nous convaincre de l’absence totale d’une influence chrétienne dans le Coran, le Livre universel par excellence, qui transcende les textes religieux qui sont apparus bien après les premières révélations authentiques, se trouve dans la sourate La Table servie (Al Ma’ida). Une histoire dont les acteurs principaux sont Jésus et les Apôtres soumis à Dieu. Ce récit n’existe nulle part dans les différentes Bibles.

Laissons alors la dernière partie de la Sourate déployer toute sa splendeur dans la description de la grandeur spirituelle de Jésus et de ce dialogue transcendantal et majestueux entre ce dernier et Allah :

« 112. (Rappelle-toi le moment) où les Apôtres dirent : “Ô Jésus, fils de Marie, se peut-il que ton Seigneur fasse descendre sur nous du ciel une table servie ? ” Il leur dit : “Craignez plutôt Allah, si vous êtes croyants”.113. Ils dirent : “Nous voulons en manger, rassurer ainsi nos cœurs, savoir que tu nous as réellement dit la vérité et en être parmi les témoins”.114. “Ô Allah, notre Seigneur, dit Jésus, fils de Marie, fais descendre du ciel sur nous une table servie qui soit une fête pour nous, pour le premier d’entre nous, comme pour le dernier, ainsi qu’un signe de Ta part. Nourris-nous : Tu es le meilleur des nourrisseurs.” 115. “Oui, dit Allah, Je la ferai descendre sur vous. Mais ensuite, quiconque d’entre vous refuse de croire, Je le châtierai d’un châtiment dont Je ne châtierai personne d’autre dans l’univers.” 116. (Rappelle-leur) le moment où Allah dira : “Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : “Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d’Allah ? ” Il dira : “Gloire et pureté à Toi ! Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire ! Si je l’avais dit, Tu l’aurais su, certes. Tu sais ce qu’il y a en moi, et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. Tu es, en vérité, le grand connaisseur de tout ce qui est inconnu.

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  1. Je ne leur ai dit que ce Tu m’avais commandé, (à savoir) : “Adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur”. Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand Tu m’as rappelé, c’est Toi qui fus leur observateur attentif. Et Tu es témoin de toute chose. 118. Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs. Et si Tu leur pardonnes, c’est Toi le Puissant, le Sage”. 119. Allah dira : “Voilà le jour où leur véracité va profiter aux véridiques : ils auront des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux pour y demeurer éternellement.” Allah les a agréés et eux L’ont agréé. Voilà l’énorme succès. 120. À Allah seul appartient le royaume des cieux, de la terre et de ce qu’ils renferment et Il est Omnipotent[21]».

Ceci nous amène à parler de l’universalité du Coran.

3. L’universalité du Coran

 Nous savons que le message coranique et les dires du prophète s’appliquent à l’humanité tout entière. Dans le Coran, il est même relaté des batailles qui ont eu lieu entre les Romains et les Perses. Par exemple, il y a ce verset : « Alif. Lām. Mīm. Les Romains ont été vaincus, dans les parties les plus proches / basses du pays. Mais après leur défaite, ils vaincront à leur tour, dans quelques années. L’ordre appartient à Allah, avant et après. En ce jour-là, les croyants se réjouiront[22]».

Ce verset, révélé vers 622, évoque une défaite militaire subie par les Byzantins, qui sont venus se battre contre les Sassanides vers 619, sur les bords de la mer Morte. Ce qui est extraordinaire, c’est que les Romains se ressaisirent et remportèrent une éclatante victoire contre les Perses vers 627, soit cinq années après la révélation du verset coranique qui avait prédit cette victoire ainsi que l’enchaînement des évènements de cette guerre.

Ce qui est remarquable dans ce verset, ce n’est pas uniquement sa nature prémonitoire, mais c’est surtout l’intérêt porté aux autres civilisations, puisqu’il parle de la guerre entre les Romains et les Perses. C’est un sujet d’actualité à l’époque, mais les premiers musulmans n’étaient pas informés du déroulement des évènements.

Par ailleurs, le prophète Muhammad a envoyé des messages aux rois byzantin, perse et copte d’Égypte de l’époque, ce qui témoigne que l’Islam était destiné à devenir une religion universelle. L’universalité du Coran est reflétée dans le message adressé par le prophète à Héraclius :

       « De Muhammad, Messager de Dieu, à Héraclius, souverain de Byzance. Que la paix soit sur ceux qui suivent le bon chemin. Je t’appelle à croire à l’islam. Deviens musulman et tu seras en sécurité, et Dieu t’accordera une double récompense. Si tu refuses, tu en porteras la responsabilité pour les ariens. ».

Ce qui est étonnant, c’est que cette référence aux ariens montre que le prophète de l’Islam savait qu’il y avait parmi les Romains des gens qui croyaient à l’unicité divine, et refusaient la trinité, comme il est édicté dans le Coran. Les ariens, qui sont les adeptes du prêtre égyptien Arius, partagent en effet de telles croyances.

Dans le Coran, il est également fait mention aux autres religions monothéistes, en attirant l’attention sur des principes communs entre l’Islam, le judaïsme et le christianisme, malgré la déformation des Livres révélés des deux dernières religions. Voici un verset qui le montre :

« Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l’Évangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants[23] ».

Lorsque le prophète Muhammad subit une grande épreuve dans une ville païenne, à Al-Taif, dans laquelle les habitants ont pourchassé l’envoyé de Dieu en lui jetant des pierres, un domestique chrétien du nom d’Addas fut envoyé par les propriétaires d’un jardin dans lequel le prophète s’était réfugié et lui dirent : « cueilles de ce raisin, mets-le dans un plat et portes-le à cet homme ». Le Prophète dit : « Et toi, de quel pays viens-tu ? ». ‘Adda répondit : « Je suis chrétien, originaire de Ninive ». Le Messager d’Allah reprit : « Tu es originaire du village d’un homme vertueux : Younous Ibn Matta ».

Le garçon lui demanda : « Comment connais-tu Younous Ibn Matta ? ». Le Prophète lui répondit : « C’est mon frère. C’était un Prophète et moi aussi je suis Prophète ». A ces mots, Addas se mis à embrasser la tête, les mains et les pieds du Prophète[24]. Voici donc un bel exemple de « Tu aimeras to prochain » et « Tu connaîtras les vertueux des autres religions », ce sont là des appels universels.

Alors que les théologiens juifs affirment que Jésus s’adresse aux juifs exclusivement, selon les affirmations de rabbins d’époques tardives – à l’instar de Moïse Maimonide, un théologien et un philosophe juif d’Andalousie, qui aurait affirmé que le meurtre d’un païen n’est pas un interdit[25] – le Coran, en revanche, interdit le meurtre de personnes non musulmanes :

           « Ne tuez pas, injustement, la vie que Dieu a fait sacrée. Voilà ce que Dieu vous a enjoint ; peut-être comprendrez-vous[26]».

Voilà ce qu’en dit le Coran. Là, il parle de toute vie, y compris celle des animaux. Dans un sens plus profond, il a élevé les êtres humains à une haute dignité et ainsi leur vie, leurs biens et leurs droits sont sauvegardés en Islam : « Nous avons certes anobli les fils d’Adam, Nous les avons transportés dans la terre comme la mer et nous les pourvoyons de bonnes choses, par conséquent Nous les avons privilégiés sur beaucoup de nos créatures[27]».

Dans le Coran, la vie des non-musulmans est protégée : « Et si l’un des non-musulmans te sollicite la paixrends-la-lui jusqu’à ce qu’il rentre chez lui en toute sécurité[28]».

On raconte que lorsqu’un certain Musaylama s’est déclaré comme un prophète en dénonçant Muhammad, ce dernier n’a pas été tué par le prophète lorsqu’il est tombé entre les mains des musulmans.

Voici ce que Muhammad a dit aux émissaires envoyés par Musaylama : « Vous ne me reconnaissez pas comme messager, mais je ne pourrais vous tuer, car Dieu nous a ordonné de préserver la vie des émissaires[29]».

Lorsqu’après plusieurs années de lutte contre les Quraychites et leurs alliés, il prit La Mecque à la tête de dix mille hommes, il déclara à l’adresse de ces ennemis vaincus : « Vous êtes des hommes libres ». Quelle belle expression de mansuétude au moment de la victoire définitive !

Lorsque le Prophète Muhammad déclare « Vous êtes des hommes libres », peu importe que les destinataires soient des juifs, des musulmans ou des païens, ce message est universel, c’est un message de paix, de haute spiritualité et de haute tenue morale. Dans le cas de Muhammad, on remarque une mansuétude et un respect à toute épreuve envers la vie d’autrui, qu’il soit païen, juif ou chrétien.

Aujourd’hui, il est de bon ton de dénigrer, de vouer aux gémonies l’Islam, ou encore de l’accuser de tous les maux, en raison des tumultes complexes et souvent tragiques qui secouent le monde, en particulier les attentats terroristes. Or, dans l’histoire de l’Islam, on observe souvent combien les musulmans se sont montrés cléments et respectueux de la vie de personnes non musulmanes.

Par exemple, les Perses musulmans (Samanides) n’ont jamais pris comme esclaves des gens de tribus turques, vivant non loin des frontières de ce royaume, qui se convertissaient à l’Islam, et ce, conformément aux commandements du Coran. Cette attitude des royaumes musulmans de Perse a entraîné la conversion à l’Islam de la plupart des Turcs d’Asie centrale, un évènement de grande ampleur dans l’histoire de l’humanité. Contrairement aux idées reçues et banalisées à dessein, ce sont souvent les adversaires des musulmans qui firent preuve d’une grande cruauté et inhumanité

Par exemple, lorsque Jérusalem tomba en 1099 aux mains des croisés, ces derniers ont massacré une centaine de milliers d’habitants, musulmans comme juifs. Lorsque cette ville a été reprise par les musulmans en 1187, ceux-ci n’ont passé aucun chrétien au fil de l’épée. Bien avant les croisades et à l’issue de la bataille sanglante de Manztikert en 1072, les Seldjoukides libérèrent l’empereur byzantin, Romain Diogène IV, qui avait été fait prisonnier. Mais ce dernier sera aveuglé, à son retour à Constantinople, par ses propres coreligionnaires chrétiens.

Quand Umar Ibn Al Khâtab s’est rendu à Jérusalem, peu après sa prise par les armées musulmanes, il déclara que, selon le Coran, les musulmans avaient un droit de regard sur cette région sacrée, berceau de Jésus et destination par excellence de l’Ascension nocturne du Prophète Muhammad. La démarche de ce Calife s’explique par le fait que le message coranique est un message fraîchement révélé du Ciel, et qu’il transcende les anciens messages qui ont été jadis manipulés par des individus avides de puissance et de biens matériels.

Le retour à la spiritualité divine passe par la reconnaissance de cette transcendance et de cette tutelle spirituelle musulmane sur les autres religions. On le constate très bien lorsqu’en 638, la ville romaine d’Ilia, construite par l’Empereur Hadrien en 135, non loin de l’ancienne Jérusalem, s’est rendue pacifiquement aux armées musulmanes. Umar Ibn al-Khâtab a soumis les bâtiments, qui avaient été par le passé des temples païens, et les populations chrétiennes à la Djizia en échange de leur liberté religieuse et civile. Il a ressuscité la région du Temple qui, jadis, fut le sanctuaire des Juifs et avait été rasée par les Romains en 70 après J.-C.

En raison de l’existence du Rocher, où le Prophète Muhammad entama son Ascension nocturne, le Calife nettoya le Mont du Temple qui avait été abandonné par les chrétiens et transformé en décharge publique. C’est cet endroit qui deviendra le Haram ash-Sharîf (Esplanade des Mosquées), où la Mosquée d’al-Aqsa fut érigée.

En réalité, le Calife Umar a libéré les Juifs, lesquels furent autorisés à vivre à Jérusalem. Avant l’arrivée des musulmans, les Juifs furent persécutés, massacrés ou encore chassés par les Byzantins. Le Calife n’a pas non plus transformé les églises chrétiennes en mosquées, tout en ressuscitant la région du Temple et en affichant l’Islam comme une puissance spirituelle transcendantale dans cette région sacrée, et non comme une simple domination militaire. Voilà qui démontre magistralement l’esprit universel de l’Islam.

Dans la cinquième et dernière partie de notre article, nous aborderons la notion de « providence », connue initialement dans le christianisme, et sa signification exacte dans le Coran.

Puis, on terminera en présentant de manière succincte une alternative à l’islamologie moderne qui puise dans les fondements de l’Islam et laisse se déployer le véritable message coranique, sans aucune intrusion d’éléments étranger dans le Livre sacré.

A lire sur Oumma «L’islamophobie intellectuelle : une critique». La saine critique de Rafik Hiahemzizou dans un essai éclairant

 

[1]Sourate 2 : Versets 35-37.

[2]Coran 2 : 60.

[3]Sourate 2 : Versets 38-39.

[4]Sourate 2 : Versets 30-31

[5] Luc 3 :22.

[6] Jean 1 :32.

[7] Sourate 19. Maryam.

[8] Sourate Al M’aida (La Table).

[9]Sourate, 4, 157-158.

[10]Mahmoud M. Ayoub (April 1980) Towards an Islamic Christology II : The Death of Jesus, Reality or Delusion (A Study of the Death of Jesus in Tafsir Literature. The Muslim World. Hartford Seminary. 70 (2) : 106 et Mourad Suleiman, Does the Qurʾāndeny or assertJesus’s crucifixion and death ?” dans New Perspectives on the Qur’an – The Qur’an in its Historical Context 2, Routledge, Londres, 2011, p. 356. Mais un groupe de chercheurs comme Charfi, Marx, Reynolds estiment que le passage du Coran sur le faux-semblant est ambigu.

[11]Mahmoud M. Ayoub affirme par exemple : « Le Coran, comme nous l’avons déjà dit, ne nie pas la mort du Christ. Plutôt, il défie les êtres humains qui, dans leur folie, se sont trompés en croyant qu’ils vaincraient la Parole divine, Jésus-Christ, le Messager de Dieu. La mort de Jésus est affirmée plusieurs fois et dans divers contextes », Op.cit. Ayoub (3 :55 ; 5 :117 ; 19 :33.).

[12]Sourate, 5 :117.

[13] Comme Gabriel Reynolds dans The Muslim Jesus : Dead or alive ? Bulletin of SOAS, 72(2) (2009), 242

[14]Sourate .3 :55.

[15]Comme dans la traduction du Coran par Kazimirski. Éditions Ducourt, 2020.

[16]Le plus ancien représentant de ce mouvement qui a renié la crucifixion de Jésus est  Leucius Charinus qui vivait au IIe siècle et qui a été même un compagnon de l’apôtre Jean de Zébédée. Mais son appel véridique au rejet de la crucifixion a été jugée comme apocryphe lors du Concile de Nicée en 787.

[17]Op.cit.Reynolds, p.242.

[18] Sourate Al M’aida (La Table).

[19]Ibid.

[20] Rudolf Bultmann Le Christianisme primitif dans le cadre des religions antiques, Traduction de Pierre Jundt, Paris, Payot, 1950.

[21] Sourate du Coran La Table servie, versets.112-120.

[22]Coran, sourate 30, « Ar-Roum » (Les Romains), versets 1- 4.

[23]Coran 7/157.

[24]Sadjine.com/prophete/sa-vie/prophete_taif.htm.

[25]Op.cit.Dawkins, p.323.

[26]Coran, Sourate « les Bestiaux », 51.

[27]Coran, Sourate « voyage nocturne », 70.

[28] Coran « Le Repentir », 6.

[29]Albani Sunan Abû Dâwûd 2/174.

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