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Un rapport accablant sur l’intégration fustige la polémique sur le port du voile

Matignon se mordrait-t-il les doigts d’avoir commandé un rapport sur la politique d’intégration dont les conclusions et préconisations, tout à la fois accablantes pour tous les gouvernements et à contre-courant de la doxa dominante, jettent un gros pavé dans la mare républicaine ? Faut-il voir dans l’annulation au dernier moment de sa présentation officielle, prévue aujourd’hui, un funeste présage ?

Pourtant, en confiant au conseiller d’Etat Thierry Tuot, ancien directeur général du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles (FAS), et auteur d’un précédent réquisitoire «Les indésirables» contre l’inertie de la France en matière d’intégration des étrangers, la lourde tâche de dresser le bilan de 30 ans d’une politique d’intégration mille fois torpillée, et avec elle une certaine idée de la France, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, devait bien s’attendre à un état des lieux sans complaisance, donnant un grand coup de pied dans la fourmilière des certitudes et des idées reçues.

Mais Thierry Tuot, l’empêcheur de gouverner en rond et de se complaire dans l’auto-satisfaction, aurait-il rendu une copie plus vitriolée que ne l'imaginait le chef du gouvernement, en épinglant notamment la tyrannie laïcarde qui voue aux gémonies l’islam et les musulmans ?

Ses deux propositions majeures, qui ne lui vaudront certainement aucune palme rutilante, à part celle de la franchise dans un océan de contrevérités, recommandent d’accorder un «titre de tolérance» pour régulariser progressivement une grande partie des sans-papiers et d’en finir avec les controverses incessantes sur le port du voile.

"La politique de lutte pour l'intégration des immigrés a toujours été un désir ou un regret (…) plutôt qu'une réalité", dénonce-t-il, dans un rapport transmis à l'AFP. Les responsables, "tous partis confondus", ont "oublié jusqu'au mot même d'intégration" et ont "détruit les outils" de cette politique, en coupant les crédits des établissements et des associations, critique-t-il.

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La majorité des sans-papiers sont inexpulsables "soit parce que le pays vers lequel on les reconduirait leur ferait un très mauvais sort" soit en raison de leur "situation personnelle (enfants, santé…)", affirme-t-il.

Aux débats poudre aux yeux sur l’islam, aux polémiques passionnelles et bruyantes qui exacerbent l’islamophobie tout en faisant diversion sur le plan politique, à la diabolisation du voile, Thierry Tuot dit «Stop !» et pointe du doigt "le laïcisme de combat, furibond et moralisateur".

"La France a-t-elle jamais dépendu de ce qu'un bout de tissu – boubou, coiffe bretonne, chèche ou béret – soit porté d'une façon ou d'une autre?", interroge-t-il, tout en listant ses suggestions, dont certaines sont à forte charge symbolique : ériger un "mur du souvenir" aux soldats étrangers morts pour la France, créer des "lieux de mémoire" dans les quartiers, sans oublier les anciens immigrés, pour lesquels il suggère de rénover rapidement les foyers Adoma (ex-Sonacotra), et de faciliter leurs allers et retours entre la France et le pays d'origine.

La multiplication des carrés musulmans dans les cimetières figure aussi sur la liste des réformes soumises au gouvernement par Thierry Tuot, qui mène, à son tour, une chasse aux sorcières mais uniquement contre les fantasmes qui obscurcissent la réalité.

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