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Ramadan 2025: entre tradition et calculs astronomiques

Une date attendue mondialement

Les musulmans du monde entier se préparent à accueillir le mois béni du Ramadan 2025. La date exacte du début du jeûne fait l’objet de différentes prévisions selon les pays et les méthodes d’observation.

La tradition de l’observation lunaire

Selon la tradition islamique, le début du Ramadan est déterminé par l’observation du croissant lunaire. Les comités officiels d’observation de la lune dans plusieurs pays musulmans se réuniront le vendredi 28 février pour tenter d’apercevoir le croissant. Si celui-ci est visible, le jeûne débutera le samedi 1er mars. Dans le cas contraire, il commencera le dimanche 2 mars.

Les directives saoudiennes

L’Arabie Saoudite se prépare activement pour le Ramadan 2025. Selon Sheikh Abdullah bin Suleiman al-Manea, conseiller à la cour royale et membre du Conseil des Oulémas, le début du Ramadan est prévu pour le 1er mars, avec une durée de 29 jours cette année. Le ministère saoudien des Affaires islamiques a déjà émis plusieurs directives, notamment l’interdiction des retransmissions en direct et des enregistrements vidéo dans les mosquées pendant les prières, y compris les Taraweeh. Cette mesure vise à préserver la sacralité des lieux de culte et l’atmosphère spirituelle. Le Dr Abdulrahman Al Sudais, responsable des Affaires religieuses des deux Saintes Mosquées, a également annoncé le renforcement de la digitalisation des plans opérationnels pour améliorer l’expérience des pèlerins de la Omra pendant ce mois. Les calculs astronomiques indiquent que le Ramadan continuera de tomber pendant les mois d’hiver jusqu’en 2031, avant de basculer en automne pour les huit années suivantes.

Les préparatifs au Maroc

Au Maroc, les préparatifs pour le mois  de Ramadan ont déjà commencé avec plusieurs mesures gouvernementales. Les astronomes prévoient le début du Ramadan pour le 2 mars, l’observation du croissant lunaire s’annonçant “extrêmement difficile” selon les experts locaux. En préparation du mois sacré, le gouvernement marocain a déjà pris des dispositions pratiques, notamment le retour à l’heure GMT dès le dimanche 23 février à 3 heures du matin, conformément au décret 2.18.855. Les Marocains devront ainsi retarder leurs montres de 60 minutes. Ce changement horaire, qui durera jusqu’au 6 avril, vise à faciliter l’organisation du jeûne et des prières pendant le Ramadan. Par ailleurs, une Commission ministérielle de veille a été mise en place pour assurer l’approvisionnement des marchés et lutter contre la spéculation pendant cette période.

La consultation scientifique en Tunisie

En Tunisie, l’Institut National de la Météorologie (INM) a présenté le 25 février son rapport sur l’observation du croissant lunaire au Mufti de la République, Cheikh Hichem Ben Mahmoud. Cette démarche scientifique, menée par Yassine Zarrouki, chef du service d’astronomie de l’INM, s’inscrit dans le processus officiel de détermination du début du Ramadan. Toutefois, la décision finale revient exclusivement au Dar Al-Ifta, seule autorité habilitée à annoncer officiellement le début des mois lunaires dans le calendrier hégirien.

L’expertise scientifique algérienne

En Algérie, l’association d’astronomie Sirius, basée à Constantine, a apporté un éclairage scientifique précis. Selon ses calculs astronomiques publiés le 24 février, la conjonction lunaire se produira le vendredi 28 février à 01h45 (heure locale). Bien que l’observation officielle reste la prérogative de la commission nationale, Sirius anticipe le début du Ramadan au samedi 1er mars 2025, notant qu’exceptionnellement cette année, le mois sacré coïncidera parfaitement avec le mois de mars du calendrier grégorien.

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Les décisions dans les pays occidentaux

Dans les pays occidentaux, différentes approches sont adoptées. En France, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a déjà fixé le début du Ramadan au samedi 1er mars 2025, s’appuyant sur des critères de calcul adoptés en 2013. Le CFCM a également annoncé que la Zakat El Fitr est fixée à 9 euros par personne cette année. Aux États-Unis, le Fiqh Council of North America a annoncé, dès le 24 février, que le croissant lunaire devrait être visible dans la soirée du 28 février, fixant ainsi le début du Ramadan au 1er mars. Le conseil précise que les prières de Taraweeh débuteront dès le 28 février au soir dans les mosquées américaines.

Entre calendrier lunaire et solaire

Cette divergence de dates s’explique par le fait que le calendrier islamique suit un cycle lunaire, contrairement au calendrier grégorien basé sur le soleil. Ainsi, le Ramadan peut tomber à différentes périodes de l’année, se déplaçant progressivement de saison en saison. Cette particularité fait partie intégrante de la pratique musulmane, permettant aux fidèles de vivre l’expérience du jeûne dans des conditions climatiques variées au fil des années.

Organisation communautaire

Pour faciliter l’organisation des fidèles, de nombreuses mosquées et centres islamiques proposent déjà des programmes spéciaux pendant le Ramadan, incluant des prières nocturnes (Tarawih), des repas communautaires pour la rupture du jeûne (Iftar) et des activités caritatives. Ces initiatives visent à renforcer le lien social et spirituel pendant ce mois béni, indépendamment de la date précise de son début.

Le débat britannique

Au Royaume-Uni, l’absence de comité officiel d’observation soulève des débats. Certains, comme Imad Ahmed de la New Crescent Society, préconisent une observation locale plutôt que de suivre les annonces saoudiennes : “Il est temps que les musulmans britanniques observent leur propre ciel plutôt que de dépendre des annonces étrangères.”

Cette situation met en lumière un débat plus profond au sein de la communauté musulmane mondiale : la tension entre tradition et modernité dans la pratique religieuse. D’un côté, l’observation physique du croissant lunaire représente une continuité historique importante ; de l’autre, les avancées astronomiques permettent des calculs précis plusieurs années à l’avance. Cette dualité reflète les défis contemporains de l’islam, entre préservation des rituels traditionnels et adaptation aux exigences de la vie moderne, particulièrement dans les sociétés occidentales où la planification à long terme est souvent nécessaire.

L’approche algérienne, combinant expertise astronomique et respect des instances religieuses officielles, tout comme celle du Fiqh Council américain, illustrent des tentatives réussies d’harmonisation entre science et tradition, proposant ainsi des modèles de coexistence entre calculs  astronomiques modernes et pratiques traditionnelles d’observation.

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