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Pourquoi choisir entre la culpabilisation et le silence?

Les musulmans de France se sont mobilisés d’une manière spontanée, responsable et unanime face au groupe terroriste « Daesh » et notamment après l’assassinat de notre compatriote Hervé Gourdel. Cette mobilisation a été perturbée par des sommations réclamant aux musulmans de hausser davantage la voix et de se démarquer « plus clairement » du terrorisme qui se réclame de l’islam afin de  « dissiper toute ambiguïté » !  

Alors que ce débat entre partisans et opposants à la mobilisation des musulmans de France enfle et que des voix s’élèvent pour dire « stop à la culpabilisation », il est important de revenir sur les fondamentaux et préciser les objectifs et le sens de cette mobilisation.

Il faut dire d'emblée  que les opposants comme les partisans se sont sentis agacés par  ce qui s’apparente à un procès d’intention et à une remise en cause consciente ou inconsciente de l’adhésion pleine et entière des musulmans de France aux principes qui fondent notre pacte républicain. Tous soutiennent que les musulmans n’ont pas à céder aux pressions et à la justification permanente car personne ne demande aux citoyens d’autres traditions religieuses et philosophiques de réagir lorsque des crimes sont commis par des individus ou des organisations se réclamant de ces mêmes traditions, (voir les exemples cités ci après).

Si les opposants, agacés par ces injonctions et ces assignations, réagissent par leur refus de lamobilisation des musulmans qu’ils considèrent comme une forme de culpabilisation collective participant  à leur stigmatisation, c’est qu’au fond, il partent inconsciemment du postulat selon lequel la mobilisation des musulmans de France est destinée uniquement à rassurer leurs concitoyens et à leur faire part de leur loyauté envers la République et de leur désolidarisation du terrorisme.

Les partisans de la mobilisation refusent ce postulat qui ne reflète pas la réalité. Les principaux opposants de DAESH sont d’abord les musulmans, et qu’ils en sont parmi les premières et grandes victimes.

Par ailleurs, refuser l’injonction et l’assignation nedoit pas amener les musulmans de France à renier leurs principes et à abandonner leur combat contre le terrorisme et notamment celui qui fait référence à l’islam pour légitimer sa cruauté et sa barbarie. Abandonner ce combat accréditerait justement la thèse de ceux qui sèment le doute sur la sincérité des réactions des musulmans face au terrorisme pour n’y voir qu’une posture vide de toute conviction sincère.

Toute personne pourvuede discernement sait bien que les musulmans ne sont pas responsables des atrocités commises par ceux qui se réclament de l'Islam pour répandre la mort et la terreur. Tout comme les chrétiens ne sont pas responsables de la tuerie de Breivik en Norvège, ni des exactionscontre les musulmans en Centrafrique. Les orthodoxes ne sont pas responsables des crimes de Milosevic contre les musulmans de Bosnie. Les juifs ne sont pas responsables de la tuerie de Baruch Goldstein à la mosquée de Hébron. Les Bouddhistes ne sont pas responsables des massacres des musulmans en Birmanie.

Les musulmans doivent dénoncer les amalgames douteux, les injonctions malveillantes, les arguments des adeptes de la prétendue « guerre des civilisations » tout en restant confiants dans le sens des responsabilités qui anime l’immense majorité de nos concitoyens. L’appel des institutions religieuses et civiles de notre pays à la vigilance face à tout amalgame qui transformerait la lutte contre le terrorisme en une stigmatisation de l’islam et des  musulmans, est un gage de responsabilité.

Par leurs réactions, leurs appels et leurs manifestations contre le terrorisme, quel est le message que les musulmans de France veulent transmettre et à qui ce message est-il destiné ? C’est la réponse à cette question qui permettrait de mieux comprendre les positions des uns et des autres.

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Pour les partisans de la mobilisation, trois principaux messages méritent d’être rappelés. Le premier message est un témoignage de compassion et un geste de solidarité en direction de la famille de notre compatriote Hervé Gourdel, durement éprouvée. Le lien de fraternité républicaine qui nous unit, nous invite à cette solidarité et en fait une exigence morale et un devoir citoyen. De tous les citoyens !

Le second message est en direction des terroristes et de leurs soutiens. Le départ de centaines de jeunes de différents pays, notamment de France, pour renforcer les rangs terroristes, encourage ces derniers dans leur entreprise de la mort et les réconforte dans leur rêve de bâtir un soi-disant « Etat islamique » sans frontières. L’absence ou la faiblesse de la condamnation peuvent être interprétées par ces terroristes comme un consentement voire un encouragement qui renforcerait davantage leur détermination et leur conviction sur le bien fondé de leur entreprise. Ceci participe à éclairer, et peut-être dissuader, les candidats au  prétendu ‘jihad de Daesh’.

Au contraire, la multiplication des appels, des manifestations et des rassemblements des citoyens du monde entier pour dénoncer avec force les atrocités des terroristes et afficher un front uni face à leur prétendu État, participeraient à leur isolement. Une action coordonnée de la communauté internationale pour les priver de leurs moyens financiers, économiques et militaires, entamerait à coup sûr leur détermination et dissuaderait leurs éventuels soutiens.

Le troisième message est en direction de ceux qui s’interrogent sur le lien qui pourrait exister entre l’islam et l’idéologie meurtrière des terroristes. Pour ceux là, il est utile de rappeler que 95% des victimes du terrorisme sont de confession musulmane et que selon le coran, la vie humaine est une et indivisible: « Quiconque tue un être humain…tue l'humanité toute entière. Quiconque sauve un être humain sauve la vie de l'humanité toute entière !» (Coran, S.5-V.32).Le terrorisme ne peut se prévaloir de l’islam, et la victime du terrorisme quelle que soit sa religion, est avant tout un être humain dont la vie vaut celle de l’humanité toute entière. Le fait que certains terroristes se prévalent de la religion musulmane, en confisquant son vocabulaire, ne change en rien à cet état de fait.

Le coran dit également, en s’adressant au prophète Muhammad (PBSL) et à travers lui à tous les musulmans : « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers ». (Coran, S-21, V.107). L’essentiel de la mission de la foi musulmane est d’éveiller la conscience du croyant af
in que ce dernier agisse avec amour et miséricorde et non qu’il devienne, au nom d’une vérité qu’il prétend être le seul à détenir, un élément destructeur de lui-même et des autres.

Que dire alors des textes coraniques qui font référence à la guerre et à la lutte armée ? Avant tout, il faut souligner que la guerre est considérée par le coran comme un incendie qu’il faut éteindre par tous les moyens : « Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Ils s'efforcent de semer le désordre sur la terre. Allah n'aime pas les semeurs de désordre. » (Coran, S.5- V. 64).

Si le Coran a autorisé aux musulmans de repousser l’agression et de porter assistance aux personnes en danger: « Ceux qui ont été l’objet d’une agression, parce qu'ils ont été injustement traités, sont autorisés à se battre contre leur agresseurs.  Allah a assurément le pouvoir de les aider. (…) Si Allah ne repoussait pas certains hommes par d'autres, les cloîtres auraient assurément été démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah est souvent mentionné.» (Coran, S.22-V.39-40), il leur a ordonné de préserver la paix par tous les moyens : « S'ils demandent la paix, après t’avoir agressé, accepte la paix en te confiant à Dieu, (…) Si, par cette demande, ils cherchent uniquement à te tromper, accepte la paix et qu'il te suffise d'avoir Dieu avec toi ! N'est-ce pas Lui qui t'a déjà prêté Son assistance …» (Coran, S.8-V.60-63).

Nous Musulmans de France, devons rester  fidèles à nos convictions, fidèles dans notre témoignage, droits dans nos engagements contre le terrorisme qui cherche à légitimer ses crimes en se cachant derrière un vocabulaire islamique et des appellations usurpées. Nous ne pourrons rester silencieux face aux souffrances infligées et aux atrocités commises au nom de l’islam, ni rester silencieux face aux menaces proférées contre notre pays et nos compatriotes par des terroristes qui prennent en otage notre religion et transgressent sans cesse ses principes et ses valeurs.  

Que ceux qui enjoignent aux musulmans « d’en faire plus » prennent la mesure de leurs responsabilités. Par cette attitude non républicaine, ils participent à la division des citoyens français. Dans pareilles circonstances, œuvrer pour l’unité de tous les français est plus qu’une nécessité, c’est un devoir.

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