Depuis plusieurs années maintenant, la France est touchée de plein fouet par l’islamisme et le terrorisme et aucune strate de la population n’est épargnée (hommes, femmes, enfants, musulmans, chrétiens, juifs, athées, policiers, enseignants, journalistes et tant d’autres). Des actes monstrueux et abjects sont commis au nom de la religion musulmane et nombreux sont les musulmans à rejeter de toutes leurs forces ces crimes en affirmant : « ce n’est pas ça l’islam ! ».
Mais je ne peux m’empêcher d’appeler mes coreligionnaires, Français musulmans ou Musulmans de France, à ouvrir grand les yeux sur la gravité de ce que véhicule une partie du patrimoine islamique que nous connaissons parfois très peu. La réalité est que de nombreux textes de la littérature musulmane donnent du grain à moudre et légitiment d’une certaine manière ces atrocités par le biais de hadîths imputés au prophète Muhammad, d’exégèses coraniques orientées ou d’avis religieux (fatwas) qualifiés de majoritaires ou de consensuels. Le Coran est innocent de cela, mais pas ce que des Hommes lui font dire depuis des siècles. 80% des musulmans du monde sont sunnites, mais ils sont très souvent par traditions et beaucoup ignorent ce que véhicule une partie importante du patrimonial littéraire et juridique sunnite. Il faut être lucide, car il est trop facile et teinté de pusillanimité que de dire : « ces gens sont malades et leur cas relève de la psychiatrie » comme si nous ne voulions pas voir ce qu’il y a sous nos yeux.
Qu’on ne s’y trompe pas : il n’y a aucun manque de respect de ma part dans ma critique d’un courant religieux dont la grande majorité des musulmans se réclame, et dont je me suis réclamé moi-même durant des années, car je suis trop conscient qu’on le fait souvent par suivisme de ce que faisaient nos ascendants ou la majorité des gens qui nous entourent, exactement comme c’est le cas des chiites, des catholiques ou des protestants.
Mais voyons clair : les djihadistes et terroristes se basent sur le fiqh (droit) musulman sunnite, sur des exégèses sunnites, des avis religieux sunnites et des hadiths validés par le sunnisme. Quand al-Qaïda a menacé le président E. Macron, il l’a fait avec une référence à des hadiths validés par le sunnisme et par ce que des savants sunnites ont dit. Abû ‘Abdallah al-Muhâjir a rédigé un livre qui fait autorité chez les djihadistes (Masâ`îl min fiqh al-jihâd – Questions relatives à la jurisprudence du jihâd) et dans lequel il mentionne comme références juridiques plusieurs des plus grands théologiens de l’héritage sunnite des quatre Écoles (Ibn Taymiyya, Ibn Jarîr at-Ṭabarî, Ibn Kathîr, Ibn al-‘Arabî, al-Bayhaqî, Ibn al-Qayyim, as-Sarakhsî, al-qâḍî Abû Ya’lâ, al-Kâsânî, Ibn Qudâma, Ibn Ḥazm, Abû Ḥanîfa, ash-Shâfi’î, adh-Dhahabî, etc.).
Les musulmans ne peuvent pas d’un côté faire un lien direct entre des théories virulentes et xénophobes d’extrême droite et les attentats commis contre des mosquées et des musulmans, et en parallèle fermer les yeux sur le lien évident existant entre les actes commis par des groupes terroristes se réclamant de l’islam et plusieurs avis, idées et positions véhiculées dans le sunnisme depuis des siècles. Personne ne peut nier cette relation et prétendre que l’islam sunnite en serait totalement innocent.
Il ne s’agit pas de caricaturer le propos en affirmant que le sunnisme est la source de tous ces maux ou que ce courant religieux ne peut mener qu’à la violence, ce qui serait totalement faux, mais il faut prendre conscience que le dédouaner ne permettra pas de trouver de véritables solutions pour lutter contre les dérives qu’il engendre. A l’évidence, il y a un problème avec ce que véhicule une partie du patrimoine, ceci n’étant pas propre à l’islam, mais il faut avoir la lucidité de le voir, l’honnêteté de le reconnaître, le courage de le dénoncer et l’envie d’œuvrer pour lutter contre.
Le monde se souvient de cet effroyable 07 janvier 2015 lorsque Chérif et Saïd Kouachi ont pénétré dans les locaux du siège du journal Charlie Hebdo et ont tué, au « nom d’Allah », douze personnes, dont huit membres de la rédaction du journal satirique, et en blessèrent presqu’autant. Cinq ans plus tard, c’est Samuel Paty, l’un de mes collègues, qui se fit décapiter pour avoir osé montrer en classe des caricatures, entre autres, de « Mahomet ».
Fort heureusement, des milliers de musulmans ont rejeté ces crimes. Toutefois, une question se pose d’un point de vue religieux et au-delà de la question de l’endoctrinement de ces individus par des groupes terroristes ou extrémistes : est-il correct de dire que leur tuerie ne trouve aucune justification dans l’islam ? Trouve-t-on dans le patrimoine de l’islam sunnite des textes qui pourraient justifier ou donner une forme de légitimité à ce type de massacre ?
Pour répondre à cette question, ouvrons par exemple la Risâla d’Ibn abî Zayd al-Qayrawânî étant donné qu’il s’agit d’un livre référence de l’École mâlikite, vendu et enseigné aujourd’hui en France, et que l’École mâlikite est celle qui est majoritairement présente dans notre pays en lien avec l’immigration d’Afrique du Nord et sahélienne. Alors, en ouvrant ce livre et en se référant aux explications des théologiens de cette École, on trouve plusieurs points qui répondent à notre question. Il est expliqué que :
- Celui qui insulte ou dévalorise le prophète Muḥammad (en disant par exemple qu’il était noir ou petit précise-t-on), n’importe quel autre Prophète ou un ange, doit être tué et ce, même s’il se repent. Quant au dhimmî (le tributaire, non-musulman), il est tué s’il insulte ou se moque de Dieu et son Messager. Ainsi, le fait de dire que Dieu est avare ou que Muḥammad n’est pas un Prophète par exemple justifie qu’il soit mis à mort.
- L’imam surnommé le qâdî ‘Iyâḍ rapporte dans ash-Shifâ que Aḥmad ibn Abî Sulaymân, l’élève de l’imâm Saḥnûn, dont l’un des ouvrages (al-Mudawwana) est la première référence du droit religieux dans l’École sunnite mâlikite, a dit qu’il faut exécuter celui qui dit que le Prophète était noir (aswad)i. De même, Ibn al-Mundhîr et bien d’autres théologiens rapportent le consensus des savants musulmans quant au fait qu’il faille tuer celui qui insulte le Prophète(2) . L’imâm at-Ṭabarî rapporte de ‘Alî ibn abî Ṭâlib que son cousin le prophète aurait dit : « On tue celui qui insulte le prophète et on frappe celui qui insulte mes compagnons ». Ajoutons encore que le traditionniste Abû Dâwûd rapporte un récit qui permet de donner une forme de légitimité au passage à l’acte isolé, même sans que cela provienne d’une demande du pouvoir étatique. En effet, dans ce récit on apprend qu’une femme juive aurait été étranglée à mort par un compagnon du prophète parce qu’elle l’avait insulté. Or, en apprenant cela, ce dernier aurait alors annulé le prix du sang pour ce crime, ce qui sous-entend qu’il aurait validé cet acte. (3) D’ailleurs, d’autres ḥadîths présentent des récits similaires, à l’instar de celui rapporté toujours par Abû Dâwûd, et qui au passage fut celui utilisé par al-Qaïda pour justifier l’appel au meurtre du président Macron, et dans lequel nous apprenons qu’un homme aveugle possédait une esclave qui insultait le Prophète et le dénigrait et ce, malgré le fait qu’il le lui interdise et qu’il la réprimande pour cela. Or, comme elle ne cessait ses insultes à l’égard du Prophète, il la tua en la poignardant. Apprenant cela, le Prophète dit alors : « Je témoigne que son sang est hadar » !(4)
Que dire ! Ne sont-ce pas ces récits que les musulmans doivent considérer comme une insulte envers le Prophète ? Ne sont-ce pas ces récits qui donnent l’image d’un homme injuste, qui condamne sans procès, qui valide sans témoin, un homme qui accepte que l’on tue pour le venger car il a été insulté, un homme qui ne respecte pas le Coran qu’il reçoit et qui lui demande pourtant de pardonner à ceux qui l’offensent ou, du moins, de ne pas y prêter attention. Alors pourquoi a-t-on malgré tout accepté ce dernier récits par exemple ? Car il est considéré comme « authentique » (ṣaḥîḥ) : il est rapporté par plusieurs autorités sunnites, l’imâm al-Ḥâkim affirmera qu’il respecte les conditions d’authenticité de l’imâm muslim, l’imâm adh-Dhahabî affirmera qu’il est ṣaḥîḥ (sain par sa chaîne), et même des spécialistes contemporains confirmeront la solidité de sa chaîne de transmission…
En conséquence, sachant que l’on trouve encore des avis similaires ou proches dans d’autres Écoles de droit musulman, à l’image de ce que l’on trouve dans le livre du célèbre Ibn Taymiyya intitulé as-Sârîm al-Maslûl ‘ala shâtim ar-rasûl (Le sabre dégainé contre l’injurieux envers le Messager) (5) ainsi que d’autres récits du même acabit, comment peut-on affirmer que le sunnisme traditionnel(6) n’est pas en partie responsable de ses dérives commises aujourd’hui au nom de l’islam ? Comment peut-on le dédouaner complètement quand il donne du grain à moudre à une telle compréhension de la religion ? Comment ne pas percevoir que la vision du monde et de l’autre qu’il propose et à laquelle il appelle dans plusieurs chapitres juridiques qu’il traite peut engendrer des comportements radicaux, effroyables et monstrueux comme ceux des frères Kouachi ?
Alors certes, on nous dira que ce genre d’acte ou de peine ne s’applique qu’en terre musulmane (dans le sens de terre où la sharî’a est appliquée) et que c’est à l’autorité étatique de les prononcer – ce sur quoi il y a en réalité une divergence, même mineure, entre les ulémas. On nous dira qu’il y a donc des conditions d’application et qu’il faut contextualiser ces avis, car ce fiqh (droit, jurisprudence) fut produit dans une époque médiévale particulière. Mais ceci est une manière de noyer le poisson et de s’aveugler devant l’évidence. Non seulement la contextualisation des avis n’est évoquée que quand cela est arrangeant, puisque dans bien d’autres sujets, notamment relatif aux droits et devoirs des femmes (port du voile, femme imam, femme mariée à un non-musulmans…), la contextualisation et l’origine moyenâgeuses des avis sont jetées aux oubliettes, mais en outre cette excuse est de l’enfumage.
En effet, si l’on dit que ces peines de mort existent dans notre islam, mais qu’elles nécessitent d’être appliquées par un État et non de façon individuelle, alors on cible le problème dans sa forme et non dans le fond car, en disant cela, on valide l’idée qu’une personne coupable de tel ou tel acte ou parole mérite d’être tuée à cause de cela. Et si on raisonne de cette façon, qu’est-ce qui empêche un individu isolé de se dire qu’il n’y a pas d’État en mesure de faire respecter la « Loi d’Allah », surtout dans un pays comme la France, et qu’en conséquence elle fera justice elle-même, à l’instar du compagnon du Prophète dans le hadîth précédemment cité et imputé à notre noble Messager ?
Or, le fond du problème est de savoir s’il est déjà légitime d’attribuer sans sourciller ces peines au Coran et à la sunna prophétique « originelle » et si ce n’est pas le cas, que peut-on faire pour réformer notre approche théologique des textes afin de ne pas produire ce genre d’ignominie. Si on répond qu’il suffit de produire d’autres avis, alors on se heurte à un autre problème, à savoir la remise en cause d’un consensus (ijmâ’) puisque nombre de savants sunnites ont rapporté la position consensuelle des ulémas sur la peine de celui qui insulte le Prophète par exemple.
Or, si on rejette ce « consensus » (du moins ce qui est présenté comme tel), alors on commet un grave péché dans le sunnisme, qui revient à ce que la personne soit considérée comme égarée voire mécréante. Il faut donc être cohérent : soit nous condamnons ces actes atroces et il faut cesser de se réclamer du sunnisme traditionnel, soit nous restons sur le même modèle qui impose le suivi des avis que l’on qualifie de consensuels (ou majoritaires), et alors il faut cesser de dire que « ce n’est pas ça l’islam » ou « l’islam n’a rien à voir là-dedans ». Pour ma part, je suis en désaccord avec ce que le principe théologique de consensus (au terme de fondement du droit musulman) – uṣûl al-fiqh), je rejette ces actes au nom du message coranique et j’assume cela pleinement.
Le Coran est innocent de cela, mais pas la littérature théologique qui l’entoure et qui fut en partie inventée sous l’influence du pouvoir politique des premiers siècles de l’islam. Le Coran est d’ailleurs très clair sur le sujet du « blasphème » et de ce qu’il appelle à faire. On trouve par exemple en 4/140 le verset suivant :
« Nous vous avons déjà révélé dans l’Écrit ceci : lorsque vous entendez que l’on renie les Signes (du Coran) et que l’on s’en moque, alors ne restez point assis avec eux tant qu’ils entreprennent une autre conversation, à moins que vous ne vouliez leur ressembler ! Certes, Dieu rassemblera les hypocrites et les dénégateurs dans la Géhenne. »
En d’autres termes, alors que le texte coranique invite simplement à montrer son désaccord de façon pacifique avec certains propos tenus qui peuvent être offensants, le droit musulman (sunnite comme chiite ici) et la littérature sur laquelle il s’appuie ont développé une vision à contre-Coran appelant à ôter la vie de celui qui faisait cela. On pourrait d’ailleurs s’interroger sur l’identité véritable de ceux qui se moquent et font du tort au prophète : sont-ce ceux qui font quelques dessins caricaturaux pour représenter la vision que peuvent avoir certains non-musulmans de l’islam (notamment à cause de ce que l’on fait en son nom) ou bien sont-ce ceux qui font naître cette vision négative de l’islam chez la population en se permettant d’insulter, de menacer, de massacrer, de décapiter ou d’asservir ceux qui sont différents ou en désaccords ?
Ceux qui se moquent et insultent le prophète ne sont-ce pas en réalité ceux qui ont inventé, véhiculé et approuvé des récits de notre patrimoine faisant passer cet homme pour un pervers épousant des fillettes impubères, un meurtrier, un homme capable de maudire un jeune garçon qui ne mange pas avec la « bonne main », un homme maudissant la femme qui s’embellit légèrement ou qui se parfume ou encore un homme appelant à tuer ceux qui l’offensent par des mots ? Soyons lucides.
Ainsi, si les musulmans de France ne veulent pas avoir à se justifier de ces actes abominables commis par des gens se présentant comme musulmans, qu’ils veulent véritablement lutter contre l’islamisme et qu’ils ne veulent plus que leur religion puisse être assimilable à l’islamisme, il faut concrétiser au moins deux actions nécessaires :
- Un devoir de clarté : cessons de nous réclamer du même courant idéologique ou religieux que les auteurs de ces atrocités (sunnisme traditionnel, salafisme…), puisque c’est bien dans ces courants que l’on trouve d’innombrables textes permettant de tuer celui qui se moque du Prophète, de massacrer l’apostat ou l’homosexuel, de lapider la personne qui commet l’adultère, de trancher la main du voleur, de mépriser et maudire la femme qui s’épile ou se parfume, de lui imposer le port du niqâb, des textes interdisant d’hériter d’un parent non-musulman, permettant à un père de marier sa fille, même impubère, de force, permettant l’asservissement ou encore imposant de combattre les « pays des mécréants ». Certes, on dira que l’application de ces avis religieux doit obéir à un contexte particulier, mais en disant cela on ne s’oppose qu’à la forme et non au fond du problème. Ceci doit nous pousser à ne parler que d’une adhésion à un islam humaniste, loin de ce à quoi appelle une partie importante de l’islam traditionnel.
Qu’entendre par “islam humaniste” ? Il s’agit tout simplement, je le pense, de l’islam tel qu’il est dans son essence, et non d’une façon de le décliner à toutes les sauces. C’est l’islam auquel appellent finalement nombre de musulmans en criant que l’islam c’est la paix, l’amour, le partage ou encore le respect. Un islam reposant prioritairement sur le Coran considéré comme sacré par les musulmans, sur ses principes, son éthique et sa spiritualité. Un islam qui s’enrichit des sources extra-coraniques, et notamment celle du patrimoine islamique multiséculaire (hadîths, exégèses, écrits théologiques ou philosophiques…), tant qu’elles concordent avec le texte coranique et les valeurs qui nous sont chères. Un islam affirmant l’égalité de tous les Hommes, ainsi que l’égalité et la complémentarité de l’homme et de la femme, reconnaissant et respectant la diversité des personnes et des cultures. Un islam appelant à l’esprit critique, un islam appelant au respect du principe de laïcité, un islam affirmant la liberté des idées, des croyances et la liberté d’expression, un islam rejetant la violence et les discriminations, un islam supportant la critique, même vive, un islam spirituel, “recherchant le divin”, mais plaçant également l’être humain au centre de ses préoccupations pour que l’altérité soit considérée et non méprisée. En somme, l’islam que de nombreux musulmans, de France et de Navarre, vivent ou veulent vivre.
2. Bâtir cet islam humaniste : il faut de nos jours être en mesure de structurer davantage l’islam en France, notamment en créant une entité véritablement représentative des musulmans désireux de véhiculer un islam de paix, d’amour, de respect, de communion et de partage, une entité indépendante des politiques étrangères, qui aurait pour rôle d’organiser, de gérer et de promouvoir lesdites valeurs. Or, une telle entité ne peut voir le jour que si elle vient de la base et que ses membres sont choisis et approuvés par une majorité de musulmans via un procédé électif. En somme, il faut que les musulmans œuvrent pour un islam de France qui soit organisé de façon à éviter le désordre actuel. A ce titre, le problème du CFCM censé représenter le culte musulman est multidimensionnel : il souffre d’un manque de légitimité auprès de la base des Français de confession musulmane qui ne le reconnaissent pas comme tel, il semble souvent sous influence étrangère, algérienne, marocaine ou égyptienne (voire turque) où l’islam sunnite traditionnel est très majoritaire voire religion d’État, il donne l’impression d’une association au nationalisme exacerbé et subit une cacophonie en interne par les dissensions existantes entre les différentes composantes de ce conseil.
Vivre l’islam en France nécessite de le structurer et de le façonner pour en finir avec la cacophonie actuelle, gagner en clarté et lutter au mieux contre les dérives qui nuisent terriblement à la religion musulmane et aux musulmans. J’ai des propositions à faire, même s’il ne convient pas de les détailler ici pour ne pas surcharger mon propos, mais une chose est sûre : cela ne se fera ni sans un sursaut de la base ni sans une remise en question des élites intellectuelles et associatives du moment.
Cet islam doit parler à l’unisson, sans interférence étrangère, communautariste ou islamiste. Il doit parler de communauté nationale et républicaine et non de communauté musulmane comme si elle était en marge de la nation. Il doit cesser de faire un copier-coller du sunnisme traditionnel et médiéval en déconnexion et déphasage avec notre réalité, mais au contraire innover et réinventer (ou parfois réactualiser) une approche des textes, éclairantes pour les futures générations, conformes aux valeurs et principes coraniques et donc, par conséquent, en concordance avec les valeurs républicaines de liberté, de fraternité, d’égalité ou encore de laïcité qu’aspirent à partager les citoyens de ce pays.
Or, cela ne peut se faire sans un travail critique sur les fondements théologiques et dogmatiques sur lesquels reposent l’islam traditionnel actuel, car si nous reprenons exactement les mêmes soubassements que ceux du sunnisme traditionnel ou plus récemment du salafisme, nous reproduirons exactement les mêmes erreurs de sacralisation de l’ancien et de sectarisme et ce, au détriment des besoins d’aujourd’hui. Enfin, cet islam doit être légitime à représenter les musulmans de France, notamment auprès de l’État, puisque c’est eux qui en seront les acteurs premiers.
Soyons lucides : sans une dénonciation claire de ce qui n’est pas acceptable dans notre patrimoine et sans une structuration tout aussi claire de l’islam en France, les musulmans resteront dans leur grande majorité des spectateurs inaudibles et voués à ne pouvoir faire autre chose que répéter inlassablement : « ce n’est pas ça l’islam ». Il faut agir, prendre son destin en main, œuvrer avec la communauté nationale pour lutter contre le séparatisme et l’islamisme, préserver la religion musulmane des influences extérieures néfastes et construire, ensemble et par la base, un islam humaniste tel qu’il est, et c’est ma conviction, à l’origine.
Ô, citoyens français de confession musulmane et Musulmans de France, réveillons-nous et agissons !
William Blob
(1). Texte arabe :
و قال أحمد بن أبي سليمان صاحب سحنون : من قال : إنّ النبي صلى الله عليه و سلم كان أسودَ يُقْتِل.
(2). Extrait de quelques textes en arabe :
إن من سب النَّبي صلى الله عليه وسلم من مسلم أو كافر فانه يجب قتله.
هذا مذهب عامة أهل العلم. قال ابن المنذر: أجمع عوام أهل العلم على أن حدَّ مَن سب النَّبي صلى الله عليه وسلم القتل وممن قاله مالك والليث واحمد وإسحاق وهو مذهب الشافعي قال :وحكي عن النعمان لا يقتل -يعني الذمي- ما هم عليه من الشرك أعظم.
وقد حكى أبو بكر الفارسي من أصحاب الشافعي إجماع المسلمين على أن حدَّ من يسب النَّبي صلى الله عليه وسلم القتل كما أنَّ حدَّ مَن سب غيره الجلد. وهذا الإجماع الذي حكاه محمول على إجماع الصدر الأول من الصحابة والتابعين، أو انه أراد به إجماعهم على أن ساب النَّبي صلى الله عليه وسلم يجب قتله إذا كان مسلما ،وكذلك قيده القاضي عياض فقال: أجمعت الأمة على قتل متنقصه من المسلمين وسابه. وكذلك حكي عن غير واحد الإجماع على قتله وتكفيره. وقال الإمام إسحاق بن راهويه -أحد الأئمة الأعلام-: أجمع المسلمون على أن من سب الله أو سب رسوله صلى الله عليه وسلم أو دفع شيئا مما أنزل الله عز وجل أو قتل نبيا من أنبياء الله عز وجل أنه كافر بذلك وإن كان مقرّاً بكل ما أنزل الله.
وقال الخطابي: لا اعلم أحداً من المسلمين اختلف في وجوب قتله. وقال محمد بن سحنون :أجمع العلماء على أن شاتم النَّبي صلى الله عليه وسلم المتنقص له كافر والوعيد جار عليه بعذاب الله له وحكمه عند الأمة القتل ومن شك في كفره وعذابه كفر.
…
ذكر من نقل الإجماع من أهل العلم أو نص على المسألة ممن سبق شيخ الإسلام:
قال الإمام إسحاق بن راهويه – رحمه الله -: (أجمع المسلمون على أن من سب الله أو سب رسوله صلى الله عليه وسلم.. أنه كافر بذلك وإن كان مقراً بكل ما أنزل الله .
وقال الإمام محمد بن سحنون – رحمه الله -: (أجمع العلماء على أن شاتم النبي صلى الله عليه وسلم المتنقص له كافر، والوعيد جار عليه بعذاب الله له، وحكمه عند الأمة القتل ومن شك في كفره وعذابه كفر.
وقال ابن المنذر – رحمه الله -: (وأجمعوا على أن من سب النبي صلى الله عليه وسلم أن له القتل .
وقال ابن حزم – رحمه الله-: (كل من آذى رسول الله صلى الله عليه وسلم فهو كافر مرتد يقتل ولابد .
وقد نقل شيخ الإسلام في (الصارم المسلول) عن غير هؤلاء حكايتهم للإجماع على قتل وتكفير شاتم الرسول صلى الله عليه وسل
(3). Le récit en arabe :
ما رواه الشَّعبيُّ عن علي: أن يهوديةً كانت تَشْتُم النبي صلى الله عليه وسلم وتَقَع فيه، فخنقها رجل حتى ماتت فأَبْطَل رسول الله صلى الله عليه وسلم دمها، هكذا رواه أبو داود في سننه
(4). Texte arabe : le terme « hadar » désigne le fait que la famille n’a pas à réclamer le prix du sang (ad-diya) pour ce meurtre.
4361 – حَدَّثَنَا عَبَّادُ بْنُ مُوسَى الْخُتَّلِيُّ، أَخْبَرَنَا إِسْمَاعِيلُ بْنُ جَعْفَرٍ الْمَدَنِيُّ، عَنْ إِسْرَائِيلَ، عَنْ عُثْمَانَ الشَّحَّامِ، عَنْ عِكْرِمَةَ، قَالَ: حَدَّثَنَا ابْنُ عَبَّاسٍ، أَنَّ أَعْمَى كَانَتْ لَهُ أُمُّ وَلَدٍ تَشْتُمُ النَّبِيَّ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ، وَتَقَعُ فِيهِ، فَيَنْهَاهَا، فَلَا تَنْتَهِي، وَيَزْجُرُهَا فَلَا تَنْزَجِرُ، قَالَ: فَلَمَّا كَانَتْ ذَاتَ لَيْلَةٍ، جَعَلَتْ تَقَعُ فِي النَّبِيِّ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ، وَتَشْتُمُهُ، فَأَخَذَ الْمِغْوَلَ فَوَضَعَهُ فِي بَطْنِهَا، وَاتَّكَأَ عَلَيْهَا فَقَتَلَهَا، فَوَقَعَ بَيْنَ رِجْلَيْهَا طِفْلٌ، فَلَطَّخَتْ مَا هُنَاكَ بِالدَّمِ، فَلَمَّا أَصْبَحَ ذُكِرَ ذَلِكَ لِرَسُولِ اللَّهِ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ، فَجَمَعَ النَّاسَ فَقَالَ: «أَنْشُدُ اللَّهَ رَجُلًا فَعَلَ مَا فَعَلَ لِي عَلَيْهِ حَقٌّ إِلَّا قَامَ»، فَقَامَ الْأَعْمَى يَتَخَطَّى النَّاسَ وَهُوَ يَتَزَلْزَلُ حَتَّى قَعَدَ بَيْنَ يَدَيِ النَّبِيِّ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ، فَقَالَ: يَا رَسُولَ اللَّهِ، أَنَا صَاحِبُهَا، كَانَتْ تَشْتُمُكَ، وَتَقَعُ فِيكَ، فَأَنْهَاهَا فَلَا تَنْتَهِي، وَأَزْجُرُهَا، فَلَا تَنْزَجِرُ، وَلِي مِنْهَا ابْنَانِ مِثْلُ اللُّؤْلُؤَتَيْنِ، وَكَانَتْ بِي رَفِيقَةً، فَلَمَّا كَانَ الْبَارِحَةَ جَعَلَتْ تَشْتُمُكَ، وَتَقَعُ فِيكَ، فَأَخَذْتُ الْمِغْوَلَ فَوَضَعْتُهُ فِي بَطْنِهَا، وَاتَّكَأْتُ عَلَيْهَا حَتَّى قَتَلْتُهَا، فَقَالَ النَّبِيُّ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ: «أَلَا اشْهَدُوا أَنَّ دَمَهَا هَدَرٌ»
(5) Dans cet ouvrage, plusieurs ḥadîths sont mentionnés pour justifier le fait de tuer celui qui insulte le Prophète, un consensus est même rapporté sur ce point et les versets de paix et de pardon de la sourate 9 sont, comme par magie, abrogés par d’autres que l’on présente comme redoutables.
(6) J’entends par « islam traditionnel » l’islam sunnite majoritaire dans sa version classique se voulant fidèle à « l’orthodoxie ». Toutefois, le chiisme et le kharijisme ne sont pas en reste en terme de fanatisme et de sectarisme et l’on trouve le même genre de problématique dans la littérature chiite par exemple, même si les djihadistes et terroristes qui frappent notre pays ne sont pas de ce bord.
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