Revenue brutalement sur le tapis à la faveur d’un printemps politique qui arrive avec ses gros sabots électoralistes, la question du port du voile à l’université a refait surface dans notre piteuse pantalonnade démagogique, au milieu d’un océan de problèmes cruciaux toujours aussi irrésolus et inéluctablement éclipsés par le couvre-chef de la diversion.
On reprend les mêmes et on recommence, Nicolas Sarkozy, l’ex-oligarque du "mouton dans la baignoire" et conférencier attitré du Qatar, n’a rien trouvé de mieux dans le néant abyssal de son programme que de relancer le débat, forcément passionnel et liberticide, sur le voile arboré par des étudiantes majeures et vaccinées, soutenu dans ses grandes manœuvres par son proche lieutenant, Eric Ciotti, qui est allé jusqu’à déposer une proposition de loi pour l’interdire dans les amphithéâtres.
La gauche au pouvoir, par la voix de Pascale Boistard, la secrétaire d’Etat aux droits des femmes, n’aura pas tardé à emboîter le pas à une droite toujours en pleine dérive droitière, en se prononçant « catégoriquement » contre le voile dans l’enceinte universitaire. C’est à celui qui distancera l’autre dans cette surenchère populiste pitoyable pour mieux damer le pion au FN… A quoi ça tient la diabolisation du voile dans l’espace public hexagonal, aux confins illimités !!
Obnibulés par leurs sombres calculs d’arrière-boutiques à l’approche des cantonales, les politiques ont dégainé les premiers, sans se soucier de l’avis des présidents d’université, concernés au premier chef par cette visibilité musulmane, et qui font preuve, eux aussi, d’un bel unanimisme mais dans le sens contraire : ils sont en effet tous contre l’interdiction du voile à l’université, et ne comprennent même pas le retour en force de ce débat sur la scène publique, ou plutôt ils ne le comprennent que trop bien !
Jean-Loup Salzmann, le président de la Conférence des Présidents d'Université, est très clair à ce sujet monté sciemment en épingle : "Je ne vois pas au nom de quoi on interdirait à des jeunes filles d'exprimer des convictions religieuses, y compris à l'université", a-t-il déclaré, en insistant sur le fait qu’il ne pas confondre les universités et les établissements scolaires où l'interdiction du port du voile s'applique.
A force d’avoir trop tiré sur la corde, elle pourrait bien finir par se rompre, et le grossier subterfuge du voile de la discorde, masquant opportunément les enjeux majeurs de société et l'impuissance de la classe politique à y répondre, cesser une fois pour toutes de faire illusion…
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