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Les musulmans australiens se sentent injustement ciblés par les nouvelles lois anti-terroristes

Dans le petit coin de paradis de l’autre bout du monde, fort de son éclatante santé économique et de sa diversité ethnique éclatante de couleurs, le cœur des musulmans australiens oscille entre leur attachement à cet immense territoire accueillant où ils se sentaient jusqu’ici équitablement traités à la fois par les autorités, le système éducatif et la sphère professionnelle, et leur défiance accrue envers les médias à qui ils reprochent leur couverture systématiquement biaisée et outrageante de l’islam.

Une méfiance teintée d’un vif désappointement, proche du désenchantement, à laquelle s’ajoute désormais leur pessimisme grandissant face aux nouvelles lois anti-terroristes qui frappent durement et aveuglément, l’îlot du vivre-ensemble devenant de plus en plus inhospitalier sous l’ère conservatrice de Tony Abott. A la tête d’une Australie qu’il dirige d’une main de fer, à l’instar de sa récente suggestion de rayer de la carte plus de cent villages arborigènes pour des raisons financières qui a suscité un tonnerre de protestations, le Premier ministre a sorti du chapeau un arsenal de mesures répressives à l’encontre de ses concitoyens musulmans, qui ne fait ni dans la dentelle, ni dans la nuance…

Si la plupart des Australiens de confession musulmane éprouvent respect et confiance envers les forces de l’ordre, jusqu’à être nombreux à rejoindre leurs rangs pour servir au mieux l’intérêt général, et leur communauté en particulier, ils sont en revanche une écrasante majorité à désapprouver la stratégie offensive et punitive élaborée dans le cadre d’une lutte contre le terrorisme censée être la plus imparable des parades contre l'islamisme violent, dont ils redoutent par-dessus tout les dérives arbitraires à l’américaine…

Sur l’échantillon représentatif composé de 800 musulmans, issus de tous les horizons et des deux sexes, parmi lesquels figuraient des Australiens d’origine pakistanaise, syrienne, indonésienne, sud-africaine, mais aussi du terroir et convertis à l'islam, 75% d’entre eux n’ont pas usé de périphrases pour fustiger un dispositif législatif ciblant injustement leur communauté et bafouant leurs droits fondamentaux, dans le cadre de l’enquête d’opinion réalisée par des chercheurs de l’Université du Queensland qui a mis en lumière le sentiment prégnant d’être « assiégés » par des mesures liberticides.

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"Il y a un risque réel que cette législation anti-terroriste se révèle terriblement contre-productive, en contribuant à attiser de profondes rancœurs et à radicaliser certains individus, tout en donnant du grain à moudre aux extrémistes islamistes susceptibles de justifier leurs actions violentes par la criminalisation abusive de la minorité musulmane", ont alerté les auteurs du rapport étayé qui a analysé l’état d’esprit qui prédomine chez les musulmans d'Australie, dont 50% des personnes sondées ont avoué être en proie à l'incompréhension mêlée d'anxiété, au point d'avoir modifié leur apparence extérieure pour se fondre dans la masse et le paysage.

Parmi ses nombreuses préconisations, cette étude a notamment fait ressortir les deux rôles essentiels qui incombent aux grandes figures communautaires : oeuvrer efficacement à la réduction des préjugés anti-musulmans, et combattre avec la même énergie les opinions radicales promues par les « djihadistes » de l’Etat Islamique, lesquels sont décriés par 90% des musulmans australiens et blâmés sans la moindre indulgence par des millions de leurs coreligionnaires disséminés à la surface du globe, la condamnation de leurs atrocités par Al-Azhar et le grand Mufti d’Egypte, Chawki Allam, ayant sonné comme le plus cinglant des désaveux à la face du monde.

Par la rédaction.

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