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Le Mois de l’Histoire des Noirs aux Etats-Unis : vers la construction d’un héritage musulman noir

De l’eau a coulé sous les ponts depuis la date charnière du 6 décembre 1865, lorsque fut gravée dans le marbre constitutionnel l’abolition de l’esclavage, au pays de la Case de triste mémoire de l’oncle Tom…

Un siècle et demi plus tard de l’autre côté de l’Atlantique, le Mois de l’Histoire des Noirs (Black History Month) – une initiative qui vit le jour en 1926, sous l’impulsion de l’historien afro-américain Carter G. Woodson et du pasteur Jesse E. Moorland, les deux fondateurs de l’Association for the Study of African American Life and History (ASALH) – est célébré chaque année, au mois de février, avec une ferveur renouvelée. 

L’historien afro-américain Carter G. Woodson

Une ferveur qui est intensifiée par la participation d’un nombre croissant de musulmans noirs américains, tout en se propageant sous d’autres latitudes. Ce grand événement annuel, désormais inscrit à de nombreux agendas, a en effet essaimé au Canada, au Royaume-Uni, en Irlande et aux Pays-Bas, où l’histoire, les traditions, les contributions de la diaspora africaine sont commémorées dignement. 

L’édition 2022 du Mois de l’Histoire des Noirs est placée sous le signe d’une campagne de collecte de fonds, lancée par la Muslim Anti-Racism Collaborative (Muslim ARC), afin de financer des bourses d’études qui seront octroyées aux fers de lance de la lutte contre le racisme anti-noirs et l’islamophobie.

Avec le retour du mois le plus court de l’année, vient le temps de « construire un héritage musulman noir », ainsi que l’appellent de leurs voeux les responsables de la Muslim ARC, mais aussi de rendre un hommage appuyé à Omar Ibn Saïd, un érudit musulman, fils de riches marchands, qui fut emporté loin de son Sénégal natal pour être réduit en esclavage en Amérique. 

C’était en 1807, il n’avait alors que 37 ans et était féru d’arithmétique et de sciences islamiques. L’abomination de la traite négrière l’arracha violemment aux siens, lui mit les fers aux pieds, l’embarqua de force sur des navires infâmes, le rendit taillable et corvéable à merci, le déshumanisa impitoyablement. 

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Citations du pasteur Jonathan Edwards et Omar ibn Saïd- Musée de l’Histoire Américaine, Washington – photo Adelle M. Banks

Omar Ibn Saïd, c’est l’histoire exceptionnelle et poignante d’un destin brisé par la barbarie esclavagiste, d’une incroyable résilience, mais aussi d’une extraordinaire résurrection, grâce à l’exutoire que fut l’écriture. 

Plongé dans l’enfer de l’exploitation et de la déshumanisation d’êtres humains, ce fin lettré parvint, en effet, à s’en extraire, à se libérer de ses chaînes, en laissant courir sa plume sur le papier. Le récit en arabe d’Omar Ibn Saïd est le seul émanant d’un esclave musulman aux Etats-Unis. 

A Washington, dans la prestigieuse Bibliothèque du Congrès, la célébration du Mois de l’Histoire afro-américaine est l’occasion, chaque 5 février, d’exhumer d’un sombre passé un manuscrit rare : le récit autobiographique de Omar Ibn Saïd, un esclave noir hors du commun.

Un récit testimonial d’une valeur historique inestimable, qui non seulement révèle que de nombreux esclaves africains étaient musulmans, mais met aussi en lumière le haut niveau d’éducation de l’Afrique au 19ème siècle.

Depuis 1864, Omar Ibn Saïd repose en paix en Caroline du Nord. Passé à la postérité Outre- Atlantique, la mosquée de Fayetteville porte son nom et celle de Caroline du Nord a érigé une stèle à sa mémoire.

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