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Washington : les restes trouvés récemment appartiennent-ils à l’un des premiers musulmans d’Amérique ?

Parmi les ossement humains découverts, mardi 4 février, dans les sous-sols du Volta Park, enfouis dans l’ancien cimetière historique du quartier de Georgetown, au nord-ouest de Washington, se pourrait-il qu’il y ait ceux de Yarrow Mamout ?

Dans l’atmosphère bouillonnante que cette extraordinaire trouvaille a créée, c’est la question qui agite actuellement les esprits de l’autre côté de l’Atlantique, et obsède littéralement les plus brillants de la sphère académique.

Après avoir consacré une grande partie de leurs travaux à rechercher, parfois désespérément, les traces de cet Africain de confession musulmane, capturé dans sa Guinée natale au XVIIIème siècle et réduit en esclavage en Amérique, avec des dizaines de milliers d’autres damnés de la terre, plusieurs historiens américains de renom reprennent aujourd’hui espoir.

L’espoir de parvenir à exhumer d’un sombre passé une victime emblématique de l’horreur de la traite négrière, noire et musulmane, instruite et cultivée, qui brisa ses chaînes déshumanisantes en achetant sa liberté au prix d’énormes sacrifices. En effet, le défunt Yarrow Mamout, connu pour être un travailleur acharné et particulièrement économe, fut autorisé à épargner sou après sou pendant de longues années, à seule fin de s’affranchir de ses tortionnaires et de recouvrer sa dignité d’être humain, si odieusement niée.

Depuis plus de deux décennies, la seule évocation du nom de cet esclave africain très pieux et fin lettré, qui avait pour bible le Noble Coran et qui fut inhumé à Washington, dans un endroit nimbé jusqu’ici de mystère, met en effervescence tout un aréopage d’historiens. Et pour cause ! Il est l’un des rares personnages marquants de cette époque funeste au sujet duquel, au fil du temps et de leurs investigations, ils ont réussi à accumuler de précieuses informations.

« C’était un individu instruit. Il lisait et parlait l’arabe. Il fut arraché à sa terre natale, la Guinée, amené au Maryland sur un navire négrier, avec les fers aux pieds », a indiqué Jerry McCoy, le bibliothécaire chargé des collections spéciales au sein de la Public Library de Washington, dans un entretien au Georgetowner.

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Une fois libre, Yarrow Mamout ne ménagea pas sa peine pour tenter de se forger un avenir, loin des siens, sur la terre de son exil forcé et de sa descente aux enfers, travaillant à la sueur de son front, sans jamais se plaindre. Grâce à l’argent économisé avec une rare patience et persévérance, il a pu acquérir un terrain et vivre dans la maison en rondins qu’il avait construite de ses mains.

« Sa propriété est la seule aux États-Unis à avoir appartenu à un esclave musulman amené d’Afrique », a souligné James H. Johnston, auteur de «From Slave Ship to Harvard: Yarrow Mamout and the History of an African american family». « Yarrow Mamout était une vraie légende locale ! », s’est exclamé Jerry McCoy, en précisant qu’il était précédé par sa réputation de « meilleur nageur du fleuve Potomac », un fleuve prenant sa source à 933 m d’altitude au sud-ouest de l’État du Maryland.

Les historiens ne sont pas les seuls à avoir brossé ou esquissé le portrait de Yarrow Mamout. Décédé en 1823, à l’âge respectable de 87 ans, il aura été immortalisé, quatre ans avant sa mort, par plusieurs peintres de talent, dont notamment par le célèbre Charles Willson Peale pour lequel il posa en 1819. Son image ainsi figée sur la toile pour l’éternité est toujours exposée à la National Gallery of Art, à Washington.

Alors qu’une enquête médico-légale a été diligentée pour déterminer si le squelette de Yarrow Mamout figure parmi les quatre qui ont été récemment mis au jour, une certaine fébrilité s’est emparée de ceux qui, depuis des années, ont tenté vainement de localiser sa dernière demeure. « Ce serait une découverte incroyable si cela pouvait être déterminé par l’ADN », a confié Jerry McCoy avec une émotion palpable.

Portrait de Yarrow Mamout peint par Charles Willson Peale en 1819

 

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