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Le Grand Mufti d’Arabie saoudite déclare les échecs « illicites »

Jeu de stratégie qui ne doit rien au hasard, les échecs ont été mis échec et mat en un seul coup par le Grand Mufti d’Arabie saoudite qui les a déclarés"illicites" devant les caméras, estimant que leur pratique encourage à transgresser l’interdit du jeu et représente une perte de temps, lors d’une récente prestation télévisuelle, au cours de laquelle il émettait des fatwas en direct.

Inutile d’avancer ses pions pour tenter d’infléchir l’avis tranché de Sheikh Abdullah al-Cheikh, ce dernier reste intraitable au sujet du célèbre damier noir et blanc qui fait phosphorer les neurones, l’accusant de tous les maux, et notamment d’attiser la « haine ou de fortes inimitiés entre les joueurs ».

Après avoir été jugés « haram » en Iran après la révolution islamique de 1979, les échecs ont été de nouveau en odeur de sainteté sous l'ayatollah Khomeiny, qui  leva l'interdiction, les décrétant « halal » aussi longtemps qu’ils échapperaient à la perversion du jeu. Depuis, la République Islamique d'Iran s’est dotée d’une confédération d’échecs, dont les meilleurs espoirs et graines de champion participent régulièrement aux compétitions internationales.

Contrairement à l’arbitrage sans appel du Sheikh Abdullah al-Cheikh, les érudits musulmans sont plus nuancés sur la question, n’ayant sans doute pas oublié que les échecs ont été introduits en Europe du Sud par les Arabes au début du Xème siècle, et tendent à les classer, de par les compétences en calcul, la capacité de concentration et de mémorisation requises, dans une catégorie distincte de celle des jeux de hasards. De là à conseiller de s’y adonner, il y a un pas immense qu’ils rechignent à franchir, craignant qu’en se focalisant sur leurs tours, leur roi, leur dame et leur fou, les fidèles, l’esprit complètement absorbé, ne se détournent des cinq prières quotidiennes.

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Pour Nigel Short, le grand maître d'échecs britannique, l'interdiction des échecs en Arabie Saoudite serait une "grande tragédie". "Je ne considère pas les échecs comme une menace pour la société. Ce n’est pas du tout un jeu dépravé susceptible de porter atteinte aux bonnes moeurs ", a-t-il insisté sur la BBC. "Même l'ayatollah Khomeiny est venu à la conclusion qu'il était allé trop loin et a abrogé sa propre interdiction", a-t-il souligné, en espérant ne pas prêcher dans le désert.

Considérée comme un avis consultatif et non comme un décret formel, la décision sans nuance du Grand Mufti saoudien risque fort de ne pas être appliquée, d’aucuns étant convaincus que les échecs, relégués au rang de vices mineurs, tels que la musique, n’ont pas encore totalement perdu la partie au sein du royaume wahhabite.

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