Londres a accueilli le 3éme Forum Social Européen du 15 au 17 octobre 2004 . Ce grand rassemblement du mouvement altermondialiste a reçu environ 20 000 visiteurs. Plus de 200 organisations différentes sont ainsi venues défendre leurs causes. Ces dernières, très diverses sont cependant toutes centrées autour du combat contre la mondialisation et ses méfaits. Celle-ci engendre en effet l’exploitation des populations les plus pauvres, la guerre et son cortège d’atrocités, l’exclusion des minorités, la pollution de la planète entière, etc….
Dans ce grand combat altermondialiste, l’ennemi numéro un est clairement désigné. La politique impérialiste de Bush et des gouvernements européens qui participent activement à son accomplissement a été unanimement condamnée par l’ensemble des participants du FSE.
Ainsi les principales revendications qui ont marqué ce 3éme Forum Social Européen concernaient la libération de la Palestine avec la mise en cause de l’implication des Etats-Unis auprès d’Israël, mais également le retrait immédiat et sans condition des troupes de la « coalition » du territoire Irakien où l’engagement irréfléchi et catastrophique de Georges W. Bush et ses « Faucons » a conduit le pays à la ruine et la désolation.
Les populations musulmanes du Proche et Moyen-Orient sont les premières concernées par la mondialisation car elles en sont les premières victimes.
Hormis le cas de la Palestine et de l’Irak, il ne faut pas oublier en effet de citer la population Iranienne qui souffre d’un régime au sein duquel l’opposition politique réformiste est parfaitement muselée. Là aussi, la politique hypocrite de certains pays occidentaux qui ont essayé de négocier avec le régime des mollahs s’est révélée catastrophique et lourde de conséquences pour la population Iranienne.
Or, force est de constater que la plupart des revendications concernant les populations musulmanes du Proche et Moyen Orient sont aujourd’hui également défendues par des organisations alter mondialistes qui appartiennent très majoritairement à « l’aile gauche » du mouvement. Ces organisations dont les dirigeants et les militants sont résolument athées se sont saisies de la cause des populations musulmanes pour étayer et justifier leur lutte anti-capitaliste et anti-globalisation. La jeunesse musulmane doit donc prendre garde aux tentatives de récupération dont elle pourrait faire l’objet dans la défense des causes qui lui sont chères.
Très peu d’Organisations Non Gouvernementales sont initiées à la base par des musulmans eux-mêmes alors qu’ils sont aujourd’hui les premières victimes de la mondialisation. Ceci est particulièrement vrai depuis les attentats du 11 septembre 2001 que ce soit au Moyen Orient ou au sein même de certains pays occidentaux.
Le Royaume-Uni et les Etats-Unis en particulier ont en effet développé après les attentats contre le World Trade Center des politiques « anti-terroristes » qui bafouent totalement les libertés individuelles fondamentales et dont les musulmans issus de l’immigration sont aujourd’hui les premières victimes (arrestations arbitraires, détention sans charges, …)
Ainsi, seule une poignée d’organisations pouvait se prévaloir d’une mobilisation majoritairement musulmane au sein de la masse disparate des organisations alter mondialistes présentes au Forum Social Européen de Londres :
L’Organisation des Moudjahidine du Peuple Iranien était présente au travers d’une organisation de juristes réclamant le retrait de l’OMPI de la liste européenne des organisations terroristes.
L’organisation Palestine Solidarity Campaign implantée au Royaume-Uni soutient quand à elle le combat du peuple Palestinien.
L’organisation Palestinian Anti Apartheid Wall Campaign est une association palestinienne qui s’oppose à la construction par Israël d’un mur entre les deux communautés.
L’Iraqi Women’s League fondée en 1952 est la plus ancienne organisation de défense des droits des femmes Iraquiennes.
L’organisation Stop Political Terror est une jeune association britannique musulmane qui dénonce les abus de la nouvelle loi « anti-terroriste » mise en œuvre au Royaume-Uni. etc..
Ces organisations aux origines et aux objectifs très divers demeurent relativement minoritaires au sein de la grande communauté des organisations alter mondialistes et il peut paraître légitime de se demander pourquoi.
Il est évident que les populations musulmanes des pays du Proche et Moyen-Orient qui souffrent quotidiennement de la guerre, de l’injustice, qui sont privées de leurs droits les plus élémentaires, ont d’autres préoccupations que de se rassembler au sein d’Organisations Non Gouvernementales pour défendre leurs causes. Elles essaient généralement tout simplement de vivre, trouver du travail, ou même survivre dans les régions où la situation est la plus critique.
Les populations musulmanes issues de « l’immigration » qui vivent dans les pays occidentaux possèdent quant à elles tous les moyens matériels, démocratiques et de communication pour se rassembler et défendre ces causes. Il leur revient alors de s’engager d’avantage dans cette voie. Cette forme de mobilisation, démocratique et non violente constitue de plus un excellent contrepoids aux dérives extrémistes. Celles-ci pourraient en effet tenter une jeunesse musulmane issue de l’immigration, bien souvent victime elle même de l’échec des différentes politiques « d’intégration » engagées par les gouvernements des pays européens.
L’Islam et le mouvement alter mondialiste sont représentés par des personnes dont bien souvent les valeurs sont différentes. L’Islam est une religion alors que l’alter mondialisme est un mouvement qui se revendique hors des partis politiques et des religions. Cependant l’Islam et l’alter mondialisme peuvent être unis dans un même combat contre la guerre, l’injustice et toutes formes de discrimination. Ce combat doit être mené de façon non violente avec toutes les armes légales mises à disposition par les démocraties des pays occidentaux. Voilà où se situe donc la convergence entre l’Islam et l’alter mondialisme. Cette convergence conjoncturelle est également un formidable facteur d’intégration que Tariq Ramadan appelle d’ailleurs de ses vœux : « Les musulmans doivent en finir avec cette mentalité de victimes et ce complexe obsessionnel de leur statut de minoritaires, avec cette idée qu’ils ne sont pas réellement chez eux là où ils sont ».
Il semble en effet de plus en plus évident que l’opinion publique internationale représente aujourd’hui la seule et unique « super puissance » capable de s’opposer à l’hégémonie américaine et sa politique désastreuse.
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