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Tirs croisés contre Tariq Ramadan

Les islamistes les plus radicaux du site Ansar.info accusent le Suisse Tariq Ramadan d’être un « prêcheur de la décadence », pour s’être prononcé en faveur de la démocratie. Cette attaque en règle intervient au moment où la journaliste française Caroline Fourest tente de démontrer dans son livre que Tariq Ramadan est un dangereux islamiste.

Dans le chapitre consacré à Saïd Ramadan, le père de Tariq, et fondateur du Centre islamique de Genève, Caroline Fourest évoque un certain « Pitelon », qui serait selon elle le « coordinateur des services secrets suisses ».

L’auteur de « Frère Tariq » laisse entendre que Saïd Ramadan, Frère musulman, aurait été plutôt bien accueilli dans la Confédération, ajoutant « son parrainage saoudien – en terre bancaire – lui vaudra d’être protégé ».

Seul problème, le coordinateur des services suisses ne s’appelle pas « Pitelon », mais Jacques « Pitteloud ». Et si Caroline Fourest l’avait interrogé un peu plus précisément, elle aurait appris que les services secrets helvétiques n’ont jamais pu identifier le moindre lien entre Tariq Ramadan et des mouvements terroristes.

Pas de dossier à charge

Il en est de même dans l’Hexagone, les Renseignements généraux, qui possèdent des indicateurs de police dans toutes les mosquées, n’ont jamais pu constituer un dossier véritablement à charge contre ce professeur de philosophie et d’islamologie.

Caroline Fourest accuse Tariq Ramadan d’être Frère musulman, il en serait même le chef en Europe. Quelles preuves avance-t-elle ? La Confrérie a été fondée par son grand-père Hassan al-Banna, et son père, Saïd Ramadan, était l’un des leaders des Frères musulmans.

Par ailleurs, Tariq Ramadan a présenté une thèse universitaire (« Aux sources du renouveau musulman, d’al-Afghani à Hassan al-Banna ») très favorable à son grand-père.

Seulement voilà, Tariq Ramadan a toujours nié être Frère musulman. Il n’a jamais réclamé l’instauration d’un Etat islamique et l’application de la Charia. Gamal al-Banna, 84 ans, le jeune frère d’Hassan al-Banna, que swissinfo a rencontré au Caire, dément toute adhésion de son petit-neveu à la Confrérie.

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Amr Elchoubaki, du Centre d’études politiques et stratégiques Al Ahram, proche du régime égyptien – et donc peu favorable aux islamistes- confirme « qu’il n’y a pas de liens organisationnels entre Tariq Ramadan et les Frères musulmans ».

« Les prêcheurs de la décadence »

Alors que Caroline Fourest prétend que Tariq Ramadan « encourage les jeunes à rester étanches à la culture occidentale », que dit l’enseignant suisse dans sa cassette « Intégrisme, fondamentalisme, islamisme et radicalisme » ?

On ne doit pas dire “parce que ce n’est pas islamique, c’est mauvais”, C’est exactement le contraire. L’islam a la capacité de tout accepter, sauf ce qui va à l’encontre de l’islam », déclare Tariq Ramadan.

D’ailleurs, les islamistes les plus durs, qui s’expriment sur le site www.ansar.info ne cessent de le dénoncer dans un texte intitulé « Déviances et incohérences chez les prêcheurs de la décadence », considérant que les idées de Tariq Ramadan « mènent à la perdition ».

On peut notamment lire : « Ramadan prêche la démocratie (…) que nos frères et nos sœurs sachent que ce qu’on appelle démocratie n’est rien d’autre que le KUFR, c’est-à-dire l’impiété ou le fait d’être mécréant ».

Tariq Ramadan pourra s’expliquer lui-même dans un livre d’entretiens, intitulé « Faut-il faire taire Tariq Ramadan », attendu d’ici deux semaines.

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