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Il est plus facile de critiquer Sarkozy que les intellectuels faussaires

La France est une démocratie. La liberté de penser, de s’exprimer est reconnue et garantie. La république des lettres, semble y faire exception. Elle s’apparente plus à une oligarchie qui, sur certains sujets, tente de faire régner une police de la pensée.

Il est plus facile de critiquer Sarkozy que certains intellectuels médiatiques. Dans un pays non démocratique, s’en prendre au chef de l’État est un jeu hautement dangereux. On peut y risquer sa vie, sa liberté, son travail, sa tranquillité. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy et au fur et à mesure que la campagne pour les élections présidentielles s’annonce, de très nombreux livres particulièrement critiques sur l’action et la personnalité du chef de l’État ont été publiés.

Mis à part peut-être dans Le Figaro, les auteurs ont pu avoir accès aux différents médias télé, radio, journaux, et exprimer leur point de vue, faire la promotion de leurs livres. Ils n’ont eu aucun mal à trouver des éditeurs sachant que « Sarko fait vendre » et que nul ne sera embastillé pour l’avoir critiqué. Critiquer certains intellectuels est bien plus risqué. Il est plus difficile de s’en prendre à eux qu’au chef de l’État, je m’en suis aperçu avec mon livre Les intellectuels faussaires.

Les éditeurs installés auxquels je m’étais adressé ne m’ont, soit jamais répondu, soit répondu franchement que travaillant avec des auteurs que je mettais en cause ou ayant des liens avec eux, ils ne pouvaient pas accepter mon livre. Certains m’ont dit l’apprécier et le trouver juste dans l’argumentation et dans le ton, mais ne se sentaient pas capable d’en assurer la promotion.

Certains éditeurs de taille moins importante m’ont avoué qu’ils ne pouvaient pas prendre un tel risque. Leur maison était trop fragile, trop jeune, pas assez établie, pour se mettre à mal avec non seulement ceux que je dénonçais, mais également leurs appuis et amis. Ils cherchent des polémiques pour se faire remarquer mais des polémiques compatibles avec leur milieu professionnel. L’un deux m’a même dit : « Ce sujet est trop périlleux. Pourquoi ne faites-vous pas un livre “Sarkozy menteur”, je le prends tout de suite. »”

Eux aussi avaient la plupart du temps apprécié le livre, pensaient qu’il pouvait bien marcher mais craignaient avant tout de voir le reste de leur production subir le contrecoup du succès de celui-ci. L’un d’eux me dit qu’il ne pouvait pas prendre le risque de voir l’ensemble de ses futures publications être peu ou prou interdites d’antenne sur France Inter puisque je prenais son directeur Philippe Val à partie. Voilà pourquoi j’en conclue qu’il est plus facile de critiquer le Président de la République que certaines figures de proue du monde intellectuel.

Olivier Poivre d’Arvor peut, tout en étant directeur de France Culture, prendre tranquillement position en faveur de Martine Aubry dans les combats électoraux, sans être inquiété le moins du monde dans sa position professionnelle. Il n’hésite pas à prendre ouvertement partie contre le chef de l’état qui a pourtant le pouvoir de nommer les directeurs des chaînes publiques de télé et de radio.

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Je l’avais croisé fin août 2010 à la Conférence des ambassadeurs. Sa nomination à la tête de France Culture était toute fraîche. Il m’avait abordé, me confiant qu’il avait beaucoup de projets pour la chaîne, qu’il appréciait beaucoup ce que je faisais, et qu’il aimerait bien m’associer à l’antenne. Je l’avais revu début janvier 2011, il avait renouvelé ses propositions disant qu’il fallait attendre la saison prochaine pour la refonte de la grille.

Alexandre Adler ayant quitté France Culture pour rejoindre Europe 1, plusieurs personnes de la rédaction de France Culture avaient proposé mon nom comme remplaçant éventuel. Mais entre-temps, Olivier Poivre d’Arvor avait changé d’avis. La publication des Intellectuels faussaires rendait à ses yeux impossible que je puisse avoir, ne serait-ce que de façon hebdomadaire, une chronique sur France Culture. Il ne voulait pas que dans d’autres cercles on puisse le lui reprocher. S’opposer à Sarkozy : pas de problème, faire un affront fût-ce indirect à BHL et consorts : impossible, ça le tétanisait.

Maurice Szafran, Nicolas Domenach (Marianne) et Frantz Olivier Giesbert (Le Point) ont publié des livres féroces sur Sarkozy, foulant même au pied la règle du « off » qui interdit de citer des propos non publics mais ils n’acceptent pas que soit mis en cause dans leur magazine les intellectuels faussaires, fût-ce à partir de sources ouvertes et publiques !

Mon livre Les Intellectuels faussaires vient d’être édité en format poche chez Pocket.

Pascal Boniface Affaires Stratégiques

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