Il n’a pas affiché « interdit aux musulmans » sur la devanture de son magasin d’armurerie, mais c’est tout comme…
Andy Hallinan, un vendeur d’armes américain, a dégainé le premier sur Youtube quelques jours à peine après la tuerie de Chattanooga, où quatre Marines ont péri sous les balles de Mohammad Youssuf, lâchant dans un décor dominé par le très contesté drapeau des Confédérés, symbole du racisme et de l’esclavage pour nombre de ses concitoyens, et désormais entaché de la folie meurtrière de Dylan Roof, ce jeune suprémaciste blanc accusé de « terrorisme intérieur » pour avoir fait couler le sang, le 17 juin dernier, dans l’Eglise Emanuel de Charleston : « Je n'armerai pas, ni n'entraînerai ceux qui veulent faire du mal à mes chers patriotes».
Tirant à boulets rouges sur l’islam et ceux qui lui vouent un culte, sur une musique d’ambiance étonnamment douce qui contraste avec la virulence de son cri de guerre, Andy Hallinan, l’homme qui a la gâchette et la calomnie faciles, se livre à un périlleux numéro d’équilibriste, niant être raciste, en dépit de l’étendard dont il se fait le porte-drapeau, et être un fauteur de troubles, malgré un nationalisme exacerbé et sa volonté revendiquée haut et fort de faire de son commerce une « muslim-free zone »…
«Je ne brandis pas ce drapeau parce que je suis raciste, car je ne le suis pas», affirme-t-il, en n’abusant que lui-même… Et de poursuivre : « Le racisme avait presque disparu en Amérique avant qu'Obama n'arrive au pouvoir. Maintenant on nous dit que dès qu'un policier blanc tire sur un noir, c'est du racisme. Ne croyez pas ces mensonges».
Extériorisant un patriotisme revanchard qui appelle à tout, sauf à fumer le calumet de la paix, Andy Hallinan a déclaré la guerre à l’islam et bat le rappel des troupes à seule fin de faire parler les armes. « Les autorités vous disent que l'islam est une religion pacifique, pleine de tolérance, d'amour et d'espoir. Ne croyez pas ces mensonges », tempête-t-il, avant de renchérir : « Nous sommes en guerre, patriotes, non seulement contre l'islamisme extrémiste, mais aussi contre l'extrême politiquement correct».
Aux armes, citoyens, harangue-t-il devant l’objectif de sa caméra qui n’en a pas raté une miette : «Armez-vous, entraînez-vous, et portez vos armes quotidiennement », exhorte-t-il, en allant jusqu’à proposer des cours gratuits aux patriotes de sa trempe.
Les musulmans sont dans sa ligne de mire, mais c’est lui qui se retrouve aujourd'hui dans le viseur du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR), Andy Hallinan, le vendeur d’armes, a fini par se tirer une balle dans le pied à vouloir tirer plus vite que son ombre… En effet, scandalisé par la violence de son incitation à la haine et de ses appels pousse-au-crime à faire des musulmans des clients indésirables dans les armureries, le CAIR a immédiatement saisi la justice pour violation de la loi fédérale en vigueur, et notamment du Civil Rights Act de 1964, qui interdit la discrimination reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l'origine.
En fâcheuse posture et craignant d’être dans le collimateur des juges, Andy Hallinan a ravalé sa fierté, son venin et rengainé ses colts, nuançant soudainement ses propos sur CNN, même si leurs forts relents islamophobes empestent toujours autant : « Je ne refuse pas des armes aux musulmans qui lisent le Coran, je refuse des armes aux musulmans qui croient au Coran littéralement et veulent établir un califat, un ordre mondial et tuent les mécréants qui ne croient pas», a-t-il déclaré. «La grande majorité des musulmans sont des Américains pacifiques et normaux», a-t-il également concédé à contre-coeur, sous le tollé général, comme s'il avait un pistolet sur la tempe…
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