L’un est un étudiant musulman, l’autre hispanique, tous deux sont liés par une solide amitié née sur le campus de l’Université de Wichita State (Kansas) et récemment renforcée par leur confrontation avec le nationalisme pro-Trump revanchard, Oussama Khondoker et son meilleur ami, resté anonyme, ont choisi, après mûre réflexion, de médiatiser l’agression violente dont ils ont été victimes.
Ils ont en commun leur faciès typé, auquel s’ajoutent désormais le racisme rageur qui les a pris pour cible et un profond traumatisme psychologique, les deux camarades inséparables ont été apostrophés méchamment, samedi dernier, par un inconnu en moto, alors qu’ils faisaient le plein d’essence, puis copieusement injuriés aux cris de « Trump, Trump, Trump ! Vous, les poubelles brunes, rentrez chez vous, Trump va gagner. Dégagez ! ».
Pendant que son ami hispanique, meurtri dans sa chair et son âme, se remet doucement de ses blessures, à l’abri de la lumière des projecteurs, Oussama Khondoker, le vice-président de l'association estudiantine du comté, a fait hier le récit de cette altercation qui a failli tourner au drame, lors d’une conférence de presse organisée au sein de l’Espace étudiant de l’université. Celui-ci, visiblement très éprouvé et soutenu dans sa démarche par le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) du Kansas, a précisé que tout a dégénéré lorsqu’il a rétorqué au fou furieux qui se tenait devant eux : « Ici, c’est mon pays. Qui es-tu, toi, pour me dire ça ? »
Sortant alors une arme pour toute réponse, le partisan déchaîné de Donald Trump, devenu hors de contrôle, l’a pointée sur le jeune étudiant hispanique qui était à sa portée, avant de s’acharner sur lui, en insultant de plus belle les deux jeunes hommes. Sous les yeux impuissants et effrayés d’Oussama Khondoker qui évoque une matinée d’horreur, son ami, gisant à terre, gémissait de douleur sous la pluie de coups de pied assénée dans le ventre, tandis que leur agresseur les tenait en joue à tour de rôle.
Ses hurlements stridents résonnent encore dans sa tête : « Trump,Trump, Trump, Trump, nous construirons à nouveau une grande Amérique ! Vous, les perdants, vous serez jetés par-dessus le mur ! ». Réussissant à composer le 911, en déjouant la vigilance de leur assaillant trop occupé à tabasser le malheureux étudiant hispanique, Oussama Khondoker se dit aujourd’hui « profondément humilié et traumatisé » par ce crime de haine caractérisé et sans circonstances atténuantes, pas même celle de la « Trumpmania » qui enfièvre l’Amérique.
"Parce que d’autres Américains un peu trop typés pourraient subir la même chose, j’ai décidé de dénoncer publiquement cette odieuse agression raciste et sauvage", a déclaré Oussama Khondoker avec gravité, avant de marteler : "En ces temps troublés et particulièrement sombres, il est essentiel, face aux immenses défis auxquels nous sommes confrontés en tant que minorités dans ce pays, de nous unir et de faire entendre nos voix."
A l’unisson de l’étudiant musulman de Wichita State, Moussa Elbayoum, président du conseil d'administration du CAIR du Kansas, a exhorté les autorités à qualifier cette agression de « crime de haine » et à faire un exemple en punissant sévèrement son auteur, tout en exigeant de Donald Trump qu’il condamne sans réserve le militant fanatique qui l’a commis en son nom.
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