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Des étudiantes anglaises non-musulmanes ont porté le voile toute une journée

Et s’il suffisait de passer de l’autre côté du miroir pour démystifier les noirs reflets que nos sociétés nous renvoient du voile, telle est l’idée qui a germé dans l’esprit de l’américaine Nazma Khan, désireuse de tordre le cou aux perceptions négatives fortement ancrées dans l’inconscient collectif, après avoir elle-même fait face, tout au long de son adolescence passée dans le Bronx, à New York, à une mise à l’index éprouvante.

Arrivée aux Etats-Unis depuis son Bangladesh natal à l’âge de 11 ans, juste après le 11-Septembre, souffre-douleur de son école dont elle était la seule et unique élève en  hijab, poursuivant sa scolarité sous les injures des uns, qui la  désignaient à la vindicte en l’appelant Batman ou Ben Laden, quand elle n’était pas apostrophée comme « la terroriste », et sous les quolibets des autres qui pointaient un doigt moqueur vers elle, la traitant de « ninja », Nazma Khan sait mieux que quiconque ce que la symbolique attachée au voile peut avoir de fallacieux et de destructeur.

Si son expérience douloureuse a libéré quelque chose de profond en elle, c’est bien une énergie positive et une créativité débordante pour tenter de réhabiliter un couvre-chef honni, injustement et à dessein. Ses farouches détracteurs ne tolérant qu’un seul voile : celui qu’ils jettent sur les valeurs essentielles que le hijab recouvre.

Loin des centres de pouvoir, forteresses inaccessibles et sous influence, quelle meilleure cible à sensibiliser à une autre approche du voile que Madame Tout-le-monde, non-musulmane comme la majorité de ses congénères occidentales? Il restait alors à trouver le bon concept pour favoriser une découverte originale et passionnante de l’islam : proposer aux non-musulmanes de se glisser dans la peau de femmes voilées, le temps d’une journée exceptionnelle.

L'idée de Nazma Khan, relayée à la vitesse de la lumière sur les réseaux sociaux, a fait florès et des émules, suscitant l’engouement de musulmanes et non-musulmanes au Royaume-Uni, en Australie, en Inde, au Pakistan, en France, en Allemagne. Une liste non exhaustive, qui ne cesse de s'allonger à mesure que les marques de soutien et demandes d’informations affluent des quatre coins de la planète.

Parmi les jeunes femmes qui ont été immédiatement emballées par son concept, les étudiantes musulmanes de l'association islamique de l’Université de Northumbria, à Newcastle, en Angleterre, ont décidé de le décliner dans une grande opération de sensibilisation à la religion musulmane.

Une semaine pour tout savoir sur les grands principes de l’islam, pour déconstruire les idées reçues, et pour relever « le Défi du Hijab », l’Université de Newcastle s’est mise, début février, à l’heure de l’accès à la connaissance pour tous et toutes, seule à même de faire tomber bien des barrières, même les plus infranchissables…

Les réactions des étudiantes non-musulmanes n’ont pas tardé, toutes à l’unisson pour se réjouir d’une telle initiative : "Je pense que les gens ont une très mauvaise conception et compréhension de l'Islam", a déclaré Samantha McGregor, heureuse d'avoir participé à l’opération, renchérissant : "Aujourd'hui, et grâce à cette action très intéressante, j'ai complètement changé d’avis."

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Véritable clou de la semaine, le "Défi du Hijab" a attiré nombre de challengers non-musulmanes, prêtes à se voiler pendant toute une journée et à s’exposer à tous les regards, en allant se promener dans les rues de la ville.

Ce test grandeur nature s'est s'avéré riche en enseignements : "J'ai trouvé que les gens me regardaient beaucoup, me fixaient même. Je ne sais pas comment interpréter leurs regards, s’ils pensaient que j’étais ridicule ou s’ils doutaient que je sois réellement musulmane", a confié Samantah McGregor, avant de s’exclamer visiblement marquée par l’expérience : "J'avais envie de leur dire: Arrêtez de me regarder! J'ai rien fait de mal !"

Son amie, Jeanna Spencer, qui était aussi de l’aventure, a été, pour sa part, particulièrement réceptive aux valeurs liées au hijab : "J'aime l'idée de porter le hijab afin que seul l’époux puisse voir la chevelure de sa femme, comme un privilège", a-t-elle commenté, avant de préciser : "Cette expérience m’a permis de réfléchir aux motivations qui animent les femmes qui portent le foulard, aux raisons qui poussent à cacher les cheveux et à ne les montrer que dans l’intimité, mais également à la notion de modestie".

Pour l’une des organisatrices de l'événementiel, cette semaine inédite, qui a été ponctuée d’exposés et de plusieurs rencontres/débats, est à marquer d’une pierre blanche : "Cette opération a permis de montrer que les musulmans et les musulmanes sont des citoyens comme les autres, et que l’on ne devrait jamais juger un individu sur son apparence", a insisté Rokeya Begum, membre de l’association islamique de l’Université de Northumbria.

"Le défi du Hijab a mis en lumière que le port du voile relève d’un choix personnel et mûri, que nous sommes heureuses de le porter, et que nous ne sommes ni opprimées, ni soumises, et encore moins des pasionaria", a-t-elle conclu, comblée par le formidable impact sur les mentalités d'une opération qui a tenu toutes ses promesses. A Newcastle, il y a bel et bien un avant et après "Défi du Hijab", Nazma Khan avait vu juste.

 

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