Au pays des structures tribales, le plus miséreux de la péninsule arabique, plusieurs centaines de femmes, mues par la volonté de faire front commun contre l’archaïsme d’unions contre nature, ont manifesté mardi devant le Parlement de la capitale Sanaa, sous un seul un mot d’ordre : le mariage des fillettes ne passera pas par elles !
Résolues à en finir avec des mœurs moyenageuses, ces mères courages ont massivement répondu à l’initiative de l’Union générale des femmes yéménites, proche du pouvoir, et d’autres organisations féminines, pour faire barrage aux islamistes arc-boutés sur un conservatisme immuable, et faire triompher une loi fixant l’âge minimum du mariage pour les femmes à 17 ans.
Votée l’année dernière, cette loi de la raison est depuis bafouée par une coalition de députés de diverses sensibilités politiques, qui ont opportunément dépassé tous les clivages pour se liguer contre la promulgation de la loi qui fâche…
Au premier rang de la manifestation, un visage juvénile a focalisé tous les regards, celui de Nojoud Mohammad Ali, la fillette de 10 ans rendue célèbre par un divorce retentissant, qui l’a libérée des chaînes sordides d’un mariage forcé à l’âge tendre : 8 ans.
Devenue une icône de l’enfance martyrisée, dont l’histoire a fait le tour du monde et l’objet d’un livre, la petite fille, engagée prématurément dans un combat crucial pour le respect de la femme, quand d’autres profitent des joies insouciantes de l’enfance, a déclaré à la presse : “Je suis ici pour demander au Parlement de ne pas toucher à la loi qui fixe l’âge du mariage à 17 ans”.
Mais qu’adviendra-t-il d’une loi salutaire qui protège la dignité de toutes les femmes, à la lueur de l’ambiguïté flagrante du président du parlement, un peu trop enclin à ménager la chèvre et le chou, au point qu’il est à craindre qu’il la vide de sa substantifique moelle ?
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