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L’islamophobie : un fond de commerce électoral fructueux

Il y a vingt ans date des premières affiches du Front National sur lesquelles on pouvait y voir une mosquée avec le slogan « Dans 20 la France sera musulmane », le filon de l’islamophobie était l’objet d’une exploitation exclusive de l’extrême droite. Ce fond de commerce électoral va s’avérer au fil des années une affaire juteuse politiquement, sur lequel vont se ruer la droite, une partie de la gauche, ainsi que certains paternalistes adeptes d’un néo-colonialisme et même les collabeurs.

Paradoxalement, il est à constater que ceux qui ont alimenté pendant des années ce fond de commerce, vont profiter de la vague islamophobe actuelle pour tenter de se racheter une virginité démocratique et droit de « l’hommiste ».

Sans remonter aux prémisses de cette islamophobie hexagonale aux racines historiques multiples, de la période coloniale à la révolution iranienne de 1979, en passant par l’islamisation par Pierre Mauroy, alors Premier ministre, de la lutte sociale des travailleurs immigrés dans le secteur de l’automobile, en les traitant « d’agitateurs Khomeynistes » pour finir par le fameux débat sur l’identité nationale impulsé en fait lors de la dernière campagne présidentielle au cours de laquelle Nicolas Sarkozy avait entrepris de siphonner les voix du FN.

Sarkozy décomplexait ainsi certains politiques à l’instar de Ségolène Royal qui lui emboîta le pas sur la question de l’identité nationale réduite au drapeau et à la Marseillaise. Au cours de ces mêmes élections présidentielles, la candidate PS s’est également livrée à un amalgame entre filles voilées et femmes violées et excisées.

La campagne pour les élections régionales a également été l’occasion de perpétuer la stigmatisation des musulmans entreprise lors des présidentielles en particulier avec le fameux débat sur la « Burqa » puis celui sur l’identité nationale.

Nous avons alors assisté à un déferlement de propos aux relents racistes et islamophobes émanant de certains politiques et relayés par des intellectuels en passant par les groupes identitaires. Sans omettre les nombreuses profanations de mosquées avec une périodicité qui ne manque pas d’interroger.

Des paroles, mais aussi les affiches du Front national qui continuent à tapisser nos murs en dépit d’une condamnation de justice, ne font renforcer dans le subconscient collectif l’idée de la dangerosité de ces musulmans pour la France envahie par les minarets et le drapeau algérien, très évocatrice dans notre histoire commune.

Après cette campagne électorale et les résultats tristement historiques pour tous les défenseurs d’une véritable fraternité et solidarité entre tous les hommes (le FN a dépassé les 22% au Nord et au Sud du pays et les taux d’abstention dans les quartiers populaires ont battu tous les records), il est a craindre que se dessinent d’autres campagnes islamophobes et racistes annoncées plus ou moins explicitement par un certain nombre de ténors de la droite dont certains ont affirmé que le redressement de la France passait par le vote de la loi contre la « Burqa », et d’autres par le fait qu’il fallait revenir aux fondamentaux incarnés par les thématiques sécuritaire et celles de l’identité nationale.

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Cette analyse politicienne vise à expliquer la progression du FN aux élections régionales par l’importance accordée par une partie de l’électorat aux thèmes traditionnels de l’extrême droite que sont la sécurité et l’immigration, sous-entendu les musulmans. Un programme exaltant en perspective face à un chômage galopant, une crise persistante et un avenir incertain !

La droite qui se refuse donc à tirer les enseignements d’un débat sur l’identité nationale semble disposer à se lancer dans une nouvelle surenchère identitaire et sécuritaire dont les citoyens français de confession musulmane risque à nouveau d’être la cible.

La gauche quant à elle s’est contentée lors de ces débats nauséabonds de préciser que le moment était mal choisi en dénonçant une manœuvre politicienne et électoraliste, laissant ainsi supposer que ces débats auraient pu voir une certaine légitimité s’ils avaient eu lieu à une autre période.

Une partie de cette même gauche s’est livrée à une critique virulente du choix du NPA du Vaucluse de présenter une candidate voilée pour les élections régionales, sans omettre l’affaire du Quick Halal qui a vu le maire PS de Roubaix feindre de s’offusquer de ces burgers indigestes.

Ces élections régionales ont vu également le respect du « quota » des candidats issus de la diversité (nous avons même eu doit aux musulmans bien pratiquants) en vue de draguer les banlieues habitées forcément par des noirs et arabo-musulmans, sans présenter la moindre solution aux problèmes endémiques que vivent ces populations dans ces quartiers populaires et banlieues depuis plus de 30 ans, et dans lesquels la gauche a autant de responsabilité que la droite.

D’ailleurs nombre de députés de gauche ont contribué, au sein de la commission « Burqa » initiée par un député communiste, à jouer de l’islamalgame, ce qui a permis à certains d’entre eux d’obtenir une notoriété inespérée.

Pour conclure ce panorama, citons une initiative faussement islamophile de certaines personnalités (Bernard Henri Lévy, Elisabeth Badinter, Sifaoui, Taguieff, etc…) qui ont eu l’outrecuidance de signer une pétition contre les affiches du Front National, alors qu’à longueur d’années, ces personnalités se distinguent par des propos islamophobes.

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