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Washington : les musulmans se mobilisent pour un restaurant halal très prisé, où les sans-abri sont les bienvenus

A Washington, à quelques encablures du saint des saints du pouvoir américain, là où l’irascible Donald Trump vit retranché, s’avouant difficilement vaincu dans les urnes, un restaurant halal a pignon sur rue depuis plus de cinq ans.

Il n’y a que quelques pâtés de maisons qui séparent le très prisé Sakina Halal Grill du prestigieux Bureau ovale, auquel s’accroche désespérément le 45ème président des Etats-Unis, mais le drame humain et économique qui s’y noue est plus affligeant que ne l’est la farce tragi-comique de l’élection présidentielle US…

Loin de la sinistre Commedia dell’arte des hautes sphères, l’Americano-pakistanais Kazi Mannan, l’heureux propriétaire jusqu’alors de l’un des meilleurs Kebab de la capitale, fréquenté par une clientèle huppée mais pas seulement, ne porte aucun masque, ne joue aucun rôle, ne cherche à abuser personne.

La grande tristesse qui se lisait sur son visage, début octobre, est celle d’un homme et commerçant désemparé, qui a dû se résoudre, la mort dans l’âme, à baisser le rideau face aux ravages du coronavirus, d’un restaurateur musulman au grand cœur qui se tourmentait pour les centaines de sans-abri à qui il offrait quotidiennement, hiver comme été, des repas chauds et consistants.

Derrière les portes closes de son établissement, où se sont côtoyés pendant des années des riches et des pauvres, des hommes d’affaires et des damnés de la terre, Kazi Mannan, le grand artisan de cette mixité chaleureuse et respectueuse, confiait alors son désarroi à la presse locale.

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« Lorsque j’ai ouvert mon restaurant, je me suis engagé devant Dieu à servir tout le monde, y compris les êtres les plus démunis et sans ressources », a-t-il expliqué en soupirant tristement, avant d’ajouter, empli de dévotion : « Si vous voulez adorer Dieu, vous devez faire preuve de bonté envers sa création. Il nous a créés pour que nous nous traitions les uns les autres avec gentillesse et amour… l’adoration ne consiste pas seulement à vous isoler dans le temple, la mosquée, l’église. L’adoration se mesure aussi à toutes les bonnes actions que vous accomplissez dans votre vie ».

Peu de temps après cette interview, ce fils pétri de gratitude qui ne cesse de remercier sa mère pour lui avoir avoir inculqué de belles valeurs, évoquant avec tendresse son enfance au Pakistan et la manière dont elle adorait Dieu, en distribuant gratuitement de la nourriture à ses voisins nécessiteux, apprenait une merveilleuse nouvelle : la collecte de fonds, lancée sur GofundMe comme une bouteille à la mer, dépassait toutes ses espérances. En moins d’une semaine, il avait en effet récolté près de 250 000 euros.

« Chers famille et amis, soyez chaleureusement remerciés pour nous avoir évité de sombrer dans le marasme. Nous apprécions chaque partage, chaque don, chaque prière. Que Dieu vous bénisse, Washington DC, notre mission et notre promesse faite auprès du Très-Haut », pouvait-on lire sous sa plume émue, le 16 novembre dernier.

A proximité de la Maison Blanche que Donald Trump se refuse à quitter, bien que Joe Biden soit déjà aux marches du palais, le Sakina Halal Grill n’est pas encore prêt à mettre la clé sous la porte. Et ce, pour le plus grand bonheur de sa clientèle hétéroclite, notamment des plus de 16 000 sans-abri qui, tout au long de l’année, y sont accueillis à bras ouverts.

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