Galvaudé à dessein, détourné de son sens profond pour ne résonner que d’un cri de guerre contre l’Occident, le terme « Jihad » évoque désormais le pire dans l’inconscient collectif, suscitant effroi et indignation.
Le réhabiliter auprès des américains non-musulmans en lui redonnant sa vraie signification originelle, tout en favorisant sa réappropriation par les musulmans eux-mêmes, tel est le nouveau défi que l’influente association des relations américano-islamiques (CAIR) a décidé de relever pour endiguer le torrent de haine qui inonde l’Amérique à grand renfort de campagnes islamophobes ravageuses, notamment dans le métro New Yorkais.
Une action de communication salutaire qui arrive à point nommé, après qu’un récent rapport publié par le CAIR et l'Université de Californie ait tiré la sonnette d'alarme sur la recrudescence de l’islamophobie aux Etats-Unis.
Sous le slogan audacieux et significatif « My Jihad », le CAIR de Chicago a créé l’événement, le 14 décembre, en lançant une ambitieuse campagne d’affichage visant à revaloriser le Jihad du cœur, symbole d’une lutte humaine tournée vers l'excellence sur le chemin de Dieu, à mille lieues du bellicisme qui lui est accolé.
Le Jihad, ce concept islamique vertueux qui exhorte les musulmans à se transcender, à s’améliorer ainsi que le monde environnant, a trouvé sa déclinaison dans un concept de communication original, pédagogique, intelligent et que les responsables du CAIR espèrent suffisamment intelligible pour briser les plus noires perceptions.
"La campagne « My Jihad », qui sera bientôt visible à New York, Washington DC, San Francisco, Houston et Seattle, aspire à redonner ses lettres de noblesse à un vocable qui a été récupéré et dévoyé à la fois par les extrémistes musulmans et les islamophobes, qui ont en commun d'avoir conféré la même connotation guerrière au terme", a déclaré Rehab Ahmed, directeur général du bureau du CAIR de Chicago, dans un communiqué.
Nombre de bénévoles qui ont travaillé d’arrache-pied à l’élaboration de cette campagne sont des militants et des étudiants musulmans, auxquels s’est joint un groupe très actif de mères de famille, particulièrement angoissées à la perspective de voir leurs enfants grandir dans un environnement pollué par la désinformation permanente, quand il n’exacerbe pas la haine anti-musulmans.
Outre l’habillage des bus et des trains, la campagne se prolonge sur le Net et dans les réseaux sociaux, dotée d'une indispensable vitrine électronique officielle : "Nous souhaitons favoriser une compréhension éclairée de l’islam, de ses principes, de ses pratiques, dans les médias, la sphère de l’éducation mais aussi en touchant directement le grand public", a précisé Rehab Ahmed qui mise beaucoup sur l'impact positif de la bonne parole prêchée par "My Jihad".
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