Sa renommée internationale d’acteur phare du Bollywood est un passeport de piètre importance face aux délits de faciès et de patronyme qui sévissent dans les aéroports américains, bloquant sur le tarmac ceux dont le physique un peu trop typé et la consonance du nom un peu trop musulmane rendent nerveux les services de l’immigration, c'est l'amère expérience du tout-sécuritaire que vient de faire une nouvelle fois Irrfan Khan.
Célèbre en Inde mais aussi dans la capitale mondiale du septième art, ce dernier a réalisé qu’il était difficile de croire en sa bonne étoile de star du cinéma, lorsque les forces de sécurité des Etats-Unis, toujours sur les dents, voient des terroristes en puissance derrière chaque musulman.
"C'était très humiliant d’être interpellé comme un criminel. Ils n’ont même pas daigné m’expliquer les raisons de mon arrestation", a déclaré le comédien, dépité et fatigué, dont les rôles dans le film oscarisé Slumdog Millionaire, Life of Pi et Spider-Man n’ont pas pesé lourd dans la balance.
Depuis 2008, Irrfan Khan n’a pas été épargné par ces excès de zèle à l’américaine, mais il ne s’habitue toujours pas au mépris et à la brutalité qui animent les agents chargés d’assurer la sécurité du territoire. Et comment pourrait-il se résoudre à endurer de telles vexations, alors qu’il a été de nouveau dans leur collimateur sans ménagement et sans aucun motif légal, après avoir été détenu deux fois à l’aéroport de Los Angeles en 2008 et une fois à l’aéroport de New York en 2009 ?
"Une fois, j'ai dit au personnel de l'immigration, pourquoi délivrez-vous des visas, si vous ne voulez pas nous faire entrer, et l'homme, face à moi, fronça les sourcils en me lançant : Vous me menacez?", avait relaté Irrfan Khan au cours d’une émission de télévision.
Savoir qu’il n’est pas la seule célébrité indienne à avoir été humiliée de la sorte, à l’instar de son compatriote Shah Rukh Khan, une super star du Bollywood et véritable héros national en Inde, retenu et interrogé pendant deux heures, en 2009, par les agents de l'immigration à l'aéroport de Newark, alors qu’il se trouvait aux Etats-Unis pour y célébrer le 62e anniversaire de l'Indépendance de l'Inde, est une bien maigre consolation. Dernièrement, le réalisateur palestinien Emad Burnat, en lice pour les oscars du meilleur documentaire avec son film "Cinq caméras brisées", avait été interpellé et soumis à un interrogatoire plutôt rude à l'aéroport de Los Angeles.
Actuellement en plein tournage, Irrfan Khan ne supporte plus ces dérives américaines qui bafouent les droits les plus élémentaires des musulmans au nom de la lutte contre le terrorisme, et l'a fait savoir, résolu à ne plus les subir : "les policiers, armés jusqu’aux dents, vous conduisent dans une pièce, vous demandent de vous asseoir, et vous laissent croupir là pendant des heures, en vous interdisant de parler à quiconque et de téléphoner. Alors, maintenant, c’est très clair, si je suis de nouveau arrêté à un aéroport américain sans aucun motif, juste à cause de mes origines, je repartirai immédiatement en Inde", a-t-il annoncé à la presse.
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