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Un Cheikh saoudien dans la tourmente après que sa femme ait montré son visage dans une émission de télévision

Certains tourbillons médiatiques peuvent avoir la puissance d’un tsunami de critiques, à la manière de celui qui déferle actuellement sur un religieux saoudien, Cheikh Ahmed al-Ghamedi, emporté par l’opprobre générale après son intervention télévisuelle aux côtés de son épouse, apparue le visage découvert.

Fidèle à ses idées progressistes dans un royaume arc-bouté sur son ultra-conservatisme, ce Cheikh téméraire, qui défie la tradition, stricte et immuable, imposant aux femmes de ne jamais montrer leur minois en public, a commis un véritable crime de lèse-majesté en autorisant sa femme, Jawaher bent Ali, à ne pas se voiler la face dans le cadre d’une émission diffusée, le week-end dernier, sur la chaîne MBC, basée à Dubaï mais financée pas des capitaux saoudiens… C’est bien là que le bât blesse !

Des mécènes saoudiens extrêmement courroucés, qui n’en ont pas cru leurs yeux ni leurs oreilles lorsque le générique de l’émission a mis en pleine lumière un couple affranchi de toutes les règles, dont le mari, ancien responsable de la police religieuse à La Mecque, a  proclamé que "Le prophète n'a pas ordonné aux femmes de se couvrir le visage (…). Il leur est (aussi) permis de se maquiller", tandis que sa moitié s’invitait dans les foyers, certes revêtue de l’abaya, mais sans rien dissimuler de son visage légèrement maquillé, évoquant les problèmes rencontrés par leurs enfants à l’école en raison des controverses provoquées par les fatwas émises par leur père. "Nos enfants se plaignent que certains enseignants leur demandent pourquoi leur père dit ceci ou cela", a-t-elle déploré sans mots couverts… De quoi susciter l’ire royale et créer des remous dans les allées du pouvoir !

Englouti par un raz-de-marée de remarques acerbes, désobligeantes, voire ordurières sur les réseaux sociaux, à l’image de ce commentaire trivial, accompagné de la photo de son épouse, qui en dit long sur le sexisme ambiant, "Content maintenant? Chaque téléphone mobile porte la photo de votre femme. Cocu que vous êtes!", Cheikh Ahmed al-Ghamedi a été également sévèrement tancé par le grand mufti d'Arabie saoudite, Cheikh Abdel Aziz al-Cheikh, lequel l’a sommé de "se repentir", en souhaitant sur le site d’informations Sabq "Qu'Allah guide Ghamedi vers la bonne voie."

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Dans la tourmente, de celles qui balayent tout sur leur passage dont la réputation d’un homme, l’audacieux Cheikh, qui peut toutefois se targuer d’avoir violemment bousculé les mentalités, a heureusement bénéficié du soutien sans faille de ses partisans qui, bien que minoritaires, ont redoublé d'énergie pour répondre coup pour coup sur la Toile, notamment en renvoyant les autorités saoudiennes à leur propre duplicité, manquements et transgressions, l’universel et intemporel « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais » version wahhabite. "Ils l'insultent pour avoir montré le visage de sa femme (…), mais ils se sont tus concernant (le prince) Al-Walid Ben Talal", a persiflé Ahmed Rasan sur Twitter en postant une photo de l'héritier du trône plein aux as en compagnie de sa femme, cette vraie "fashionista" habillée à la mode.

Si, pour l’heure, aucune lettre de cachet n’a ordonné d’embastiller Cheikh Ahmed al-Ghamedi, il n’en a pas été de même pour deux Saoudiennes, Loujain Hathloul, 25 ans, et Mme Alamoudi, une journaliste installée aux Émirats, deux militantes courageuses luttant pour le droit de conduire, cette liberté de mouvement fondamentale que la monarchie saoudienne refuse obstinément à la gent féminine. En effet, leur maintien en détention vient d’être prolongé de 25 jours, à la consternation d’Amnesty International qui s’en est fait l’écho le 9 décembre, dénonçant des emprisonnements obscurantistes qui confinent à l’absurde. 

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