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Un américain musulman accuse le FBI de l’avoir torturé, et porte plainte

C’est une spécificité américaine qui se perpétue à l’ombre des barreaux, dans le secret de l’enfer carcéral, et, bien qu’étant un secret de polichinelle, redoute la lumière du jour et les feux des projecteurs, la détention arbitraire et la torture pratiquées par le FBI et le Département d’Etat sont aujourd’hui publiquement dénoncées par un américain musulman qui affirme en avoir été victime.

D’origine soudanaise, Yonas Fikre s’est installé avec sa famille à Portland, dans l’Oregon, en 2006, où il a travaillé dans une société de téléphonie mobile, avant d’ouvrir un magasin d’informatique et de multimédia dans son pays natal, tandis que son épouse choisissait de rester aux Etats-Unis.

Ses révélations font grand bruit et sa plainte déposée, jeudi, contre le FBI et le Département d’Etat américain auprès du tribunal du District de l’Oregon crée des remous, l’homme dit avoir été détenu à l’isolement pendant plus de trois mois à Abu Dhabi en 2011, après avoir été interpellé sans explication et jeté en prison un bandeau sur les yeux, assurant avoir subi des interrogatoires musclés, tous les jours, pendant de longues heures, assortis de sévices corporels insoutenables.

Mais que reprochait-on à Yonas Fikre pour lui infliger un tel traitement de faveur ? Bien qu’aucune accusation explicite n’ait été formulée à son encontre pour justifier son emprisonnement, ce citoyen américain de confession musulmane était paru un trop récalcitrant aux yeux des autorités de la première puissance mondiale, qui n’auraient guère apprécié qu’il refusât de devenir leur informateur infiltré dans la plus grande mosquée de Portland, Masjid As-Saber, et ont même vu rouge devant son obstination à leur tenir tête.

Corroborant les allégations de Yonas Fikre, deux autres américains musulmans ont enduré le même raffinement de cruauté de la part des agents du FBI et pour les mêmes motifs, à savoir les contraindre par la force à jouer les délateurs en immersion au sein de la mosquée de Portland.

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Il n’y a rien que du beau monde parmi les responsables américains pointés du doigt par Yonas Fikre : le procureur général Eric Holder, le secrétaire d'État John Kerry, les directeurs du FBI, Robert Mueller et Timothy Healy, ainsi que les deux agents basés à Portland, David Noordeloos et Jason Dundas.

Après avoir tenté en vain d’alerter le représentant du Département d’Etat venu le visiter en prison sur le sort inique qui lui était réservé, Yonas Fikre n'a été relaxé que le 4 septembre 2011, au terme d’un calvaire long de 106 jours qui lui parurent une éternité.

Etant frappé d’interdiction de vol et blacklisté, comme tant d’autres, son retour aux Etats-Unis était de fait compromis, et c’est vers la Suède que Yonas Fikre a été autorisé à s’envoler, une terre d’accueil qui fut aussi celle de sa toute première conférence de presse, le 18 avril 2012, au cours de laquelle il put enfin divulguer la réalité lugubre de sa détention.

Aujourd’hui, c’est devant un tribunal américain, dans la localité où le FBI aurait souhaité qu’il endossât la tenue de camouflage d’un espion parmi les fidèles, que Yonas Fikre espère que justice lui sera rendue.

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