La manifestation nationale organisée ce samedi 14 février par le collectif Unitaire “Une école pour tous-tes – Contre les lois d’exclusion a été sans conteste un véritable succès en termes d’affluence. Plus de 10 000 personnes se sont ainsi déplacées à Paris, 8000 à Lyon, 3000 à Marseille, 2500 à Grenoble, 1000 à Nice, Montpellier etc…
Ces différents rassemblements ont néanmoins occasionné deux victimes collatérales. La première étant le CFCM, qui a fait la démonstration de son incurie. Englué dans des luttes de pouvoir intestines, le CFCM dont le crédit était déjà sérieusement entamé, apparaît plus que jamais comme un ensemble hétéroclite servant au mieux les intérêts d’officines étrangères et les ambitions présidentielles de Nicolas Sarkozy.
La seconde victime est l’UOIF qui voit ses prétentions hégémoniques sérieusement contestées. L’UOIF a été jusqu’à torpiller la manifestation de Lille en appelant ouvertement les fidèles à ne pas manifester à travers le réseau de mosquées qu’elle contrôle. Le travail de sape de l’UOIF s’est également poursuivi dans plusieurs villes, comme à Bordeaux, où ses sympathisants se sont retirés au dernier moment. Durant les jours qui ont précédé cette manifestation, l’UOIF n’a cessé de multiplier les pressions sur les associations musulmanes qui appelaient à manifester.
Cette politique de « sabotage » de l’UOIF n’est guère surprenante. Totalement absente du débat autour du voile, cette association a mené depuis le début la politique du grand écart, se contentant d’envoyer des communiqués ambigus, voire complètement incompréhensibles, reflet en tout cas d’un profond embarras. Pressée par sa base d’agir, l’UOIF qui s’est toujours voulu revendicative, était surtout préoccupée par donner des gages de modération au ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, condition indispensable à sa reconnaissance par les pouvoirs publics.
Mais l’UOIF risque de nourrir d’autres inquiétudes. Ces différentes manifestations ont consacré l’émergence de citoyens français de confession musulmane qui refusent toute allégeance. Cette génération assume sans complexe un engagement social et politique en partenariat avec des associations non musulmanes.
Forts du succès de cette mobilisation, le combat ne compte pas cependant s’arrêter là. D’autres échéances sont en effet prévus. Car l’enjeu pour ces nouveaux acteurs sociaux, ne se réduit pas seulement à la question du foulard. Il s’agit comme l’a rappelé Tariq Ramadan « de dire et d’exprimer quelle idée on se fait de la France de demain, quelle conception l’on a de la laïcité, quels projets on veut voir se réaliser quant aux politiques sociales qui doivent permettre de lutter, dans les faits et au quotidien, contre les discriminations à l’emploi, à l’habitat, à l’éducation, de même que contre toutes formes de racisme, d’exclusion et de marginalisation. C’est de cela dont il est question : quelle France voulons-nous au-delà des calculs électoraux de l’ensemble de la classe politique qui a décidé, à la quasi unanimité, de se taire sur les vraies questions… ensemble, à gauche comme à droite, parce que tous ne semblent pas savoir comment gérer la fameuse « fracture sociale ».
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